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Full text of "Les manuscrits du comte d'Ashburnham, rapport au ministre de l'instruction ..."

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2 S S'^^ ^ - ' 



LES MANUSCRITS 

DU COMTE D'ASHBURNHAM 



RAPPORT 

AU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS 

SCIVI 

D OBSERVATIONS SUR LES PLUS ANCIENS MANUSCRITS DU FONDS LIBRl 

ET SUR PLUSIEURS MANUSCRITS DU FONDS BARROIS, 

PAR 

M. LÉOPOLD DELISLE, 

ADMIFflSrnATEUR câlVBBAI., DIRECTEOR DE LA BIBUOTU^QDE fTATIOHALE. 




PARIS. 

IMPRIMERIE NATIONALE. 



M DCCC LXXXIU. 



LES MAINUSCRITS 



DU COMTE D'ASHBURNHAM. 



L 



►!->( VI )•€-! 

la moindre indemnité à payer aux détenteurs, d'autant moins 
excusables qu'ils auraient été prévenus en temps utile. Voilà 
pourquoi, après avoir montré que beaucoup des manuscrits 
Libri et Barroîs ont été volés, j'ai tenu à réimprimer^ un juge- 
ment du tribunal de la Seine, en date du 22 décembre 1875, 
d'où il résulte que la Bibliothèque nationale a valablement fait 
saisir un manuscrit détourné en i8o4, porté depuis en Angle- 
terre, vendu à Londres en 1873 et remis en vente à Paris 

en 1874. 

Les acheteurs des manuscrits Libri et Barrois savent donc 
à quelles conséquences eux et leurs ayants cause sont exposés 
en vertu de la jurisprudence française. 

Pour éviter tout malentendu, il importe aussi de prévenir 
que les indications contenues dans les documents qui vont 
suivre ne sauraient être considérées comme définitives et com- 
plètes. Elle ne sont données qu'a titre d'exemples, et personne 
ne saurait dire maintenant combien d'articles volés renferment 
les collections du comte d'Ashburnham. A cet égard, chaque 
jour nous apporte de nouveaux éléments d'information. En 
veut-on une preuve? 

Pendant que je corrigeais les épreuves de ce fascicule, 
M. Bénet, archiviste du département de Saône-et-Loire, m'a 
communiqué une très intéressante notice qu'il va publier, sous 
les auspices de l'Académie de Mâcon, sur les Manuscrits des Mi- 
nimes de la Guiche, dont les uns sont conservés aux archives 
^e Saône-ct-Loire, les autres à la bibliothèque publique de 
Mâcon. La lecture de cette notice me rappela que dans le fonds 
Barrois, sous les n°' 69 et 344 ^ se trouvent deux ouvrages 
ayant appartenu aux Minimes de la Guiche. Le catalogue ré- 
digé par Holmes décrit ainsi le n° 69 : 

^ Plus loin, p. 134. 



►«•( VII ) 



La Légende des sains qui est ditte Légende dorée, translatée du latin de 
Jacobus de Voragine en français par Jehan de Vignay. 

Manuscrit du xv*' siècle sur vélin. Deux volumes in-folio. igS feuillets au 
premier volume et 269 au second. 

Sur le premier feuillet sont peintes les armes de Jean d'Auxy, chevalier 
de la Toison d'or, échiqueté d'or et de gueules. Sur le même feuillet on lit : 
«Elx bibliotheca Minimorum Guichiensium ». — Reliure moderne en maro- 
quin cramoisi. 

Magnifique manuscrit, avec de très nombreuses peintures. Les peintures 
sont généralement en camaïeu gris dans le premier volume , et en couleurs 
dans le second. 

Voilà donc dans la collection Barrois deux volumes d'une 
Légende dorée, ornés de peintures, qui viennent du couvent 
de la Guiche et qui portent les armes de Jean d'Auxy. 

Or, sur le catalogue que M- Bénet a récemment dressé des 
manuscrits de la bibliothèque de Mâcon figure un troisième 
volume de la Légende dorée, orné de nombreuses peintures, au 
premier feuillet duquel sont peintes les armes de Jean d'Auxy 
(échiqueté d'or et de gueules), avec la note : «Ex bibliotheca 
Minimorum Guichiensium». 

C'est là évidemment le frère des deux volumes compris dans 
le fonds Barrois. Je ne saurais dire à quelle époque la sépara- 
tion s'est faite; mais c'est évidemment à une date assez récente. 
En effet, les trois volumes étaient encore réunis en i834 sur 
les rayons de la bibliothèque de Mâcon. Un catalogue imprimé 
dans cette ville en i834 les mentionne expressément tous les 
trois : 

La Légende dorée. Sur vélin , avec figures et vignettes enluminées. 3 vo- 
lumes in-folio, reliés en veau, filets et tranches dores ^ 

C'est donc postérieurement à l'année i834 qu'une main 

^ Catalogue de la bibliothèifae pubUifue de la ville de Mâcon (Mâcon, i835, în-8*) , p. 4o. 



+••{ VIII )•€-! 

coupable a volé à Mâcon les deux premiers volumes de la Lé- 
gende dorée qui figurent aujourd'hui parmi les plus beaux 
manuscrits à peintures du comte d'Ashburnham. — Que de 
révélations du même genre nous seront faites quand nous se- 
rons mieux renseignés sur Thistoire de nos bibliothèques et 
sur Tétat des collections Libri et Barrois! 

Pour mesurer toute l'étendue des pertes que nos biblio- 
thèques publiques ont faites depuis la Révolution, et pour sa- 
voir exactement quels débris peuvent en être reconnus dans 
les collections Libri et Barrois, il faudrait, d'une part, posséder 
un catalogue exact et détaillé de ces deux collections, avec la 
mention des supercheries imaginées par les voleurs pour dissi- 
muler les véritables origines des manuscrits, et, d'autre part, 
avoir fait l'appel de tous les manuscrits qu'on sait avoir été 
possédés au xviii® siècle dans les établissements dont les dé- 
pouilles ont été ou ont dû être recueillies par nos bibliothèques 
publiques à Paris et dans les départements. Mais, sans attendre 
des renseignements aussi précis, nous pouvons dès mainte- 
nant déclarer, sans la moindre hésitation, que les collections 
vendues clandestinement par Libri et par Barrois en 18^7 et 
en 1849 sont remplies de manuscrits volés et falsifiés, et qu'il 
n'y a aucune sécurité à acquérir les volumes qui font partie de 
ces collections. 

Telle est la conclusion à tirer des documents qu'on va lire 
et dans lesquels se trouve établie la véritable origine de beau- 
coup de manuscrits précieux pour l'histoire, pour l'archéologie 
et pour la littérature de la France. 



LES MANUSCRITS 



DU COMTE D*ASHBURNHAM. 



RAPPORT 



AU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE 
ET DES BEAUX-ARTS. 



'~* T l&T 



Bibliothèque nationale, 28 juin i883. 



Monsieur le Ministre , 



L'intérêt que vous avez témoigné, dans ces derniers temps, à la 
cause de nos bibliothèques et votre ardeur à réparer les désastres 
dont elles ont jadis été victimes, me font un devoir de vous exposer 
en détail les négociations dont les manuscrits du comte d'Ashburnham 
ont été Tobjet depuis quatre mois, et auxquelles j'ai été appelé à 
prendre une part active. Les questions qui ont été agitées sont encore 
loin d'être résolues; mais plus d'un point controversé est désormais à 
l'abri de toute contestation, et nous pouvons espérer qu'un jour ou 
l'autre , il sera fait droit à des réclamations dont le principe est accepté , 
je crois, par tous les administrateurs de bibliothèques publiques. 
L'affaire est assez importante pour que l'historique en soit retracé 
d'après des renseignements authentiques , dont beaucoup n'ont encore 
été employés ni en France, ni en Angleterre. 

Avant tout, il convient d'indiquer en quelques lignes la nature des 
coUections dont il s'agit. 



^( 2 ) 



••♦• 



I 

NATURE ET ORIGINE DES MANUSCRITS D^ASHBURNHAM-PLACB. 

L'une des plus remarquables collections de manuscrits qui aient été 
formées au xix* siècle est celle que le dernier comte d'Ashburnham a 
réunie dans le château d'Ashburnham , et qui lui assure un des premiers 
rangs parmi les bibliophiles contemporains. Elle se compose, en 
chiffres ronds, d'environ 4>ooo articles, repartis en quatre fonds ou 
séries distinctes , savoir : 

Fonds Libri: 1,923 numéros. 
Fonds Barrois : 702 numéros. 
Fonds Stowe : 996 numéros. 

Fonds de manuscrits acquis isolément ou par petits groupes, connu sous la 
dénomination de Appendix : environ 260 numéros. 

Le fonds Libri fut acheté, en 1847, pour une somme de 8,000 1. 
st. ou 200,000 francs; le fonds Barrois, en iS^g, pour une somme 
de 6,000 1. st. ou i5o,ooo francs; le fonds Stowe, la même année, 
pour une somme de 8,000 1. st. ou 200,000 francs. Nous manquons 
de données précises sur la dépense qua entraînée Tachât des 2 5o ma- 
nuscrits de l'Appendice; mais on ne doit pas s'éloigner du chiffre eiact 
en Tévaluant à 8,000 ou 1 0,000 1. st., soit 200,000 ou 3 5o,ooo francs. 
Les collections du comte d'Ashburnham peuvent donc représenter une 
dépense d'environ 82,000 1. st. ou 800,000 francs. La valeur artis- 
tique et littéraire de ces collections justifie bien les sacrifices que le 
noble lord s'était imposés pour en devenir propriétaire. Il suffit, pour 
s'en assurer, de parcourir les catalogues qui ont été publiés : 

Catalogue of the Mss. ai Ashhurnham-Place. Part the Jirst, comprising a Collée- 
tion formed hy prof essor Lihri, London, printed by Charles Hodgson. Sans date. 
In-4^ de 2&0 pages non chiffrées. (Ce catalogue est la reproduction de notes très 
abrégées que Libri avait rédigées, en i845i pour vendre sa collection et dont la 
Bibliothèque nationale possède la minute.) 

Catalogne ofthe Mss. ai Ashbarnham-Place. Part the second, comprising a collée- 



•( 3 ). 

tionformed hy Mr. J, Barrais. London, printed by Charles Francis Hodgson. Sans 
date. In-^^'de 692 pages non chiffrées. (Ce catalogue a été rédigé par J. Holmes.) 

Bibliotheca manuscripta Stowensis. A descriptive catalogue ofthe Mss. in the Stowe 
lihrary, by theRev. Charles O'Connor. Buckingham, 1818 et 181 9. Deux volumes 
in■4^ 

Catalogue ofthe important collection of manuscripts from Stowe, which will he 
sold hy auction hy Mess. S. Leigh, Sothehy and O. On monday 11 th. ofJune 18i9 
and seven following days. In- 4° de xl et 262 pages. 

Catalogue of the Mss. at Ashburnham-Place. Appendix. London, printed by 
Charles Francis Hodgson, 1861. In-4° de 192 pages non chiffrées. (Ce catalogue 
s'arrête au n^ CCIII de TAppendix. Il y a des feuilles supplémentaires; j'ai eu 
entre les mains celles qui contiennent la notice des mss. CCIV — CCXXIV. ) 

A catalogue ofthe Mss. at Ashhumham-Place, i853. London, printed by Charles 
Francis Hodgson. In-folio. (C'est une table alphabétique des mss. contenus dans 
les fonds Libri, Barrois, Stowe et Appendix.) 

The manuscripts of the earl of Ashhurnham. (Résumé des catalogues précé- 
dents, compris dans la série des documents parlementaires; il a pour titre : Eighih 
report ofthe royal commission of historical Mss. Appendix, part IIl. London. . ., 
for Her Majesty's stationery office, 1881. In-folio de 127 pages.) 

II 

DANS QUELLES CONDITIONS LE COMTE D^ASHBURNHAM A-T-IL ACQUIS 

LES FONDS LIBRI ET BARROIS? 

Je m'écarterais du sujet que j'ai à traiter si je pariais des manuscrits 
du fonds Stowe et de l'Appendice. Concentrons notre attention sur les 
fonds Libri etBarrois, les seuls dont il importe ici d'éclaircir l'histoire. 

Un volume suffirait à peine pour expliquer dans quelles circon- 
stances et par quels moyens Libri s'était formé une collection d'environ 
2,000 manuscrits, dont il arrêta le catalogue vers la fin de l'année 
1 845 , et qu'il se décida à vendre au commencement de Tannée 1 846. 
Le projet de vente ne fut communiqué qu'à des amis dont la discrétion 
était éprouvée , et les personnes auxquelles le secret fut confié s'enga- 
gèrent à garder le silence le plus absolu. Libri put leur dire qu'il se 
déterminait à vendre ses manuscrits après les avoir offerts en pur don 

1. 



à la Bibliothèque royale, dont le Conservatoire n avait pas agréé un 
tel acte de munificence. Mais s'il a tenu des propos de ce genre à 
ses amis en i846, c'était uniquement pour se ménager un moyen de 
défense. Jamais Libri n'a offert de donner ses manuscrits à la Biblio- 
dièque royale, jamais il n'a même annoncé publiquement en France 
l'intention de les aliéner. Voici , d'après les pièces originales que j'ai 
sous les yeux , comment les choses se sont passées. 

Panizzi , qui dès lors était en relations d'amitié avec Libri, se chai^ea 
de négocier la vente des manuscrits au Musée britannique. L'affaire fut 
entamée au mois de janvier 18^6; elle était conduite avec un tel 
secret que le nom même du vendeur ne devait pas être révélé au con- 
seil des Trustées. Le nom de Libri ne fut peut-être pas prononcé ; 
mais un rapport qui fut soumis au conseil dans la séance du 2 5 avril 
i8/i6 annonçait que le propriétaire était «un professeur de Paris, 
n}embre de l'Institut , natif de Florence et auteur de ï Histoire des sciences 
mathématiques en Italie ». Une indication aussi transparente pouvait 
bien passer poiu- une divulgation. Aussi Panizzi éprouva-t-il le besoin 
de prévenir et de repousser le reproche d'avoir commis une indiscré- 
tion et manqué à sa parole. Tel est l'objet d'une longue lettre, en date 
du 4 mai , dans laquelle Panizzi reconnaît avoir promis le secret d'une 
façon solennelle et à plusieurs reprises : Una délie principali pià 
tosto la sola importante promessa che voi essigeste da me, e che io vi diedi 
solenne et ripetutamente , fu che qaesto negoziato dovesse restare stritiamente 
fra noi. Les indiscrétions dont s'indignait Panizzi n'arrivèrent pas 
jusqu'à Paris, où les amis intimes de Libri furent seuls au courant 
des négociations entamées avec le Musée britannique. 

Aussitôt que ces négociations eurent été rompues, Libri adressa à 
l'Université de Turin des propositions qui n'eurent aucun succès. 

L'intervention d'un fonctionnaire du Musée britannique devait le 
dédommager de ce double échec. 

Le conservateur-adjoint des manascrits, John Holmes, était parti- 
culièrement lié avec le comte d'Ashburnham , chez lequel venait de se 
révéler un amour passionné pour les livres rares et surtout pour les 



manuscrits. U conçut le projet de lui faire acheter la collection cie 
Lihri, que le Musée britannique avait vainement essayé d'acquérir. 
Lord Ashburnham se fit aussitôt mettre en rapport avec Libri; il 
commençait par garantir le secret le plus absolu. C'est M. Holmes 
qui nous l'apprend dans une lettre du 2ii novembre 18A6, où il s'ex- 
prime ainsi en parlant de son ami: «For bis honor and secrecy, I 
would answer as for my own. He bas empowered me to mention to 
you bis name in confidence, trusting tbat, in tbe event of no resuit 
arising from tbe négociation, bis name woidd not transpire, nor your 
own. He is tbe earl of Asbburnham. » La démarcbe de Holmes avait 
un caractère si confidentiel que Panizzi lui-même n'en était pas 
instruit : « AU tbis is secret, even from our friend Panizzi. » 

U suffit à lord Asbburnbam de parcourir le catalogue des manu- 
scrits de Libri pour concevoir le projet de les acquérir. Toutefois, 
avant de rien conclure, il voxdut avoir l'avis d'un libraire, Rodd, cjui 
jouissait de toute sa confiance. Dans les premiers jours de mars 18/17, 
Rodd fut donc cbargé d'aller à Paris voir la collection et d'en rapporter 
quelques volumes propres à en faire apprécier l'importance. 11 empor- 
tait une somme de 2,5oo 1. st. (Ô2,5oo francs), qu'il devait laisser 
entre les mains de Libri , si celui-ci consentait à lui confier un choix 
de ses manuscrits. C'est ainsi que le Pentateuque orné de peintures et 
le Livre d'heures de Laurent de Médicis fiu'ent apportés en Angle- 
terre. Du moment où lord Asbburnham les eut vus dans son château, 
le 17 mars, il n'eut plus d'hésitations. U annonça à Libri que Rodd 
allait repartir, muni de pleins pouvoirs pour traiter, et comme il savait 
que le vendeur tenait à s'entourer d'un profond mystère, il s'engageait 
sur l'honneur à ne révéler à personne ce qui allait se passer entre 
eux : « Permit me, before I procède further, to assure you tbat I con- 
sider every communication from you as strictly confidential , and tbat 
1 am bound in bonour not to make tbe sligbtest mention of any thing 
tbat bas passed between us to any person whatsoevcr without your 
permission. » 

J'ignore ce qui se passa dans la seconde entrevue de Rodd avec 



M»( 6 )•#< 

Libri. Ce qui est certain, c'est que la collection fut cédée pour une 
somme de 8,000 1. st. (200,000 francs) et que les manuscrits, soi- 
gneusement emballés dans seize caisses, arrivèrent à Ashburnham- 
Place, le 2 3 avril 18^7. 

Il importait de donner ces détails pour bien établir que la vente 
des manuscrits de Libri a été un acte clandestin. 

On est moins bien renseigné sur la façon dont Barrois trafiqua de sa 
collection de manuscrits en 1849- Le marché était conclu quand on 
en parla à Paris, et personne en France, sinon les agents de Barrois, 
n'avait de notions exactes ni sur le nombre, ni sur la nature de la 
seconde collection de manuscrits que le comte d'Ashburnham tirait de 
la France. Pour s'en convaincre, il suffît de lire les notices qui pa- 
rurent après la mort de Barrois, arrivée le 2 1 juillet 1 855. La première 
révélation qui fut faite à ce sujet se réduisait à des notes informes que 
le docteur Haenel consigna en 1862 dans Intelligenz Blatt zum 
Serapeam [n^ 1 8-2 1). 

III 

LES COMTES D'ASHBURNHAM ONT-ILS CONNU L'ORIGINE SUSPECTE D'UNE PARTIE 

DES FONDS LIBRI ET BARROIS? 

Malgré les précautions que Libri et Barrois prenaient pour se dé- 
faire clandestinement de leurs manuscrits, je suis certain que le comte 
d'Ashburnham, quand il traitait avec eux, ne soupçonnait pas qu'il 
était en présence de voleurs ou de receleurs. Ce qui met sa bonne foi 
à l'abri de toute atteinte , c'est le soin qu'il prit de faire imprimer les 
catalogues de ses collections ; c'est la libéralité avec laquelle il fit des 
communications à plusieurs de nos compatriotes, et notamment à 
M. Paul Meyer. Il n'en faut pas moins reconnaître que, de très bonne 
heure , il sut parfaitement quelle était la véritable origine d'une partie 
des manuscrits que Libri et Barrois lui avaient vendus. Il était trop 
perspicace pour ne pas saisir la portée et la valeur des accusations qui , 
dix mois à peine après l'arrivée des manuscrits de Libri à Ashburnham- 
Place, s'élevaient en France contre le fonctionnaire qui avait abusé de 



■■ t» ( 7 )h^ — 

son crédit et de sa position pour pilier les plus riclies dépôts de Paris 
et des départements. Il n'eut pas même besoin de lire les nombreux 
écrits qui furent alors publiés et répandus à profusion dans tous les 
pays de l'Europe. Il avait par devers lui les preuves les plus décisives 
de la culpabilité de Libri. 

Personne n'ignore aujourd'hui que ce malfaiteur avait cru dissimuler 
la trace de ses vols en donnant une apparence italienne aux manuscrits 
qu'il avait soustraits dans les bibliothèques françaises. Mais c'est au 
comte d'Ashburnham que revient le mérite d'avoir le premier soup- 
çonné la fraude. Il Ta déclaré très expressément dans une lettre qu'il 
me fit riionneur de m'écrire le 1 6 juin 1 869 , à la suite d'observations 
que j'avais pris la liberté de lui soumettre. Voici dans quels termes il 
parlait de Libri : « Other mss. from bis collection contain what I hâve 
long suspected and what y ou state to be fraudulent attempts to conceal 
the true unde derivantar of property that bas been lost or stolen. » 
Après avoir lu une telle déclaration, ce serait faire outrage au comte 
d'Ashburnham que de prétendre qu'il a ignoré à quelles sources Libri 
avait puisé pour se procurer les manuscrits les plus anciens de sa col- 
lection. 

La vérité s'est faite avec non moins d'éclat sur l'origine d'une 
partie des manuscrits Barrois. Au mois de mars 1866, trois mois 
après l'arrivée en France du premier exemplaire du catalogue de ces 
manuscrits, la Bibliothèque de l Ecole des chartes^ pubhait un long mé- 
moire intitulé : Observations sur Yorigine de plusieurs manuscrits de la 
collection de M. Barrois. A l'aide de rapprochements d'une rigueur 
mathématique, il y était établi qu'une soixantaine de ces manuscrits 
provenaient de vols commis à la Bibliothèque nationale entre les 
années 1 8^0 et 1 848 , et le comte d'Ashburnham était le premier à 
reconnaître , et dans sa conversation , et dans sa correspondance , que 
telle était bien l'origine dés manuscrits qui venaient d'être examinés 
dans ia Bibliothèque de l'Ecole des chartes. 

' 6* série, t. Il, p. 193-264* — Les observations sur les manuscrits du fonds Barrois 
sont reproduites , avec queloues additions , à la suite du présent rapport. 



— ►•-»•( 8 )»t i -- 

Ainsi, l'ancien comte d'Ashburnham a parfaitement su qu'il y avait 
une notable quantité de manuscrits volés dans le fonds Libri et dans 
le fonds Barrois. La respectueuse admiration dont le jeune comte 
d'Ashburnham entoure la mémoire de son père ne lui permet pas 
d'avoir un autre avis sur ces délicates questions. Il a d'ailleurs montré 
qu'il était parfaitement en état de discuter lui-même des problèmes 
d'érudition bibliographique. B nous en a donné la preuve, en 1880, 
dans une circonstance qui lui fait trop d'honnetir pour que je ne la 
rappelle pas ici. 

A la suite d'un article que j'avais publié dans la Bibliothèque de VE- 
cole des chartes, potir établir que le ms. 7 du fonds Libri se compo- 
sait de cahiers arrachés dans le Pentateuque qui avait jadis formé le 
ms. 329 de Lyon, lord Ashbumham avait combattu mes conclusions 
dans une lettre où il soutenait ces deux points : 1 ^ que Libri aurait eu 
intérêt à prendre non pas un morceau du Pentateuque, mais le Pen- 
tateuque tout entier; 2** qu'on ne pouvait pas déterminer à quelle 
époque les feuillets du Pentateuque avaient été détachés du manuscrit 
de Lyon. «Tels sont, disait-il en terminant, quelques-uns des argu- 
ments que je pourrais faire valoir poiu* justifier ma détention de ce 
manuscrit , et dont la justesse serait admise , j'ose le croire , par les tri- 
bunaux de tous les pays. » Le jour même où je recevais les observa- 
tions de mon honoralDle contradicteur, le 20 avril 1880, je lui offrais 
de soumettre la question à des arbitres dont personne ne pouvait ré- 
cuser la compétence : MM. Bond et Thompson , du Musée britannique , 
M. Coxe, de la Bodléienne, et M. Bradshaw, de Cambridge. Le len- 
demain, lord Ashburnham m'écrivait : « Je ne chercherai jamais à me 
dérober aux conséquences de mes propres paroles, et je vous promets 
que, le jour où vous m'aurez fait constater, dans un ouvrage publié en 
1887, ^^ mention de l'existence à la bibliothèque de Lyon des frag- 
ments du Pentateuque achetés par mon père à Libri en 1847, vous 
n'aurez pas besoin de l'arbitrage que vous me proposez pour obtenir 
l'aveu, je ne dirai pas de ma défaite , puisqu'il ne s'agit, après tout, que 
d'une discussion à Tamiable , mais de ma conversion à vos idées. » 



— «.( 9 y 

Comme réponse à une aussi courtoise communication, j'envoyai la 
copie textuelle de ce que le docteur Fleck avait dit du Pentateuque 
vu par lui à Lyon en 1837. Aussitôt après , le 2 7 avril , lord x\shbum- 
ham m'annonçait que la preuve était faite, et il remettait aussitôt 
entre les mains de M. Léon Say, alors ambassadeur de France à Lon- 
dres, les fragments du précieux Pentateuque, que la loi anglaise l'au- 
torisait à conserver, mais dont il tenait à faire présent à la France. 

Un tel acte ne montre-t-il pas mieux que tout raisonnement que le 
jeune comte d'Ashburnham sait, comme son père, que les origines du 
fonds Libri et du fonds Barrois sont très suspectes et que nous ne 
sommes pas embarrassés pour prouver que tel ou tel article de ces 
collections provient de vols commis à une époque assef rapprochée 
de nous? 

IV 

PROJETS DE VENTE DES COLLECTIONS D»ASHBURNHAM-PLACE EN 1 88q ET l883. 

EFFORTS POUR RENTRER EN POSSESSION DES MANUSCRITS D^ROBlis AUX Dl^PÔTS 
FRANÇAIS. 

9 

Signaler sui la terre étrangère des manuscrits précieux pour notre 
histoire et pour notre littérature , que des mains infidèles ont sous- 
traits à nos bibliothèques, c'est faire toucher du doigt la nécessité de 
les rapatrier, même au prix de sacrifices relativement considérables. 
L'idée de récupérer ceux de nos manuscrits volés qui ont fait la répu- 
tation des fonds Libri et Barrois s'est produite il y a déjà longtemps. 
On ne pouvait pas songer à la régiiser du vivant de l'ancien comte 
d'Ashburnham , qui tenait à ses manuscrits comme à une partie de 
lui-même. 

A sa mort, arrivée le 22 juin 1878, les collections d'Ashburnham- 
Place échiu-ent à son fils, qui n'avait aucun motif particulier de vou- 
loir les conserver dans leur intégrité. Au commencement de Tannée 
1880, il fit connaître son intention de vendre les manuscrits de son 
père, s'il en trouvait un prix satisfaisant. Vous voulûtes bien alors» 
Monsieiu* ie Ministre , m'autoriser à m'entendre avec l'administration 



— «.( 10 ). 

(lu Musée britannique sur la marche à suivre pour assurer à l'Angle- 
terre et à la France la possession des monuments qui les intéressaient 
le|)lus directement, et pour prévenir la dispersion de collections dont 
les destinées préoccupent tous les savants de l'Europe. Les conditions 
d'un partage équitable ne furent pas difficiles à trouver : les volumes 
du fonds Stowe et de l'Appendice seraient restés à l' An^eterre , et les 
fonds Libri et Barrois seraient rentrés en France. 

Le projet échoua, parce que nos offres, comme celles du Musée 
britannique, furent jugées insuffisantes. J'avais trouvé équitable de 
proposer en bloc le double des sommes payées en 18^7 et en 18^9 
à Libri et à Barrois, soit 700,000 francs, sans faire aucune réserve 
au sujet des^nanuscrits d'origine suspecte. En repoussant ma propo- 
sition, lord Ashburnham me fit observer «que je n'avais pas calculé 
les intérêts accumulés, depuis 18^7 et 18^9, de l'argent employé par 
son père à l'acquisition des collections Libri et Barrois ». Le reproche 
était peut-être fondé, mais j'avais pensé qu'im lord anglais pouvait 
faire entrer en ligne de compte l'honneur de voir son nom à jamais 
illustré par le souvenir de la collection que son père avait formée et 
d'où il avait tiré les éléments de publications justement estimées. Quoi 
qu'il en soit, l'affaire ne fut pas poussée plus loin. J'étais bien certain 
qu'on y reviendrait un jour ou Tautre , et je ne m'étonnai guère , au 
mois de février dernier, quand je fus courtoisement averti par l'admi- 
nistration du Musée britannique que le comte d' Ashburnham offrait 
aux Trustées de céder l'ensemble de ses collections pour une somme 
de 160,000 I. st., c'est-à-dire 4 millions de francs ^ 

Immédiatement ( 1 5 février 1 883), j'écrivis au conseil des Trustées 
pour lui remontrer que le fonds Libri et le fonds Barrois contenaient 
beaucoup de manuscrits volés dans nos dépôts pul)lics et indignement 
falsifiés. Je le suppliais de prendre en considération notre très vif et 

Au moment même où la proposition Dcieusement connaître quil avait reçu d*un 

élaît officiellement soumise au conseil des agent américain des offres pour traiter de 

Trustées, le comte d* Asliburnham , par Tacquisition en bloc de ses collections de 

une lettre en date du 1 1 février, faisait of- livres imprimés et de manuscrits. 



i 11 ). 

très légitime désir de rentrer en possession de monuments précieux 
pour notre histoire et pour notre littérature, qui, après nous avoir été 
frauduleusement dérobés, avaient été clandestinement vendus en An- 
gleterre, et au sujet desquels d'énergiques protestations avaient été 
élevées sans interruption depuis le moment de la vente. Je le conjurais 
de ne pas associer la nation anglaise aux plus honteux actes de vanda- 
lisme, en incorporant dans les collections du Musée britannique 
beaucoup de prétendus manuscrits qui, en réalité, sont des cahiers 
arrachés à nos plus vénérables et nos plus anciens manuscrits. 

Pour montrer, par un exemple frappant, qu'il n'y avait rien d'exa- 
géré dans ma réclamation, je pris un à un les quatorze plus ancienjs 
manuscrits du fonds Libri, et dans un mémoire lu le 2 3 février à 
TAcadémie des inscriptions ^ je prouvai que tous ces volumes prove- 
naient de vols commis, vers Tannée 1 8^2 , à Lyon, à Tours, à Troyes 
et à Orléans. 

C'est alors. Monsieur le Ministre, que vous nous vîntes puissamment 
en aide, en instituant, sous la présidence de M. le Sous-Secrétaire d'Etat, 
une commission^ chaînée de vous proposer les mesures les plus effi- 
caces pour rentrer en possession de nos malheureux manuscrits. Cette 
commission, réunie d'urgence, reconnaissait à l'unanimité la conve- 
nance de contribuer à l'acquisition des manuscrits du comte d'Ash- 
hurnham pour une somme proportionneUe à la valeur des articles qui 
seraient restitués aux bibliothèques françaises. 

Muni de vos instructions. Monsieur le Ministre, je me rendis à 



^ Le mémoire lu -à l'Académie a été 
publié dans le Temps du a 5 février et 
réimprimé avec des notes dans les Comptes 
rendus des séances de l'Académie, année 
i883, pages A7-75; il est reproduit plus 
loin. 

* Cette commission était composée de 
MM. Durand , député , sous-secrétaire d*Etat 
au ministère de l'instruction publique et des 
beaux-arts, président; Charton, sénateur, 



membre de T Institut; Waddington, séna- 
teur, membre de Tlnstitut ; Ribot , député ; 
Lockroy, député; Merlin, maire de Douai, 
sénateur; Delisle, administrateur général 
de la Bibliothèque nationale ; Meyer, di- 
recteur de rÉcole des chartes; Lalanne, 
de la bibliothèque de l'Institut; Charmes, 
directeur du Secrétariat, membre de 
droit; Collin, chef du 3* bureau du Secré- 
tariat, secrétaire. 



3. 



i 12 y 

Londres, et avec le concours de M. Paul Meyer, directeur de TEcoIe 
des chartes, et de M. Julien Havet, archiviste paléographe, je dressai 
une liste d'environ 200 volumes du fonds Libri et du fonds Barrois, 
qui, d'après des indices plus ou moins probants, nous avaient paru 
provenir de vols commis dans nos bibliothèques ou dans nos archives. 
Cette Uste fut agréée par M. Bond, administrateur du Musée britan- 
nique, et par M. Thompson, conservateur du département des ma- 
nuscrits. De part et d'autre, il nous parut équitable de fixer à 
600,000 francs la valeur de ces 200 volumes, dans l'hypothèse que 
l'ensemble des manuscrits du comte d'Ashbumham serait payé 4 mil- 
lions. Il aurait été entendu que la France ne réclamerait aucun autre 
article des collections offertes en ce moment au Musée britannique. 

Sur le rapport de la commission que vous aviez chargée d'examiner 
la question, vous n'avez pas hésité. Monsieur le Ministre, à approuver 
le projet de convention que j'avais rapporté d'An^eterre, et, le 
3 1 mars, dans l'éloquent discours par lequel vous avez clos le congrès 
des Sociétés savantes, vous prîtes l'engagement solennel de faire res- 
tituer à la France des documents qui sont l'honneur de nos biblio- 
thèques et qui en font la gloire aux yeux du monde savant. 

De son côté, le conseil des Trustées, dans une séance générale 
tenue le 1 7 mars, avait adopté la combinaison qui nous paraissait con- 
cilier tous les intérêts. Il reconnut la justice de nos réclamations, et, 
sans rechercher si les vols avaient été commis par Libri ou par 
d'autres personnes, il déclara que les manuscrits dont il était question 
n'auraicDt pas dû sortir des bibliothèques de la France et qu'il fallait 
donner aux Français le moyen de les recouvrer. En conséquence, le 
conseil recommandait au Gouvernement l'acquisition de tous les ma- 
nuscrits de lord Ashburnham et prenait l'engagement de nous rétro- 
céder, au prix de 600,000 francs, les volumes ou portefeuilles dont 
la liste avait été arrêtée le i o mars. Ainsi se trouvait justifié « le pubhc 
et cordial hommage » que vous avez rendu « à la droiture, à la loyauté 
de nos voisins d'Angleterre, à l'esprit de justice de leurs savants, aux 
nobles sentiments des Trustées du Musée britannique ». 



'( 13 > 

Tout semblait donc marcher à souhait et nous avions lieu d'espérer 
voir bientôt rentrer en France les précieux manuscrits dont nous avons 
été dépouillés il y a environ quarante ans. Malheureusement l'assen- 
timent du' Gouvernement anglais, sur lequel Topinion publique sem- 
blait devoir compter, fit complètement défaut. La Trésorerie refusa 
d'allouer les fonds nécessaires pour l'achat en bloc des manuscrits de 
lord Ashbumham, et les Trustées furent invités à examiner s'il n'y 
aurait pas moyen d'acquérir isolément les parties qui touchaient plus 
particulièrement l'Angleterre , c'est-à-dire les manuscrits du fonds Stowe 
et de l'Appendice. Après quelques hésitations, lord Ashbumham se 
décida à les céder pour une somme de 100,000 1. st. qu'il réduisit 
bientôt à 90,000 1. st. (2,260,000 francs). Dans leur séance du 
3o avril, les Trustées recommandèrent cette acquisition au Gouverne- 
ment, ôomme éminemment utile pour le Musée britannique. Cette 
fois encore leurs conseils ne furent pas écoutes. La Trésorerie ré- 
pondit qu'on ne pouvait donner que 70,000 1. st. (1 ,760,000 francs) 
pour les manuscrits du fonds Stowe et de l'Appendice. Vainement le 
Musée britannique offrit-il de prendre à sa charge les 20,000 1. st. de la 
difierence, en subissant une réduction de 4>ooo 1. st. ( 1 00,000 francs) 
par an sur son budget ordinaire de cinq exercices financiers. Le Gou- 
vernement persista dans son réfiis de payer plus de 70,000 1. st. le 
fonds Stowe et l'Appendice. Ce refus péremptoire a mis fin aux négo- 
ciations ^ 

A tous égards, un tel échec est vraiment déplorable. Nous aurions 
applaudi, sans aucune arrière-pensée, à l'entrée au Musée britannique 
de deux collections qui auraient singulièrement augmenté l'importance 
de ce bel établissement, et qui, par là, seraient devenues accessibles 
au monde savant tout entier. De plus, nous aurions pu espérer que 
lord Ashbumham, après avoir entamé ses collections dans l'intérêt de 
l'Angleterre, n'aurait pas repoussé les ouvertures qui lui auraient été 

^ Postérieurement à la date du présent nique. Le prix de l'acquisition a été fixé , 
rapport, les manuscrits du fonds Stowe paraît-il, à 45,ooo liv. sterl. c'est-àdire 
ont été acheté» pour lo Musée britan- 1,1 a 5, 000 francs. 



i 14 > 

faites pour ménager à la France le raoyen de rentrer en possession de 
ses manuscrits, ce qui, pour lui, aurait eu l'immense avantage d'at- 
ténuer, sinon d*effacer, le discrédit dans lequel sont tombés les fonds 
I^ibri et Barrois. 



ETAT ACTUEL DE LA QUESTION. SOMMES-NOUS BIEN EN MESURE DE PROUVER QUE 

BEAUCOUP D'ARTICLES DES FONDS LIBRI ET BARROIS PROVIENNENT DE VOLS COMMIS 

DANS LES DÉPÔTS FRANÇAIS X UNE DATE TRÈS RAPPROCHÉE DE NOUS? EXEMPLES 

TIRÉS DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE ET DES BIBLIOTHÈQUES DE LYON , DE TOURS 
ET D'ORLÉANS. EST-IL ÉTABLI QUE LIBRI SOIT LE VOLEUR? 

Vous venez de voir, Monsieur le Ministre, quel fâcheux con- 
cours de circonstances a fait évanouir les espérances que nous avons 
conservées, pendant plusieurs semaines, d'obtenir, au prix de 
600,000 francs, la rétrocession des manuscrits dont la perte est un 
sujet de deuil pour nos principales bibliothèques. La combinaison qui 
semblait devoir amener cet heureux résultat doit être abandonnée , et 
le projet de convention auquel le Musée britannique avait adhéré est 
tombé à l'état de lettre morte. Nos efforts n'ont cependant pas été sté- 
riles. 

Ce n'est pas un mince résultat que d'avoir vu une autorité telle que 
le conseil des Trustées, déclarer que l'on devait ménager aux Français 
le moyen de récupérer les manuscrits indûment sortis de leurs biblio- 
thèques , et la sympathie avec laquelle nos démarches ont été généra- 
lement suivies clans les différents pays de l'Europe, montre que désor- 
mais les hommes éclairés de toutes les nations s'entendent pour flétrir 
le pillage des dépôts publics et pour reconnaître que les trésors d'art 
et de science conservés dans les musées, les bibliothèques et les ar- 
chives forment un domaine inahénable , à l'intégrité duquel le monde 
civilisé tout entier doit s'intéresser. 

Un jour ou l'autre , ces principes trouveront leur application. Mais 
jamais nous n'aurons une occasion plus favorable de les invoquer qu'au 
moment où se posera de nouveau la question de la vente des coUec- 



15). 

tions d'Ashburnham-Place. C'est en vue de cette éventualité que nous 
devons mettre en pleine lumière les arguments à laide desquels nous 
pouvons soutenir nos prétentions. Le plus souvent, ces arguments sont 
d'une telle évidence que le simple bon sens suffit pour en faire appré- 
cier la valeur. 

En ce qui touche les manuscrits du fonds Barrois, je n'ai pas à re- 
venir sur les observations que j'ai développées en 1866 et qui ont 
aujourd'hui l'autorité de chose jugée, puisque, depuis dix-sept ans, 
aucune de mes conclusions n'a été attaquée. 

Pour les manuscrits du fonds Libri , les constatations que les experts , 
MM. Bordier, Bourquelot etLalanne, avaient faites avec tant de clair- 
voyance, en i848 et en iSAg» suffisent, à la rigueur, pour éveiller 
et même poiu- justifier les soupçons dont beaucoup d'articles, et no- 
tamment les recueils de lettres autographes, ont été l'objet dans les 
trente-cinq dernières années. Mais il est possible d'aller plus loin, en vé- 
rifiant minutieusement l'état actuel de nos collections, et en étudiant 
attentivement tous les anciens catalogues, môme ceux du xvii^ ou du 
XVIII* siècle, même ceux qui se présentent à l'état de notes informes. 

C'est ainsi que je suis arrivé à des résultats indiscutables sur un 
assez grand nombre de manuscrits de Lyon, de Tours et d'Orléans. 
Il n'est pas inutile de les indiquer ici, ne fut-ce que pour convaincre 
les plus incrédules que nos réclamations reposent sur des faits de toute 
évidence, et non pas sur de vagues présomptions, comme l'ont sou- 
vent répété d'imprudents défenseurs de Libri, 

MANUSCRITS DE LYON. 

Je n'ai guère eu l'occasion d'étudier à Lyon que des manuscrits en 
lettres onciales. L'examen que j'avais fait, en 1 878 , du fameux Pen- 
tateuque m'avait suggéré l'idée que Libri , ne pouvant pas sans danger 
s'approprier des manuscrits entiers de la bibliothèque de Lyon, s'était 
contenté d'y prendre, dans les volumes les plus précieux, un certain 
nombre de cahiers ou de feuillets qu'il choisissait de façon à pouvoir 
en former de petits volumes ayant, au premier abord, l'apparence de 



■■ ! >>( 16 )••♦• — 

manuscrits complets. Ma conjecture était parfaitement fondée. C'est à 
Faide de prélèvements adroitement opérés sur les mss. 617, 38 1, 
52 1, 35 1 et 372 de Lyon que Libri a composé les 11°' 2 , 3, 4> 5 et 
12 de sa collection, dont voici une indication sommaire: 

N° 2. Opuscules de saint Jérôme, en lettres onciales. Volume de 19 feuillets, 
qui ont été arrachés dans le ms. Siy de Lyon' entre les feuillets actuellement 
cotés 02 et 53. 

N** 3. Fragment de TExposition des psaumes, par saint Hilaire, en lettres on- 
ciales. Volume de ]5 feuillets, qui comblent exactement une lacune signalée 
entre les fol. 117 et 118 du ms. 38 1 de Lyon^. 

N° 4. Traités de saint Augustin, en lettres onciales. Volume de 42 feuillets, 
qui comblent exactement une lacune entre les fol. 33 et 34 du ms. 52 1 de 
Lyon'. (Celte observation est due à M. Caillemer, correspondant de Tlnstitut, 
doyen de la Faculté de droit de Lyon.) 

N° 5. Fragment de Psautier, en lettres onciales, contenant en tout ou en 



^ Voyez une note sur le ms.Siyde Lyon, 
plus loin, à la suite des Observations sur 
les plus anciens manuscrits du fonds Libri. 

* Noticesetextra'isdesmanfiscrits fXXlX, 
n, 364- 

^ Ibid., 369. Pour compléter ce que j'ai 
ditdums. 52 i de Lyon,ilfaut y joindre la 
notice que Zangemeister {Berlcht ûber die 
Durchfonchung der Bibliotheken Englands, 
dans un volume des Sltzungsberichte der 
phiL hist. Classe der Kais. Akademie der 
Wisseiifcliajïen, LXXXIV, 559) a donnée 
du nis. 4 de Libri, en ne perdant pas de 
vue que les 42 feuillets dont se compose le 
ms. 4 de Libri devraient être replacés dans 
le ms. 53 1 de Lyon, entre les feuillets ac- 
tuellement cotés 33 et 34. Voici la notice 
de Zangemei^ter : 

« Volume de 4:) feuillets de parchemin, 
in-quarto, du vi' siècle, en lettres semi- 
onciales. 

a Commencement : -{- Incipit alia ejus- 
dem de symbulo. Tempus est ut symbu«- 



lum. . . — (fol. 4 v') . . . amando justi- 
tiam. Explicit. -j- Incipit de oratione do- 
minica. Quoniam Domino gubernante 
jam estis in regîa constituti. . . — (fol. 8 
v") . . • efficiat : ipsi glorîa in saecula saecu- 
iorum. Amen. Incipit sermo sancti Augus- 
tin! de psalmo LXVII. Audivimus et con- 
tremuimus. .... — (fol. 19 v*) . . . est 
timeamus. Explicit sermo de psalmo 
LXVII. . . — (fol. ao r*). Incipit dé conti- 
nentia et sustinentia. Duo sunt quae ... — 
(fol. a8 r*}. . . inimicum. Explicit. Incipit 
sermo de scriba erudito. Evangelica lec- 
tio. . . — (fol. 3i V*). . , utauferatur ve- 
lamen. Explicit de scriba erudito ... — 
(fol. 3a r*]. Incipit sermo de eo quodChris- 
tus in scribturis tribus modis intellegatur. 
Dominus noster Jhesus Cbristus quan- 
tum. . . — (fol. 43 y**) . . . Yocaiionis Dei in 
Cliristo Jhesu Domino nostro, oui est 
onmishonor etgloriain saecula saeculorum. 
Amen. » 

« Signature^ des cahiers : I sur le fol. a 



"( 17 )- 

partie les psaumes CXI>CXXXIX. Volume de 63 feuillets, arrachés à la fin du 
ms. 35i de Lyon^ 

N® 12. Les deux premiers livres du Commentaire d'Origène sur le Lévi tique , 
en lettres onciales. Volume de i3 feuillets , qui comblent la lacune existant entre 
les feuillets i6i et 162 du ms. 372 de Lyon^. 

MANUSCRITS DE TOURS. 

Le désordre le plus complet régnait à la bibijothèque de Tours 
quand Libri la visita en 1 84a. Le désordre l'enhardit à un tel point 
qu'il ne se contenta pas d y mutiler un certain nombre de manuscrits 
précieux comme il l'avait fait à Lyon. Il y prit des manuscrits entiers 
sans être arrêté ni par la taille , ni par le poids des volumes. 

L'étendue des ravages commis à Tours par Libri a pu être appré- 
ciée depuis que les travaux de M. Dorange ont rétabli Tordre dans le 
dépôt et ont exactement fait connaître ce qui subsiste des anciens ma- 
nuscrits de Saint-Gatien, de Saint-Martin et de Marmoutier. En pre- 
nant pour base d'opération le catalogue de M. Dorange et différentes 
notes ou listes du xvn®, du xvm* et du xix* siècle, j'ai dressé un état 
des manuscrits qui ont disparu en tout ou en partie, et, dans la plu- 
part des cas, j'ai pu déterminer la date approximative de la dispari- 
tion. J'ai comparé l'état ainsi obtenu avec le catalogue des manuscrits 
de Libri , et j'ai fini par acquérir la preuve que vingt-quatre articles du 
fonds Libri provenaient de vols commis à la bibliothèque de Tours. 
Je vais en donner l'énumération , en renvoyant à un mémoire spécial 
qui vient de paraître ^^ et dans lequel chacune de mes identifications 
est justifiée par des rapprochements péremptoires. 

V*; -— II sur le fol. 10 v*; — lïl sur le * Notices et extraits des manuscrits, 

fol. 18 V*; — IllI sur le fol. a6 v* ; — V sur XXIX, n , 872. 

le fol. 3a V* ; — VI sur le fol. 4a v°. ^ Notice sur les manuscrits disparus de la 

I On lit sur le fol. 4a v*, en caractères bibliothèque de Tours pendant la première 

du zvi* ou du XVII* siècle : Est Sancti Joan- moitié du xix* siècle, Paris , Champion , 

nisin Va/fe ( falsification de Libri). t i883. In-A"* àe aoo pages. (Extrait du 

^ Voyez mes Mélanges de- paléographie tome XXXI des Notices et extraits des mu- 
et de bibliographie , f, 11-35. nuscnts.) 

3 



+••( 18 ) 



N'' 1 du fonds Libri. Saint-Hilaire, en lettres onciales. — N"" 23 de Saint- 
Martin. Était encore à Tours en 1826. 

N^ 6. Les Prophètes, en lettres onciales. — N° 90 de Marmoutier. Était en- 
core à Tours en i842. 

N° 8. Fragments d'un manuscrit d'Eugyppius. — N* 5o du second catalogue 
des manuscrits de Saint-Martin. 

N° 13. Pentateuque, avec peintures, en lettres onciales. — N^ 4 de Saint- 
Gatien. Était encore à Tours en 18^2. 

N*" 14. Les Évangiles, en caractères anglo-saxons. — N** 8 de Saint-Gatien. 
Était encore à Tours en i842. 

N° 2 1 . Traités philosophiques de Cicéron , de Tépoque carlovingienne. — N* 3 3 
de Saint-Martin de Tours. Etait encore à Tours en i84o. 

N° 22. Virgile, du xi* siècle. — Du fonds de Saint-Martin de Tours. Était en- 
core à Tours en 18A0. 

iV 24. La Thébaîde de Stace, du xf siècle. — Du fonds de Saint Martin de 
Tours. Était encore à Tours en i842. 

N"" 25. Conmientaire de Priscien sur les premiers vers de TÉnéide. — ^ Ce sont 
des feuillets arrachés postérieurement à Tannée i84o dans le ms. 122 de Mar- 
moutier, aujourd'hui n° 887 de la bibliothèque de Tours. 

N° 30. L'Arithmétique de Bède et l'Astronomie d'Aratus. — Volume de 
97 feuillets qui ont été arrachés, après l'année 1 842 , à la fin du ms. 4 2 de Saint- 
Martin, aujourd'hui n"" 334 de la bibliothèque de Tours. 

N° 36. Sacramentaire cariovingien , avec le canon sur parchemin pourpré. — 
N"* 65 de Saint-Gatien. Etait encore à Tours en i842. 

N° 42. Traité de saint Augustin sur la doctrine chrétienne. — N"" 74 de Saint- 
Martin. 

N"* 73. Poème de saint Orient et Vision de Wettin. — Fragment arraché, pos- 
térieurement à l'année i842, dans le ms. 118 de Saint-Martin, aujourd'hui 
n* 284 de la bibliothèque de Tours. 

N° 75. Opuscules de saint Augustin. — Cahiers arrachés, postérieurement à 
l'année i842 , à la fin du ms. i53 de Saint-Martin, aujourd'hui n° 281 de la bi- 
bliothèque de Tours. 

N* 87. Traité de Bède sur la nature des choses. —■ Volume de 22 feuillets arra- 
chés, postérieurement à l'année i842, dans le ms. 42 de Saint-Martin, aujour* 
d'hui n° 334 de la bibliothèque de Tours. 

N"* 88. Opuscules sur les poids, les mesures, etc. — Volume de 23 feuillets 
arrachés, postérieurement à l'année i842, dans le ms. 42 de Saint-Martin, au- 
jourd'hui n" 334 de la bibliothèque de Tours. 



N® 91. Histoire tripartite. — N® i43 de Saint-Gatien. 

N® loi. Traité de droit canon, en provençal. — N* i86 de Marmontier. 

N" 105. Pièces provençales, en prose et en vers. — Du fonds de Tabbaye de 
Marmoutier, et précédemment de la collection Lesdiguières. 

N° 106, Vie de saint Honorât. — N** i64 de Marmoutier. 

N° 108. Roman des oiseaux, en provençal. — N^ 258 de Marmoutier. 

N° 109. Méditations de saint Bonaventure, en provençal. — N"" i65 de Mar- 
moutier. 

N"* 110. Le Nouveau Testament, en provençal. — N** 3o8 de Marmoutier. 

N** 112. Vie de saint Alexis, en vers français, etc. — N** aSg de Marmoutier. 



MANUSCRITS D^ORL^ANS. 



Libri a infligé aux manuscrits d'Oiiéans un traitement analogue à 
celui qu'ont subi les manuscrits de Tours. Tantôt il a arraché des 
parties de volume , tantôt il a enlevé des volumes entiers ; mais à Or- 
léans, comme les manuscrits étaient régulièrement cotés depuis la 
publication du catalogue de Septier en 1820, le voleur se crut obligé 
de remplacer les volumes précieux qu'il s'appropriait par des volumes 
plus ou moins insignifiants, qui étaient restés en dehors du classement 
régulier. La plupart des fraudes n'ont été reconnues que dans ces 
derniers mois ; j'ai pu les constater, grâce à l'obligeant concours de 
M. Loiseleiu*, le savant et ingénieux conservateur de la bibliothèque 
d'Orléans, et à des communications de M. Cuissard, connu par d'inté- 
ressants travaux sur plusieurs manuscrits de ce dépôt. 

Voici comment peut s'établir, au moins provisoirement» la liste des 
manuscrits du fonds Libri qui viennent de la bibliothèque d'Orléans * : 

N° 9. Homélies de saint Augustin, en lettres onciales. — Volume de 24 feuil- 
lets, qui formaient jadis les pages 98-1 13, 248-263, 328-343 du ms. i3i d'Or- 
léans. 

N"" 1 1 . Homélies de saint Augustin , en lettres onciales. — Volume de 4o feuil- 
lets, qui formaient jadis les pages 168-247 du ms. i3i d'Orléans. 

' J'espère pouvoir prochainement pu- sur différents manuscrits de la ville d'Or- 
blier dans le tome XXXI des Notices et léans et notamment sur ceux qui ont été 
extraits des manuscrits une suite de notes Tolés ou mutilés. 

3. 



.( 20 ).#<— 

N^ 18. L'Art de Donat, copie du ix* siècle. — Volume de 66 pages « arrachées 
en tête du ms. 260 d'Orléans. 

N"" 19. Commentaires sur Priscien. — Volume de 56 feuillets, arrachés au 
milieu du ms. 87 d'Oriéans, dont ils formaient les pages 247-358. 

N* 31. Traités de Boèce, de Porphyre, etc. — Volume de 60 feuillets, arra. 
chés à la fin du ms. 223 d'Orléans, dont ils formaient les pages 100-217. 

N** 35. Vies de Saints, etc. — Cahiers arrachés à la fin du ms. 167 d'Orléans, 
dont ils formaient les pages 101-197. 

N*' 37. La seconde édition de Donat. — Volume de 63 feuillets, arrachés 
dans le ms. 2 15 d'Orléans, dont ils formaient les pages 32-157. 

N® 39. Règle des chanoines réguliers. — C'est le ms. i23 d'Orléans. 

N° 41. Recueil de conciles, de capitulaires, etc. — Volume de i53 feuillets, 
décrit par dom Louis Fabre ^ comme appartenant à la bibliothèque publique 
d'Orléans. 

N° 45. Traité de comput, etc. — Volume de i4 feuillets, arrachés en tète du 
ms. i5 d'Orléans, dont ils formaient les pages 1-28. 

N^ 46. Vies de Saints. — Volume de 120 feuillets, arrachés dans deux ma- 
nuscrits; je n'ai pas encore déterminé avec certitude d'où viennent les feuil- 
lets i-3o; mais les feuillets 3 1-120 ont été arrachés dans le ms. 289 d'Orléans, 
dont ils formaient les pages 193-379. 

N* 47. Fragment de Martyrologe. — Volume de 3i feuillets, arrachés en 
tète du ms, 274 d'Orléans. 

N*» 48. Vies de Saints. — C'est lems. 281 d'Orléans. 

N° 78. Fragments de deux manuscrits. — Les 28 premiers feuillets (Office de 
sainte Foi, avec notation musicale] ont été arrachés dans le ms. 296 d'Orléans, 
dont ils formaient les pages 17-72. Les 8 derniers (Compositio monocordi secun- 
dam Boetium) sont les pages 33-48 du ms. 24o d'Orléans. 

N° 82^ Explication de la Messe, etc., du ix* siècle. — Cahiers arrachés à la 
fin du ms. 94 d'Orléans. 

N' 84. Code Théodosien, etc. — C'est le ms. 207 d'Orléans, dont les travaux 
de Haenel ont fait connaître l'importance. 

N* 85. Fragments de divers manuscrits. — Le premier de ces fragments se 
compose de 4 feuillets arrachés dans le ms. 207 d'Orléans et cotés 98-101 dans 
la description de Haenel. 

N^ 90. Traités de Bède, d'Isidore de Séville, etc. —C'est le ms. 266 d'Orléans. 

N** 92. Extraits de saint Grégoire, par Paterius. — C'est le ms. 5i d'Orléans. 

' Catalogue du livres de la bibliothèque publique fondée par M. Prousteaa (Paris et 
Orléans, 1777, in-4'), p. 3i5. 



•( 21 ). 

N"* 96. Fragments de manuscrits. — Le premier fragment se compose des 
feuillets qui formaient les pages 84-iog du ms. 123 d*Oriéans et qui contien- 
nent réloge de la Croix, par Raban Maur. 

Pour les manuscrits dont l'énumération précède, et pour d'autres 
encore, j'ai donné, ou je donnerai, quand le moment sera venu, la 
preuve qu'ils ont tous été volés vers i842, et les ai^uments dont je 
dispose sont aussi péremptoires que ceux qui ont été invoqués poiu' 
le Pentateuque de Lyon, et dont lord Âshbiuiiham a lui-même re- 
connu la valeur, quand il s'est spontanément décidé, en 1880, à 
rendre à la France les cahiers de ce célèbre manuscrit achetés par 
son père en 18/17. 

Ce sont donc des vols qui ont fait passer beaucoup de maniiscrits 
de nos bibliothèques publiques dans la collection du comte d'Ash- 
bumham. Mais il y a plus : je puis montrer que les vols ont été commis 
par celui-là même qui a mystérieusement exporté ses manuscrits en 
Angleterre en 1847. ^^ preuve en est facile à donner. Je raisonne 
toujours sur les manuscrits de Lyon, de Tours et d'Orléans, que des 
circonstances particulières m'ont mis à même de mieux connaître. 

En 1 847 9 Libri a vendu à lord Ashburnham les cahiers arrachés des^ 
mss. 329, 351,372, 38i et 521 de Lyon. Il possédait ces cahiers 
au moins depuis la fin de Tannée i845, puisque, dès le mois de jan- 
vier 1 846, il correspondait avec Panizzi pour les vendre au Musée bri- 
tannique. Or, j'ai sous les yeux les notes autographes très détaillées 
que Libri a prises à Lyon, en 1842 , sur les mêmes mss. 329, 35 1, 
372, 38i et 521. 

En 18 46 et en 18479 Libri trafique de 24 manuscrits ou morceaux 
de manuscrits dérobés à la bibliothèque de Tours. Or, i3 de ces 
manuscrits ou morceaux de manuscrits, ceux auxquels il avait donné 
les n°" 6, i3, i4» 24, 3o, 36, 73, 75, 87, 88, 106, 1 10 et 112, 
avaient été examinés par lui, en 1842, à la bibliothèque de Tours: 
un heureux hasard nous a conservé les notes autographes qu'il leur 
avait consacrées, pour compléter et corriger le catalogue de Chau- 
veau. 



i 22 ). 

De même , nous avons la preuve écrite que Libri a passé en revue , 
en 1842, les mss. 5i, ia3, i3i, 207, 25o et 281 de la bibliothèque 
d'Orléans, manuscrits qu'il a, en tout ou en partie, essayé de vendre 
en 1846 et vendus en i847- 

Voilà donc, pour nous en tenir à des faits matériellement établis, 
voilà 24 manuscrits que Libri a vus en 18429 24 manuscrits sur les- 
quels il a pris des notes plus ou moins développées et dont parfois 
il a calqué plusieurs lignes, pour en mieux 6xer la paléographie dans 
sa mémoire. Ce sont généralement des manuscrits d'une haute anti- 
quité, des monuments uniques, dont un connaisseur ne perdra jamais 
le souvenir quand il aura eu la bonne fortune de les examiner et de 
les exhumer de l'oubli , ce qui était le cas des volumes déposés , il y a 
quarante ans, dans les bibliothèques de Lyon, de Tours et d'Or- 
léans. 

Or, moins de quatre ans après , Libri se trouve détenteur de ces 
2 4 manuscrits ; il les met secrètement en vente et finit par les céder 
è un amateur étranger. Comment admettre que, dans les manuscrits 
possédés par lui en i845, il n'ait pas reconnu les manuscrits dont il 
.avait lui-même , en 1842, pris le signalement à Lyon, à Tom*s et à 
Orléans? 

S'il ne s'agissait que de deux ou trois volumes, on pourrait sup- 
poser une défaillance de mémoiiçe; mais l'explication ne saïu^ait être 
admise quand on se trouve en présence de plus de vingt articles, et 
encore ai-je laissé de côté tous ceux pour lesquels je n^ai pas le té- 
moignage autographe de l'accusé. 

Libri n'a donc pas ignoré lorigine des 24 manuscrits que j'ai pris 
pour exemples ; sachant bien qu'ils avaient été volés dans nos bibliothè- 
ques, il n'aurait pas dû les acquérir si des marchands étaient venus 
les lui proposer. Mais il ne les a pas achetés, il les a dérobés. Quel 
autre que lui était capable de les choisir.»^ Quel autre aurait eu les 
moyens, soit d'enlever de gros volumes, soit d'arracher les feuillets 
susceptibles de former de petits volumes, auxquels on donnait l'ap- 
parence de manuscrits complets? Quel autre aurait pu se livrer à cette 



i 23 y 

coupable industrie dans trois villes difiFérentes , à Lyon , à Tours et à 
Orléans? Quel autre, pour dépister les recherches, se serait avisé de 
revêtir de reliures pseudo-italiennes les manuscrits dérobés dans nos 
bibliothèques et dy ajouter des notes tendant à faire croire qu^ils 
avaient jadis appartenu à Saint-Pierre de Pérouse, à Sainte-Marie de 
Florence, à Saint-Zénon de Vérone, à Grotta Ferrata, etc.? 

Il est donc avéré que Libri a lui-même volé les manuscrits qui don- 
naient le plus de relief à ses collections. Nous l'avons surpris en fla- 
grant délit dans les bibliothèques de Lyon, de Tours et d'Orléans, et 
nous nous expliquons qu'il ait eu hâte de faire clandestinement passer 
à Tétranger le fruit de ses rapines. 

VI 

DliPRliciATION DES FONDS LIBRI ET BÂRROIS RÉSULTANT DE L'ORIGINE SUSPECTE 

D'UNE PARTIE DE CES FONDS. 

Le public est donc suffisamment édifié sur l'origine d'une partie 
des fonds Libri et Barrois. Il sait que beaucoup des volumes dont ils 
sont composés proviennent de vols, et que, pour les rendre méconnais- 
sables, les voleurs les ont découpés par morceaux, qu'ils ont inter- 
verti Tordre des cahiers , qu'ils ont fait disparaître les anciennes gardes 
et qu'ils ont commis les faux les plus grossiers. 

De telles mutilations et de telles souillures ont singulièrement dé- 
précié les manuscrits qui en ont été les victimes. Mais ce qui contribue 
encore plus à en amoindrir la valeur vénsJe , c'est la difficulté et même 
l'impossibilité de les vendre en France. A cet égard, je dois répéter 
ici ce que j'ai eu l'honneur d'écrire, en 1880, au comte d'Ashburn- 
ham, pour lui démontrer que la valeur vénale des manuscrits Libri 
et Barrois ne devait pas être fixée d'après les prix obtenus dans les 
ventes où la concurrence des amateurs et des établissements publics 
du monde entier peut se donner un libre cours. 

«Il n'en serait pas ainsi, lui disais-je, le jour où vous exposeriez 
vos collections aux hasards des enchères. Quoi qu'il arrive, en effet, le^ 



i 24 y 

Gouvernement français déclarera hautement que^ s*il ne peut faire 
valoir à l'étranger son droit imprescriptible et inaliénable sur les ma- 
nuscrits dérobés aux bibliothèques publiques, il se réserve de pour- 
suivre la réintégration de ceux de ces manuscrits qui, à un moment 
donné, rentreraient en France, comme cela vient d'arriver pour un 
précieux volume acheté par un libraire français à la vente Perkins, en 

1873^ 

« Les* libraires et les amateurs français seront prévenus que les col- 
lections Libri et Barrois sont remplies de manuscrits d'origine sus- 
pecte , sur lesquels le Gouvernement français est résolu à faire recon- 
naître son droit de propriété , le jour où les manuscrits entreront en 
France. Cette considération pourra même refroidir les libraires et les 
amateurs anglais : ils sauront, en effet, que ni eux, ni leurs héritiers 
ne doivent songer à vendre en France, même à l'amiable, les manu- 
scrits provenus de vols qu'aucune prescription ne pourra couvrir. Les 
établissements publics eux-mêmes seront fort réservés. Ils hésiteront 
à recueillir des monuments, excellents par eux-mêmes, mais auxquels 
les noms de Libri et de Barrois ont donné une triste célébrité. 

« Les manuscrits Libri et Barrois n'ont donc, ni pour les particuliers, 
ni pour les établissements publics, la valeur de manuscrits ordinaires. 
Depuis qu'on sait de quelle façon ont été formées les collections Libri 
et Barrois, ces collections ont été frappées de discrédit aux yeux de 
tous les juges impartiaux. En les acquérant, on craindrait de passer 
pour un complice des Barrois et des Libri , et d'avoir son nom associé 



^ Il s agissait d'un manuscrit de Gra- 
tien, que Qiardon de la Rochette, en 
vertu d'une commission ministérielle, avait 
choisi en i8o4 à la bibliothèque de Troyes 
pour être transféré à la Bibliotlièque na- 
tionale. Par suite d*une négligence ou 
d*une infidélité , le manuscrit n'arriva pas 
à la destination que le Ministre de Tinté- 
rieur lui avait assignée ; il passa en Angle- 
terre et figura en 1 878 à la vente des livres 



de Henri Perkins (n^ 58a du catalogue 
publié par MM. Gadsden , Eiiis and G**]. 
Un libraire français , qui l'avait acheté , le 
remit en vente à Paris Tannée suivante. 
Ce fut alors que la Bibliothèque nationale 
fit pratiquer une saisie -revendication, 
que le tribunal de la Seine déclara bonne 
et valable par un jugement du a a dé- 
cembre 1876. Le texte du jugement sera 
reproduit à la fin de la présente brochure. 



i 25 y 

au nom de voleurs et de faussaires dont personne n'ose plus prendre 
la défense. » 

Les administrateurs des bibliothèques publiques obéiront, eux sur- 
tout, à des considérations d'un ordre aussi élevé. Ils ne seront pas 
jaloux de faire entrer dans leurs dépôts des manuscrits falsifiés et des 
lambeaux de manuscrits dont farrachement a laissé des blessures tou* 
jours saignantes au cœur des plus précieux volumes des bibliothèques 
françaises. 

Ds s'inspireront de l'exemple que les Trustées du Musée britan- 
nique ont donné en 1878, quand ils ont accepté les conditions d'un 
échange qui nous a permis de rétablir à leur place des feuillets arra- 
chés depuis 1 707 dans la seconde Bible de Charles le Chauve et dans 
plusieurs autres manuscrits de la Bibhothèque nationale. La loyauté 
et la cordialité des rapports qui unissent entre eux les établissements 
piiblics des pays civilisés feront partout repousser des projets d'acqui- 
sition dont la réalisation aurait pour effet de consacrer d'inqualifiables 
actes de piraterie et de vandalisme. 

La nation qui achèterait en bloc les collections de lord Ashbiuii- 
ham pour les recueillir dans un dépôt largement ouvert au public, 
mériterait bien de là science, et accroîtrait singidièrement son renom 
artistique et littéraire; mais elle pourrait atteindre ce noble but, tout 
en ménageant à la France le moyen de réparer un grand désastre et 
de rétablir dans leur pureté première des monuments mutilés et 
déshonorés depuis bientôt un demi-siècle. 

C'est ce qu'avait libérdement décidé le conseil des Trustées du 
Musée britannique, en déclarant, le 17 mars dernier, que les manu- 
scrits dont la liste lui avait été soumise n'auraient pas dû sortir des 
bibliothèques de France et qu'il fallait laisser aux Français le moyen 
de les recouvrer. 

Nous ne renonçons donc pas à l'espoir de rentrer im jour en pos- 
session de nos manuscrits et d'effacer ime tache dans l'histoire de nos 
bibliothèques. Nous devons nous attacher à cet espoir alors surtout 
que la direction du département de l'instruction piiblique est confiée 

4 



i 26 ).#^— 

à un ministre passionné comme vous pour les intérêts de la science 
et pour le développement des grands arsenaux littéraires et artistiques 
de la France. 

Daignez agréer, Monsieur le Ministre, Thommage de mon profond 
respect , 



L'Adminiitrateur général, directeur, 
L. DELISLE. 



OBSERVATIONS 



SUR 



LES TRÈS ANCIENS MANUSCRITS DU FONDS LIBRI 



La mise en vente d*une collection de quatre mille manuscrits est un assez 
gros événement littéraire pour frapper vivement l'attention de tous ceux qui , 
en Europe , ont souci des intérêts de la philologie , de Thistoire et de Tart. 
Un tel événement doit surtout vivement préoccuper Topinion publique dans 
le pays qui semble appelé à en recueillir les principaux bénéfices. Nous com- 
prenons donc le débordement d^enthousiasme avec lequel les journaux de la 
Grande-Bretagne ont accueilli la nouvelle que le comte d*Âshbumham pro- 
posait de vendre au Musée britannique sa célèbre collection de manuscrits. 
Nous comprenons aussi, et nous approuvons sans réserve, les efforts que 
font à Tenvi les savants anglais pour persuader au Gouvernement que le sa- 
crifice pécuniaire qui lui est demandé sera largement compensé par les avan- 
tages de tout genre qu il assurera aux lettrés et aux artistes , et plus encore 
par l'honneur qui en rejaillira sur la nation. 

De son côté , la France ne saurait rester indifférente aux négociations qui 
vont régler le sort définitif des collections d*Âshburnham-Place , et j*ai cru 
qu'il était de mon devoir de fixer à cet égard f opinion publique sur certains 



^ Cette notice est publiée telle qa*e31e a été 
lue le 2 a février à l'Académie. Je me anis borné 
à ajouter en note qudqaes observations recueil- 
lies au Musée britannique , le 7 et le 8 mars 
i883 1 par M. Julien Havet et par moi, confor- 
mément à la mission que M. le Miniatre de Tin- 
struction puUique avait bien voulu nous confier, 
de vérifier Torigine d*une partie des collections 
Libri et Barrois. L'accomjdissement de cette 



tâcbe nous a été ftKàlité par la collaboration de 
M. Paul lieyer, qui, malgré Tétat de sa santé, 
avait tenu à nous accompagner. G*est ici Tocca- 
sion de rendre publiquement hommage à la 
loyauté et à la courtoisie avec lesquelles cette 
délicate affaire a été traitée par M. Bond, bi- 
Uiotbécaire en chef du Musée britannique , et 
par M. Thompson, conservateur du départe- 
ment des manuscrits. 



■■i i >( 28 )*<^— 

points qui sont encore insuffisamment connus. Gomme il s agit uniquement 
de questions de bibliographie et d'érudition , je n'ai pas hésité à en entretenir 
TAcadémie. 

La bibliothèque de lord Ashburnham comprend quatre collections de ma- 
nuscrits: la collection Libri, la collection Barrois, la collection Stowe ou 
Buckingham, et une collection de manuscrits recueillis soit isolément, soit 
par petits groupes , et connue sous le nom d'Appendix. 

Le dernier comte d' Ashburnham a fait imprimer eai trois volumes in-^** 
les catalogues du fonds Libri , du fonds Barrois et de l'Appendice. Pour le 
fonds Stowe, nous avons d'abord le catalogue rédigé par Gharies O'Gonnor 
et publié en deux volumes in-i"* (i 8 1 8 et 1 8 1 9) , puis un catalogue imprimé 
en vue de la vente qui devait avoir lieu au mois de juin 1 869. 

La substance de ces différents catalogues est passée dans un petit volume 
in-folio qui fait partie des documents distribués, en 1881, au Parlement 
anglais. 

Cest uniquement par ces catalogues ^ par quelques notes de M. Paul 
Meyer et par un rapport du docteur Karl Zangemeister à l'Académie de 
Vienne^, que je connais les manuscrits d'Ashburnham-Place. Je n'ai jamais 
vu les manuscrits eux-mêmes, et, comme les catalogues sont parfois d'un 
laconisme désespérant, je pourrai commettre quelques inexactitudes, pour 
lesquelles je réclame l'indulgence, mais qui, je l'espère, n'auront point de 
gravité et ne compromettront pas fensemble de la thèse que je crois devoir 
établir. 

Le fonds Libri et le fonds Barrois, dont les éléments ont été, pour la 
meilleiure partie , rassemblés à Paris , et dans lesquels nous trouvons en grande 
quantité des volumes exécutés en France et composés de documents relatifs 
à l'histoire, à la littérature et à l'art national, ont pour nous un intérêt tout 
particulier. Je ne parlerai donc que des manuscrits compris dans ces deux 
fonds. Pour le moment, je laisserai même à peu près de côtd la collection 
Barrois. On n'a peut-être pas oublié un mémoire que j'ai publié en 1866^, 

^ Voyez plus haut, p. 2 et 3. Classe der kais, Akademie der TVissenschaJïenj 

* Berichl ûber die in Aufvrage der Kirchen- LXXXIV, 485-58d>) 

vàter-Commission anternonunene Durcliforschan^ ^ Bibliothèque de F Ecole des chu'tes , 6* série , 

der BiblioOteken Englands, Wien, 1877, in-S" t. II, p. 193-364* Ce mémoire est reproduit ci- 

de 102 pages. [Siizungsherichie der pkiL hist, après. 



•( 29 ). 

dans lequel j ai démontré, par des preuves dont personne na essayé de con- 
tester la solidité , qu une soixantaine au moins des manuscrits cédés en 18Â9 
par Barrois étaient le fruit de vols audacieusement commis à la Bibliothèque 
nationale, entre les années i84o et i848. Malgré les supercheries de tout 
genre employées par les voleurs, Tidentité des manuscrits volés chez nous et 
des manuscrits vendus par Barrois a été établie avec une telle évidence 
que le comte d'Âshburnham Ta reconnue lui-même. J'en ai pour preuve 
non seulement la correspondance et les conversations du noble lord avec 
quelques amis, mais encore un fait que le marquis de Queux de Saint-Hi- 
laire nous a récemment révélé dans la préface du second volume de son 
édition des Poésies d'Easlache des Champs. 

En 1866, j avais affirmé que les n°* Agi, 498 et SîiS du fonds Barrois 
étaient des lambeaux du manuscrit qui avait porté à la Bibliothèque natio- 
nale le if ayS du fonds de Saint-Victor. Or, quand M. le marquis de Queux 
de Saint-Hiiaire fut introduit dans la bibliothèque d'Ashburnham-Place , il 
trouva les mss. àglx, ^98 et 5a3 du fonds Barrois rattachés ensemble 
par un ruban , comme si Ton avait eu la pensée de ré|)arer lacté de vanda- 
lisme commis parle voleur qui avait dérobé à la France le n° 276 de Saint- 
Victor. 

L*orîgine frauduleuse d un grand nombre de manuscrits Barrois est donc 
un fait acquis, sur lequel ont passé condamnation ceux-là mêmes qui ont 
profité d un acte aussi odieux. 

Pour le fonds Libri, la question est beaucoup moins avancée. Les fraudes 
y sont plus difficiles à constater, et cela par deux raisons. L'une, c'est que 
fauteur des fraudes était un homme dune habileté consommée, dont beau- 
coup d<e méfaits n'auraient jamais été reconnus , si le hasard n'eût pas fait 
revivre des témoins dont l'existence n'avait pas été soupçonnée jusque dans 
ces derniers temps. L'autre, c'est que le catalogue du fonds Libri ne se com- 
pose guère que de notes informes. 

Malgré ce désavantage, je ne crains pas d'affirmer que le fonds Libri est 
aussi impur que le fonds Barrois. Je sais que des légendes commencent à se 
faire autour du nom de Libri, et qu'on est trop pprté à rejeter sur lui la 
responsabilité de tous les brigandages commis dans nos dépôts publics. Ces 
brigandages ont été, hélas I assez considérables pour que plus d'un malfaiteur 
ait à sa charge beaucoup de vols et de falsifications. Laissons au temps le 



soin de faire la part de chacun des principaux crimineb dont la coupable 
industrie occupe une si large place dans Thistoire des bibliothèques et des 
archives au xix* siècle. H ne peut s agir aujourd'hui que du compte de Libri. 
Encore ne m appartient-il pas de revenir ici sur le fond même de laffaire. 
 cet égard, tout homme impartial sait à quoi s*en tenir : après les conscien- 
cieuses recherches de MM. Lalanne et Bordier, et après le lumineux rapport 
du président Bonjean au Sénat en 1 86 1 , il serait superflu de revenir sur un 
procès définitivement jugé , que fhistoire n aura pas à reviser. 

Le seul point que j*aie à traiter aujourd'hui, cest de montrer par d'assez 
nombreux et décisifs exemples qu'il est encore possible de retrouver la véri- 
table origine de beaucoup d'articles volés qui figurent dans le fonds Libri à 
Ashbumham-Place. Je ne m'attaquerai ni aux séries de lettres autographes, 
pour lesquelles le travail est rendu si aisé par le Dictionnaire de MM. Lalanne 
et Bordier, ni à ces manuscrits d'ordre secondaire qui, dans une collection 
de plus de deux mille volumes, comptent surtout pour le nombre. Je vais 
droit aux pièces de résistance , à celles que Libri a mises en tète de son cata* 
logue , à celles que vise en première ligne un correspondant du Times , qui 
est à coup sûr un bibliographe très distingué et qui connaît à merveille les 
richesses d'Âshburnham-Place. Je traduis littéralement le premier paragraphe 
du compte rendu de la brillante revue à laquelle on a fait assister les lecteurs 
du Times, pour les convaincre que l'Angleterre n'aura pas à regretter les 
li millions demandés par le comte d'Âshbumham : 

(( Parmi les plus anciens manuscrits de la bibliothèque, celui dont la répu- 
tation est la mieux établie est le Pentateuque de la collection Libri. Re- 
montant au moins au vu' siècle , il est im des rares volumes qui nous sont 
parvenus pour montrer ce que le pinceau d'un artiste pouvait produire à 
cette époque reculée. Exécuté probablement en Italie , il contient une ving- 
taine de grands tableaux de la plus haute importance pour l'histoire de la 
peinture et du costume. Cependant les paléographes doivent préférer au 
Pentateuque des manuscrits latins encore plus anciens, dont il n'y a pas peu 
d'exemples dans la collection. Tel est un morceau de Pdautier, auquel on 
peut assigner pour date le iv* siècle , et qui , selon toute apparence , soutien- 
drait la comparaison avec les plus vieux manuscrits qu'on pourrait citer, 
mém€ au Vatican. » 



.( 31 ). 

Ainsi parie le correspondant du Tïmes ^ 

Essayons maintenant d*esquisser Thistoire de ce fameux Pentateuque , de 
ce vénérable morceau de Psautier, et de ces autres volumes, plus vieux encore 
que le Pentateuque, dont la collection Libri ne fournit pas peu d'exemples. 

Je commence par le Pentateuque, dont la célébrité va s'accroître, grâce à 
la reproduction phototypique qui se prépare en ce moment même par les 
soins de M. Oscar von Gebhart^. 

Il y avait jadis à la cathédrale de Tour^ un très vieux Pentateuque orné 
de peintures, qu*un catalogue imprimé en 1706 désigne en ces termes: 
tt Pentateuchus vetusUssimus , in folio, cum quibusdam figuris antiquissimis ; 
in eo desunt aliqua pne vetustate. Codex enim iste scriptus est ante annos 
1 100^. » Les auteurs du Nomeaa traité de àiplomatufue'^ ont cité ce manu- 
scrit, qu'ils rapportaient au vu* ou au viii* siècle; nous savons, par leur té- 
moignage, quil était écrit à deux colonnes sur du vélin très mince. 

Au moment de la Révolution , le Pentateuque de Saint-Gatien échut à la 
bibliothèque de Tours. 11 y a été vu, dans le cours du xix* siècle, d abord 
par M. le comte de Bastard, qui a bien voulu me lattester Tan dernier, puis 
au mois de mai 1 84o par notre savant confrère, M. Ravaisson, qui le signa- 
lait expressément dans un rapport adressé à M. Cousin , alors ministre de 
Tinstruction publique: uUne bible du vin* siècle, de format grand in-folio, 
ornée de figures^. » Libri le remarqua dans un premier voyage qu*il fit à 
Tours, au mois de janvier i849. Un article qu'il inséra, le même mois, au 
Journal des sçivants ^, contient cette déclaration : « A Tours nous avons re- 
marqué plusieurs manuscrits en lettres onciales , dont un , écrit en lettres 
d or, servait aux anciens rois de France quand ik prêtaient serment dans 
Téglise de Saint-Martin; un autre, également en onciales, est orné de minia- 



^ Namëro du la fënier i883. 

* La poUication de M. Oscar voa Gebhart 
est parae au moment même où s'imprimaient 
mes Observations. EHe forme un volume in- 
folio de s^ pAges et de 30 planches, intitulé : 
The mimatnrts of ihe Àthbumhaai PetUaUnck 
(London, Asher and G*, i883). Avant d'avoir 
pris connaissance de mes observations , M. Oscar 
von Gebhart avait parfaitement constaté que le 
Pentatenqqe de lord Ashbnmham venait bien 



de Saint-Gatien de Tours et que la note (top. 
»pMi7o^pp. inscrite sur le fol. 116 V* était 
Tœuvre d*un faussaire (aforgery), 

' Bibliotheca sanctœ ac metropolitanœ ecclesim 
TwonmsUt p. 3 , n* 4> 

* T. m, p. 40. 

^ Rapports sur les bibliothèques âe l'Ouest, 
p. i3. 

* Année i84a , p. 54« — Le passage que je 
vais dter est à la page Si du tirage à part. 



•■: 32 ). 

Uires qui paraissent du vu* siècle. » Le premier de ces manuscrits porte au- 
jourd'hui le n* ai à la bibliothèque de Tours; le second ne pouvait être que 
le Pentateuque. La bibliothèque de Tours était alors administrée par M. Chau- 
veau, si peu expert en paléographie, que, dans un article publié en i838, 
c[uclques lignes après avoir déploré la perte du Pentateuque, il se fait gloire 
de pouvoir montrer un manuscrit comprenant un morceau de TAncien Tes- 
tament et antérieur au vu* siècle , « à en juger, dit-il , par les caractères de 
récriture et surtout par les peintures singulières dont il est orné* i^. Le brave 
bibliothécaire n avait pas reconnu que ce morceau de TÂncien Testament 
n était autre que le Pentateuque. Il n*étaît sans doute pas mieux éclairé 
quand il adressait au ministère, en i8âo, im catalogue dans lequel il avait 
ainsi enregistré le Pentateuque: ttB^)liae sacrae pars. Parchemin, n* A5, 
viif siècle. Un volume in-folio, orné de peintures, endommagé. » Libri avait 
ce catalogue entre les mains quand il revint à Tours, à lautomne de i8âi. 
Dans ce second voyage, il examina de nouveau le Pentateuque. Ce qui le 
prouve, c est que, surTexemplairedu catalogue de Chau veau, que M. Danton, 
chef du cabinet du ministre, lui avait remis le 1 2 septembre \Sk^ , il a cor* 
rigé de sa propre main la date que le bibliothécaire avait assignée au manu- 
scrit : au chiffre VIII il a substitué les chiffres VI et VA. 11 est donc certain 
que Libri a vu le Pentateuque, en i8ài, à la bibliothèque de Tours. 
D autre part, il est constant que le Pentateuque avait disparu de cet établis* 
sèment quand M. l^uzarche entreprenait, vers Tannée i85o, la publication 
du catalogue des manuscrits de la \îlle de Tours. Entre ces deux dates , que 
s était-il passé? 

Au mois de mars ou d'avril 18^7, Libri vendait an comte d*Ashbumham 
un Pentateuque dont il vantait ainsi les mérites: 

tt Manuscrit sur vélin , en lettres onciales , à deux colonnes, grand in-folio, 
du V* siècle. 

tt Ce manuscrit unique et d*un prix inestimable contient un très grand 
nombre de grandes miniatures représentant les divers sujets de la Bible ^ 
et exécutées évidemment par des artistes romains. Ces peintures, beaucoup 
mieux conservées et plus nombreuses que celles que Ion trouve dans les 
fragments du Virgile du Vatican, rappellent les peintures de Pompéi, et 

* BuUêtin monumental, t. lY, p. 36 1. 



,( 33 )«w— 

sont aussi intéressantes pour Thistoire àes costumes que pour celle des arts. 
Nous ne croyons pas qu'il existe dans aucune bibliothèque un manuscrit 
plus précieux que celui-ci. La plupart de ces peintures ont 1 1 pouces fran- 
çais de hauteur sur g de large. Elles sont évidemment de la même époque 
que récriture du manuscrit, comme le prouvent, entre autres choses, les 
nombreuses inscriptions , également en lettres onciales , placées dans ces 
peintures. Les artistes et les archéologues qui ont examiné ce manuscrit le 
considèrent comme un manuscrit unique dans son genre. Il appartenait au- 
trefois au couvent de Grotta Ferrata, abbaye très ancienne, située dans les 
montagnes de Rome et habitée par des moines greo^ de Tordre de Saint- 
Basile. )) 

Ce Pentateuque est celui de Saint-Gatien de Tours. L'attribution du ma- 
nuscrit è Tabbaye de Grotta Ferrata est une de ces supercheries que Je doc- 
teur Zangemeister a résolument mises à la charge de Libri, et que Tancien 
comte d*Ashbumham reconnaissait loyalement quand il m'écrivait le 16 juin 
1869 : « Différents manuscrits de la collection Libri contiennent ce que j'ai 
longtemps soupçonné et que vous avez démontré être des tentatives fraudu- 
leuses pour cacher la véritable origine de livres qui avaient été perdus ou 
volés. » 

Il y a, du reste, un moyen de vérifier si ma conjecture est fondée. Sur 
l'une des premières pages du Pentateuque de Libri, les mots CRSAvrr dbus 
cAKLvif ET TBRRAïf doiveut se trouver en lettres capitales tracées au ver- 
millon. Qu'on veuille bien calquer ces mots et superposer le calque au 
dessin des mêmes mots tirés du Pentateuque de Saint-Gatien qui se trouve 
sur la planche XXXIV du Novmeaa traité de diplomatùiae, La coïncidence du 
calque avec la gravure des bénédictins sera la preuve mathématique de la 
thèse que je soutiens ^ 

Voilà pour le Pentateuque^. Prenons maintenant à partie ce morceau de 
Psautier que le correspondant du Times cite comme une des merveilles de 
la collection d'Ashbumbam-IMace. Je ne connais ce Psautier que par une 

' Tontes les particularités propres an Penta- * De f histoire que je viens de raconter, on 

teuqoe de Saint-Galieii de Toors se troaTent peat rapprocher une légende que Lihri aorait 

dans le ms. i3 de Lôhri. Gonstalation faite, voulu accréditer pour expliquer la présence du 

le 7 mars 1 883, par M. Julien Havet et par moi Pentateuque dans sa bibliothèque. Cette lé- 

au Musée britannique. Yoyei aussi la puUiea- gende a été rapportée par Bl Paul Lacroix , 

tion de M. Oscar von Gebhart* dans ses Lettres à M. Hatian, p. 16 et 17. 



34 > 

note très concise du catalogue du fonds Libri : a 5. Liber psalmorum , ma- 
nuscrit sur vëlin, en lettres oneiales, en rouge et en noir, à lignes inégales, 
in-folio, carré, du v* siècle. Voyez le fac-similé n"* 5. » I^e renseignement est 
assez vague. Il suffira cependant, je lespère, pour nous amener à conclure 
que ce fanieux Psautier se compose de quelques cahiers arrachés à un ma» 
nuscrit de la ville de Lyon. Il y avait longtemps que j'étais préoccupé du 
renvoi que le catalogue imprimé des (nanuscrits de Libri fait à un recueil 
de fac-similés qui ne parait pas avoir jamais vu le joar. La semaine dernière, 
en examinant de nouveau les papiers de Libri , qui , du greffe du tribunal de 
la Seine, sont passés à la Bibliothèque nationale, et dont nous devons le 
classement à M. Robert, je remarquai deux feuilles de papier végétal, sur 
lesquelles une main exercée a tracé le calque de quelques lignes empruntées 
à douze anciens manuscrits K Je m'empressai de rapprocher ces calques du 
catalogue imprimé des manuscrits de Libri, et je reconnus sans peine que 
j'avais sous les yeux le fac-similé des douze premiers numéros du fonds Libri. 
Le fac-similé n^ 5 nous offre, disposés sur deux lignes, les mots : 

TUUM 
ET RESPONDEBO. 

La vue de ces trois mots, tirés du Psautier n^ 5 de Libri, me remit en 
mémoire le Psautier de Lyon , sur lequel j ai eu Thonneur de lire une notice 
à l'Académie le 9 août 1879^. Pour moi, le fragment de Psautier vendu par 
Libri à lord Ashbumham a été arraché au manuscrit de Lyon. L'Académie 
décidera si je me fais illusion. Je mets sous les yeux de mes confrères le fac- 
similé héliographique de deux pages du manuscrit de Lyon, et le fac- 
similé de trois mots du manuscrit de Libri. L'identité des deux écritures me 
semble indiscutable. La démonstration deviendra encore phis complète si, 
comme je n'en doute pas , le fragment de Psautier de Libri ne contient que 
des psaumes ou des portions de psaumes manquant aujourd'hui dans le 
Psautier de Lyon. A cet égard, les^trois mots du £ic-ûmilé taum et respondebo 
fournissent un préjugé favorable ; ils appartiennent en effet au psaume C XVIII 
(versets ài et 4^) t psaume qui fait absolument défaut d(uis ce que la ville 
de Lyon a conservé du manuscrit catalogué par Ddandine, sous le n" 35 1 . 

^ Mb. français 3379 des Npuv. acq. , fol. 87 et 88. — * Cette notice a été poUîée dans mes 
Mêlants de paUê^ntphie et de bibliographie, p. 1 1 -35. 



,( 35 ),M— 

Ainsi, jusqu'à la preuve du contraire^, je coDsidérerai comme un frag- 
ment du ms. 35 1 de Lyon le Psautier de Libri que le correspondant 
du Times fait remonter au iv* siècle, et qui lui a paru pouYoir soutenir la 
comparaison avec les plus vieux manuscrits, même avec ceux du Vatican. 
Je n'aurais pas osé assigner une antiquité aussi reculée à un livre dont le 
texte me semble postérieur k la seconde revision de saint Jérôme, celle qui 
est connue sous le titre de Psalterium GaUicanum. Mais cela est en dehors 
de la question. Le seul point à retenir, c est que le Psautier de Libri en 
lettres onciales est un lambeau arraché à an manuscrit de Lyon. 

Voyons (\ présent quels sont les autres très anciens manuscrits auxquels 
fait allusion le correspondant du Times, manuscrits qui, suivant lui, ne sont 
pas en petit nombre dans la bibliothèque de lord Ashbumham et auxquels 
les paléographes doivent attacher encore plus d'importance quau Penta- 
teuqoe. Il s'agit évidemment des manuscrits en lettres onciales ou en carac* 
tères barbares que Libri rapportait au v", vi*, vu* ou viii* siècle , et qu'il avait 
groupés avec le Pentateuque et le Psautier, pour former un corps d'élite 
sous les n~ i-iA, en tête de sa collection. Je vais les examiner en suivant 
simplem^nit l'ordre des numéros. 

Le premier est un exemplaire de l'ouvrage de saint Hilaire sur la Trinité , 
en lettres onciales. Je crois que l'histoire en est assez fieicile à retracer. 

Les bénédictins de la Congrégation de Saint*M aor, dans le classement des 
manuscrits qu'ils ont employés pour établir le texte du traité de saint Hilaire 
sur la Trinité , ont donné la préférence à trois exempifeires , qu'ils placent i 
peu près sur la même ligne et qu'ils proposent d'attribuer tous les trois au 
VI' siècle : l'un conservé è Saint-Pierre de Rome , un autre dans la biblio- 
thèque de Golbert (aujourd'hui n^ ik63o du fonds latin à la Bibliothèque 
nationale), et le troisième à Saint-Martin de Tours* Ils désignent oelui-d 
dans les termes suivants : aMartinianum, scilicet ins^is ecclesise Sancti 
Martini Turonensis, superiori (Colbertino) supparem, ne dicam antiquio- 
rem. Hic cod^ sex tantum posteriores libros , eosque non semper integros , 
complectilur '^. » Tout cela est parfaitement d'acoord avec ce que nous ap- 

* Le 7 man i883, M. Julien Havet et moi teite des psaumes GXI-CXX XIX, avec quelques 

nous avons eonslaté que toutes mes hypoib^ses lacunes. 

sur le Psautier n** 5 du fonds Libri étaient * Sancti Hilarii Pietavûrum episcépi opéra 

parfaitement fondées. Ce ms.' n** 5 contient le (Paris, 1693, in-folio), col. i4oi. 

5. 



36 y 

prend du ms. a3 de Saint-Martin de Tours le catalogue publié par 
MontÊiucon ' en i ySg: «Sancti Hilarii de Trinitate. Codex venerandae anti- 
quitatis, sed mutilus ; indpit a libro sexto, annorum i loo. » 

Les auteurs du Nouveau UxUié de Hplomatùiae assignaient la même date au 
Saint-Hilaire de Saint-Martin de Tours, dont ils ont eu Toccasion de parler 
à deux reprises. « On ne peut, disent-ils ^, donner à ce beau manuscrit moins 
de onze cents ans d'antiquité. » Dans un autre passage ^ ils donnent des dé^ 
tails fort précis : « Les points, les vii^ules, les traits et autres figures qu on 
trouve dans le beau manuscrit de saint HUaire de f église Saint-Martin de 
Tours ne sont ni de la même encre, ni de la même main qui fa transcrit. 
Les titres des livres se trouyent ordinairement au baut de chaque page. Les 
corrections sont encore d*une main, d'une encre et d*un caractère différents 
de ceux du texte. On écrit toujours ae pour œ, et dailleurs Forthographe est 
vicieuse. Le texte est renfermé dans une seule colonne. On donne plus de 
mille ans à ce manuscrit dans le catalogue de la bibliothèque de Saint-Mar- 
tin de Tours. Bien loin d*en vouloir rabattre, nous le croyons au moins du 
vu* siècle. » 

Dans un de ses voyages à Tours , Bréquigny remarqua le Saint-Hilaire de 
la collégiale de Saint-Martin. «C'est, dit-il, un gros in-quarto, en lettres on- 
ciales, assez bien conservé, sans aucun ornement d'ailleurs *. n 

Ce précieux volume traversa sans accident les orages de la Révolution. 
Chalmel le cite en 1807, ^^^^ ^^^^ ^^ respect que devait inspirer un pareil 
monument. «Ce manuscrit, dit-il ^, a d'abord passé pour être autographe, 
ce qui l'aurait fait remonter au iv* siècle; mais on a reconnu qu'il n'était 
que du vu* siècle, c est-i-dire de6ooà65o.Il n'en est pas moins un monu- 
ment très précieux, et dom Constant s'en est utilement servi pour 5on édi- 
tion des œuvres de saint Hilaire. U est écrit en capitale romaine rustique. En 
général, les mots n'y sont point séparés, et quand ils le sont on ne les dis- 
tingue que par des espaces blancs qui tiennent lieu de points. Il s'y en trouve 
cependant quelques-uns qui ont la forme de notre virgule; mais ils sont vi- 
siblement d'une autre main et d'une autre encre que le corps de l'ouvrage, 
qui est écrit à longues lignes. Les titres se trouvent au baut des pages. On y 

' BMiotkeca bihliotk.. t H, p. i336. * PMfkn de Bt^quiçay, voloBie XXXV. 

* T. lui p. ào. fd. 134 V. 

^ T. III. p. 170. * Ma. 1396 de U biUiotbèqiie de Tours. 



•( 37 ). 

remarque aussi quelques corrections d une autre main , et peut-être de celle 
de dom Coustant. d 

En i8a6, Haenel vit le Saint-Hilaire de Saint-Martin. Au nombre des 
manuscrits que le bibliothécaire de Tours lui permit d'examiner, il men- 
tionne^ : «Sanctus Hilarius, literis uncialibus et semiuncialibus exaratus, 
sœculi vn, mecobranaceus, in quarto (provient de Saint-Martin). » Seize ans 
plus tard, il n avait pas encore oublié Timpression quil avait ressentie en 
voyant ce manuscrit. Ayant à rapporter dans une discussion paléographique 
ce que Nieburh avait dit du Saint-Hilaire conservé dans la sacristie de Saint- 
Pierre de Rome, il ajoute en note ^ : ((Ëjusdem œtatis est alter codex sancti 
Hilarii, quem vidi in bibliotheca Turonensi. » 

Le manuscrit de saint Hilaire en lettres onciales était donc à la biblio- 
thèque de Tours en 1826. Il en avait disparu dès ladministradon de M. Lu- 
zarche. Ce doit être celui que Libri a. vendu à lord Ashburnham et qu*îl 
annonce en ces termes sur son catalogue : « Sanclus Hilarius episcopus , de 
Trinitate, manuscrit sur vélin en lettres onciales, à longues lignes, in-folio, 
carré , du yf siècle. » 

Pour s*en assurer, on n*aura qu'à ouvrir ce manuscrit et à vérifier com- 
ment s*y trouve disposé un passage de six lignes dont les bénédictins ont pu- 
blié le fac-similé : non svm mbsgivs, etc. Si dans le manuscrit de Libri ce 
passage est coupé et ponctué comme dans le fac-similé des bénédictins, si à 
la ligne 3 le mot haeresim s y présente avec un a minuscule ajouté entre les 
onciales h et e; si enfin, à la sixième ligne, le mot abclesiis s'y rencontre 
avec un seul c et avec Ta initial exponctué, il sera matériellement établi que 
ce volume est le manuscrit dérobé à la bibliothèque de Tours ^. Ajoutons 
c;ue le manuscrit de Tours , suivant un témoignage recueilli par Bréquigny '^, 
mesurait 10 pouces et demi de haut et 8 pouces et demi de large. On devra 
retrouver ces dimensions au manuscrit de Libri ^, si le relieur n'en a pas 
rogné tes marges. 

Le n* a de Libri nous est bien connu par une notice de Zangemeister. Il 

* Catalogi, ooi. 483. Musée britanniqae par M. Julien Havet et 

* Codes Thêodoêiûnus , p. 3, note lo. par moi. 

^ Tontes ces particularités se voient sur la * Papiers de Bréquigny, vol. XXXIV, fol. 27. 

première page du Saint-Hilaire ms. 1 du fonds * Telles sont en effet les dimensions du 

Libri. Constatation faite, le 7 mars i883, au ms. 1 de Libri. 



38 ). 

consiste en dix-oeuf feuillets de parchemin et contient quelques opuscules 
de saint Jérôme, transcrits en lettres onciales du vi* siècle. A la fin se 
lit la note : Est Sancti Pétri de Perusio, dont la fiiusseté est attestée par Zan- 
gemeisten Qr, il faut se rappeler qu^une note identique avait été mise à b 
(in des cahiers volés au Pentateuque de Lyon pour former un des manu- 
scrits auxquels le comte d^Ashbumham attachait le plus grand prix. A mon 
sens, la note Est Sancti Pétri de Perado suffit pour autoriser â affirmer que 
le n"" 3 est un manuscrit volé. Je suis porté à croire que eest un morceau 
arraché au ms. 5 1 9 de Lyon ^ et qu'il y comblerait une lacune entre les 
feuillets actuellement cotés g h et gS. 

Pour le n"* 3 de Libri, je suis réduit à une note insignifiante du catalogue 
imprimé : «Tractatus psidmorum. Manuscrit sur vélin, en lettres oncîdes, 
à deux colonnes, in-folio, du v* ou du ?i* siède. Voyez le fiic-similé n* 3. » Le 
fac-similé retrouvé dans les papiers de Libri ne porte que sur quatre mots : 
iNciPiT TRACTATOS... nsTHUTioHis COUSE... L*aspect de ce fac-similé offi^ assez 
d analogie avec le ms. 38 1 de Lyon, qui contient l'Eâxposition de saint 
Hilaire sur les psaumes. Il ne serait pas étonnant que les cahiers dont est 
formé le n^ 3 du fonds Libri pussent s'intercaler exactement dans le ms. 38 1 
de Lyon , qui présente plusieurs lacunes'^. 

Les observations qu on peut fiiire sur le n"* k du fi>nds Libri amènent à 
penser que les quarante-deux feuillets dont il se course ont été arradiés au 
ms. 5i 1 de Lyon. C'est à M. Gaillemer, doyen de la Faculté de droit de 
Lyon , que nous devons ce résultat , auquel il a été conduit en comparant le 



' /avais eu raison de supposer que les dix- 
neaffeoillets du ms. 1 de hUan avaient été ar- 
rachés dans on ■tanascrit de Lyon; seulement 
CCS dix-neuf feuillets appartiennent, non pas an 
ms. 619, mais au ms. 617, dont la description 
sera donnée un pen plus loin. Les preuves de 
cette origine surabondent : 

1* L*écritQre du ms. 2 de Libri est iden- 
tique à celle du ms. 5 1 7 de Lyon. 

3* Les dimensions des deux manuscrits 
sont semUaUes : environ asS laiHinwtres sur 
i65. 

3* Dans Fim et dans iaotre, fl y a 1 5 lignes 
k la psge. 

à* Les dix-neuf feuillets da ms. 617 de 



Libri comblent exactement une lacune qui 
existe entre les folios Sa et 53 da mamisertt 
de Lyon. Il manqae à oelu-ci le dernier feuil- 
let du cahier VU, le cahier YIU, le cahier IX 
et les deux premiers feuillets du cahier X.. 
Or, nous avons dans le ms. s de Libri le 
dernier feuillet du cahier ¥11. k eahîer YIU. 
le cahier IX et In deux premiers feoiUets du 
cahier X. 

* M. Havet et moi nous nous sommes assu- 
rés que les quinie feuiUels da mt. 3 de libri 
comblent exactement la kcane que Javais sl> 
gnalée en 1880 eatse les folios 117 v* et 118 
da ms. 38i <fe Lyon. Yoyex N<rtie$$ et «atraks 
des manmicnU, t. XXDL, 2* partie, p. 365. 



i 39). 

ms. 5a 1 de Lyon avec la notice consacrée par le docteur Zangemeister au 
ms. k de Libri. Il a constaté que les feuillets du n'^ k de Libri comblent 
la lacune qui existe aujourd'hui dans le ms. 5a i de Lyon entre les 
feuillets 33 et 3 &. Le raccord se fait avec la plus rigoureuse exactitude : en 
efiet, dans le manuscrit de Lyon, après le feuillet 33, il manque le dernier 
feuillet dun cahier; or, le ms. 6 de Ubri commence par un dernier 
feuillet de cahier. De plus, sur le feuillet 33 du manuscrit de Lyon se termine 
une homélie de saint Augustin intitulée : Incipit de symholo sancti Agastini; et 
le premier feuillet du ms. Ik de Libri commence par une autre homélie 
de saint Augustin qui a pour rubrique : Incipit aUa ejusdem de symbalo. A 
lappui de Thypothèse de M. Caillemer, je ferai observer que l'écriture du 
ms. h de Libri me parait identique avec Técriture du ms. S*)! de Lyon; 
on en peut juger en rapprochant deux fao-similés que je mets sous les 
yeux de l'Académie : le premier porte sur une ligne du ms. k de Libri , le 
second sur une page à peu près entière du ms. 5ai de Lyon^ Il convient 
encore de faire remarquer une pmticularité qui , à elle seule , rend très sus- 
pecte 1 origine du ms. U de Libri : on y lit sur la dernière page la note Est 
S. Johannis in VaUe, dans laquelle Zangemeister a reconnu une supercherie 
de Libri. 

Je nai plus à parler du n"* 5 du fonds Libri. G est le P^utier dont il a été 
question un peu plus haut, et qui est un débris du ms. 35 1 de Lyon. 

Avec le n"" 6 du même fonds nous revenons à Tours. C'est, en effet, à la 
bibliothèque de Tours qua dû être volé le texte des Prophètes, ainsi men« 
tienne dans le catalogue de Libri : a Corpus prophetarum, manuscrit sur vé- 
lin, en lettres oneiales, à deux colonnes, in4blio, du v"" ou du vf siècle, o 

Voici rhistoire de ce manuscrit telle que je la comprends. 

En 1 754 , dom Gérou signalait dans la bibliothèque de Marmoutier, sous 
le n"" 90, un volume in**f€lio, qu'il considérait coimne de la plus haute anti- 
quité, et dans lequd se trouvait, avec qudques lacunes, le texte d'Isaîe, dé 
Jéréraie, d'Eséchiei el de Daniel. («Ce manuscrit, dit^il^ de format in-folio 
minori , est de la plus hante antiquité. Il est au plus tard du ix"" siècle ; il con- 
tient les prophéties d'Isaîe, de Jérémié» d'Ezéchiel, avec le commencement 

^ L*examen que M. Havet et moi nous avons hypothèses de M. Caillemer étaient rigoureuse 
fait au Musée britannique, le 7 mars i883, ment exactes, 
du ms. i de Libri a démontra que toutes les * Ms. 1^78 de la bibUotfaèqne de Tours. 



du premier chapitre de la prophétie de Daniel. On a de la prophétie dlsaîe 
depuis le vingt-huitième chapitre jusqu'à la fin. Le dernier chapitre de la 
prophétie d'Ezéchiel manque avec la moitié du chapitre précédent. La pro- 
phétie de Jérémie y est en entier. » 

Ghalmel vit ce manuscrit à la bibliothèque de Tours, et dans les notes 
qu il a écrites en 1 807 ^, il a pris soin de faire remarquer que le dernier 
feuillet d*Ëzéchiel y finissait par les mots in ripù ejas (xLvn* 1 a). 

Ghauveau, qui lavait fait admirer en i838 aux membres du Congrès 
archéologique, lenregistra sur son catalogue, où il est facile à reconnaître 
dans larticle suivant : a Prophétise Isaiae , Ezechielis et Jeremiœ. Parchemin , 
n* 90, vu* siècle. Volume in-folio. Marmoutier. » 

Ce vénérable manuscrit frappa, en 1 84!i , lattention de Libri, qui, en re- 
gard de la note de Chauveau, mit ces mots : «Et partim Danielis, vi* siècle. 
Folio» » 

^rès le passage de Libri , lancien texte des prophètes disparaît de Tours. 
C'est lui, je nen doute pas, qui est passé en 18&7, sous le n* 6, dans la col- 
lection d'Ashbumham-nace. Si Ton examine attentivement ce manuscrit 
n"* 6 , en tenant compte des altérations frauduleuses auxquelles il a pu être 
soumis, on y trouvera, j'en suis persuadé, toutes les particularités que dom 
Gérou et Chalmel avaient observées dans le ms. 90 de Mannoutier. 

On y remarquera encore, sans aucun doute, chacun des traits que les 
auteurs du Nouveaa traité de diplomatique ont relevés dans leur description 
d*un manuscrit de l'Ancien Testament de f abbaye de Mannoutier. «H est, 
disent-ils ^, en lettres onciales et ne commence qu'au chapitre xxvn d'Isaie. 
Le V initial de la prophétie de Jérémie est en or et erba en vermillon... Sur 
la dernière page des cahiers, qui sont de quatre feuillets, il y a des signatures 
en nombres romains, précédés de la lettre Q, qui signifie quaienUo; elles 
sont placées tantôt au-dessous de la première colonne et tantôt sous la se- 
conde. » Et ailleurs ^ : « Ce livre est écrit en lettres onciales, à gros trait, un 
peu écrasées, avec lesquelles concourt l'écriture minuscule caroiine com- 
mençante. Les mots y sont ordinairement confondus. Il y a plus de trois 
cents pages où l'on n'aperçoit presque nulle ponctuation. Les premières 
lettres des livres sont capitales. Celles des alinéas qui commencent les versets 

^ Ms. 1 396 de la bibliothèque de Tours. — < T. III. p. 176. — ? T. iil, p. aSi. 



,( 41 ).*4— 

sont onciales et deux fois plus grandes que celles du texte, qui n*est point 
divisé par chapitres. Il n y a que les Lamentations de Jérémie et la Prophétie 
de Daniel qui aient des titres; mais ils sont d*une autre main... Ce manu- 
scrit, à deux colonnes, réunit tous les caractères du vu* siècle.» Ajoutons 
encore, d'après le fac-similé des bénédictins ^ que les premières lignes de 
Jérémie doivent être ainsi coupées : 

VERBA HIEREMIAE 
FILI HELCHIAE DE SA 
CERDOTIBVS QVI FVE 
RVNT IN ANATHOT 
IN TERRA BENIAMIN 

En voilà plus qu'il nen faut pour vérifier si, comme je l'annonce, le 
ms. 6 de Libri répond bien à l'ancien n"" 90 de M armoutier ^. 

Le n^ 7 du fonds Libri est aujourd'hui vacant. C'était la place de cette 
copie du Lévitique et des Nombres, que j'ai démontré, en 1878, avoir été 
volée dans le Pentateuque de Lyon , et que le comte d'Âshburnham , vaincu 
par l'évidence des faits, a restituée en 1880 à la ville de Lyon. 

Nous sommes très mal renseignés sur le n"" 8 de Libri. Tout ce que nous 
en savons jusqu'à présent, c'est qu'il est relatif à l'Ancien Testament et qu'il 
est écrit à longues lignes, partie en caractères onciaux, partie en caractères 
mérovingiens du viii* siècle. C'est trop peu pour qu'il soit prudent d'émettre 
une conjecture ^. 

Mais, pour le n"* 9 , je puis affirmer que c'est le produit d*un vol commis 
dans la bibliothèque d'Oriéans. Le catalogue de Libri annonce simplement 
des sermons de saint Augustin, en lettres ondales, à longues lignes, avec de 



« Planche XLIV. 

' Le 7 mars i883, M. Jolien Havet et moi 
noas avons trouvé dans le ms. 6 de Libri 
tontes les particularités que les auteurs du 
Nouveau traité de diplomatique , dom Gérou, 
Ghalmel et Libri lui-même avaient sigudées 
dans le ms. 90 de Marmoutier. 

> L'eiamen que M. Julien Havet et moi 
avons fait, le 7 mars i883, des quarante-trois 
feuillets dont se compose le nis. 8 de Libri 
nous y a fait reconnaître un fragment de la 
compilation d'£ugyppius. Je suis en mesure de 



démontrer que ces quarante-trois feuillets ont 
fait partie d*un manuscrit de Saint-Martin de 
Tours, lequd figure en ces termes sur un ca- 
talogue du xviu* siède : • Excerpta ex operibus 
sancti Augustini. 1 1 pouces et demi sur 7 pouces 
et demi. De {dusieurs mains, tiii* siècle. De 
diverses écritures, savoir: demi-onciale, mi- 
nuscido<cur8ive, onciale pure, cursive médan- 
gée. » Papiers de Bréquigny, volume XXX.IV, 
fol. 37 v^ — Voyez ma Notice sur les manu- 
scrits disparus de la bibliothèque dâ Tours, 
p. 55. 



— 1^( 42 ).« — 

grandes lettres initiales en couleur, in-foiio, du vn* siècle. Heureusement le 
docteur Karl Zangemeister en a communiqué, en 1876, à TÂcadémie de 
Vienne une description qui nous fait connaître le manuscrit à peu près aussi 
exactement que si nous i avions sous les yeux. Il se compose de vingt-quatre 
feuillets, contient treize homélies et est orné d'initiales peintes ^ dont le prin- 
cipal motif consiste en poissons. Parmi les homélies dont Zangemeister a 
relevé les rubriques et les premiers mots , il y en a deux de saint Âmbroise , 
dont le texte, trouvé par les bénédictins dans un très ancien manuscrit de 
Fleuri, a paru pour la première fois en 1690 dans lappendice aux Œuvres 
de saint Âmbroise ^ ; de plus, Zangemeister a enregistré trois homélies de 
saint Augustin , intitulées : Incipit tractatus die sabbato..,, Incipit tractaius die 
dominica qaeni dixit ad memoriam $(mctorum.,.,ei Incipit alias sermo quem dixit 
ad basilicam majorem eodem die. Ces trois homélies de saint Augustin ont été 
citées par les bénédictins^, au xvn* siècle, comme se trouvant dans un très 
ancien manuscrit de Fleuri-sur-Loire. D après leur témoignage, elles s y 
présentaient dans fordre et avec les rubriques que nous offre le ms. 9 
de Libri. Au dire des bénédictins, la rubrique de la deiuième homélie était 
à moitié détruite [Semesas titalas) dans le manuscrit de Fleuri, et Zange- 
meister nous avertit que la même rubrique, dans le manuscrit de Libri, a 
subi un grattage [eine halbe Zeile aasradirt). On peut donc affirmer que 
le manuscrit de Libri est celui qui a passé sous les yeux des bénédictins. 
Mais, quand on rencontre dans la collection de Libri de très anciens vo- 
lumes composés d*un petit nombre de feuillets, il est à peu près certain 
qu on est en présence de cahiers arrachés à des manuscrits de nos biblio- 
thèques françaises. Il fallait donc rechercher le volume de Tabbaye de Fleuri, 
copié en lettres onciales, orné de grandes initiales à poissons, dans lequel 
Libri avait pu prélever vingt-quatre feuillets. Or, en relisant ces jours der- 
niers le catalogue des manuscrits d'Orléans, publié en 1 8ao par Septier, je 
remarquai sous le n® 1 3 1 un recueil de sermons , en lettres onciales , pro- 
venu de. Tabbaye de Fleuri. J'écrivis immédiatement au savant bibliothé- 
caire d'Oriéans, M. Jules Loiseleur, pour lui demander si le ms. i3i 
n'avait pas éprouvé des malheurs, et pour le prier de me communiquer ce 
manuscrit dans le cas où il y aurait noté des lacunes. Le lendemain, je re- 

^ Col. 471 et 47a* — ' «s, Auputini opwa, t. V, col. io44. 1067 et io58, serai. GGLIII, 
CCLVn et CCLVIII. 



.(43> 

cevais le ms. 1 3 1 . C'était bien l'antique volume dont s'étaient servis les 
bénédictins du xvn* siècle, un de ces monuments de l'époque mérovin- 
gienne dont la vue fait palpiter le cœur d'un paléographe. 

Il me suffit de l'ouvrir pour m'assurer que les trois homélies de saint Au- 
gustin et les deux homélies de saint Ambroise , dont je parlais tout à l'heure , 
n'y figuraient pas, mais qu'elles en avaient jadis formé les articles Si , 5â , 
53, yi et 76, 

Un examen plus approfondi me fit reconnaître qu'on en avait enlevé les 
trois cahiers dont a été constitué le ms. 9 de Libri. Il serait trop long 
d'en déduire ici les preuves. Je me contente d'afiSrmer que les vingt-quatre 
feuillets du ms. 9 de Libri sont en réalité les pages 98<ii3, !248-a63 
et 3 a 8-3 /i 3 du ms. i3i d'Orléans; il renferme les treize homélies qui, 
dans ce manuscrit d'Oiiéans, portaient les n*** a i-a3 , 5i-54 et 7 1-76^ 

Le ms. 9 de Libri est donc le fruit d'un vol commis à Orléans; il 
ne vient donc pas d'Italie, comme on avait voulu le faire croire , en y inscri- 
vant la note £5^ Sancti Peiride Perasio, note qui était déjà un indice que le 
manuscrit provenait d'un vol, puisqu'on n'avait pas reculé devant un faux 
pour en cacher l'origine. 

Je ne discuterai pas longuement la provenance du ms. 10 de Libri: 
un Oribase en lettres semi-onciales du vu* siècle. M. le docteur Daremberg 
et ses collaborateurs croyaient qu'il avait été dérobé à Troyes. A l'appui 
de cette conjecture , il convient de remarquer que la ville de Troyes a perdu 
un Oribase, qui figure sur le catalogue des manuscrits du collège de Troyes 
dressé par Grosley au milieu du xviii' siècle. Une circonstance qui porte à 
croire que le manuscrit de Troyes est bien celui de lord Ashbumham , c'est 
que celui-ci contient les fragments de huit livres d'Oribase, ce qui est par- 
faitement d'accord avec la désignation donnée par Grosley^ : Uribasii medici 
opéra, in octo Ubros. 

Le cas du n" 1 1 de Libri est assez singulier. Tout ce qu'on en sait se réduit 
à la note suivante du catalogue imprimé: «Omelise variœ, manuscrit sur 

' M. Havel et moi nous avons constaté, le chiffre 343 est même, par suite d*un oubli, 

7 mars i883, que le ms. 9 de Libri se com- resté intact an haut dn folio ad recto. Pour cet 

posait bien des pages 98-113, a 48-3 6 3 et 338- artide, nos constatations ont été d*aatant plus 

343 du ms. i3i d'Orléans. Les traces de Tan- rigoureuses que j'avais apporté au Musée britan- 

cienne pagination sont encore reconnaissaUes, nique le ms. i3i de la ville d*Orléan.s. 
malgré le soin qu'on a pris de les gratter; le * Vie de Pierre Pitkon, t. Il, p. 28a. 

6. 



( 44 }.♦♦— 

vélin , en lettres onciales avec beaucoup de majuscules en couleur, à lon- 
gues lignes, in-folio, du vn* siècle. Voyez le fac-similé n^ 1 1.» J*ai voulu 
voir le fac-similé n"" 1 1 , et j ai été frappé delà ressemblance que ce fac-similé 
présente, d'une part, avec le calque dune ligne du ms. 9 de Libri, et, 
d*autre part, avec le ms. i3i d*Orléans. Non seulement les écritures sont 
semblables, mais la longueur des lignes est la même dans les trois manu- 
scrits, un peu moins de 20 centimètres. Voici ce qui est arrivé : 

On a arraché dans le ms. i3i d*Orléans soixante-quatre feuillets, savoir 
les pages 98-1 13, i68-a63 et 328-3/i3; j*ai montré tout à Theure que 
vingt-quatre de ces feuillets ont servi à constituer le ms. 9 de Libri. Il 
en restait quarante, dont le voleur a dû former un second manuscrit, le 
n"* 1 1 de la collection de Libri. Sans avoir vu jamais ni le ms. 1 1 , ni au- 
cune description de ce ms. 11, sinon la note informe ci-dessus rapportée, 
je crois être certain qu'il comprend tout ou paràe des quarante feuillets 
du ms. i3i d'Orléans, jadis paginés i68-a&7, et quon doit y trouver tout 
ou partie des douze homélies cotées 39-60 et indiquées comme il suit dans 
une table datant du xvii' siècle : 

n Item homilia sancti Johannis de Cruce. 

(c Item homilia de Joseph qui corpus Domini petiit a Pilato. 

« Item sermo de Cruce. 

«Item homilise quatuor divi Augustini de passione Domini Jesu Christi. 

«Item tracta tus duo ejusdem in die sancto Paschœ. 

a Item tractatiis pro singulis feriis hujus hebdomads de eodem sancto 
Augustino. )) 

L'hypothèse que j'émets sur le contenu du ms. 1 1 de Libri semblera 
peut-être téméraire. Je crois cependant que l'examen du manuscrit lui-même 
la justifierai 

C'est à peu près dans les mêmes conditions que je propose une conjec- 
ture sur le contenu et sur l'origine du ms. 1 2 de Libri. Ce manuscrit 
est ainsi mentionné sur le catalogue imprimé: «Expositio in Leviticum. Ma- 

' Le 7 mars i883, M. Havet et moi nous voleur a essayé de faire disparaître, sont en- 

avons reconnu que le ms. 1 1 de Libri se com- core parfaitement visibles ; on y trouve les bo*. 

pose de quarante feuillets qui ont jadis formé mélies Sg-So , dont les numéros d*ordre sont 

les pages 1 68-3^7 du ms. i3i d^Orléans; restés intacts, tels qu'on les avait marqués au 

les traces dé Tancienne pagination , que le xvii* siècle dans Tabbaye de Fleun-sur-Loire. 



.( 45 ). 

nuscrit sur vélin, en lettres pnciales, à longues lignes, in-folio, du vi* siècle. 
Voyez le fac-similé n" 12.» En me reportant au recueil de fac-similés re- 
trouvé dans les papiers de Libri, je fus frappé de la ressemblance qui existe 
entre le fac-similé n* m et Técriture du ms. 872 de Lyon. Or, le ms. 872 
de Lyon est une très ancienne copie du commentaire dOrigène sur la 
Genèse, TExode et le Lévi tique, copie dans laquelle manquent les deux pre- 
miers livres du commentaire sur le Lévitique. Nul doute que ces deux pre- 
miers livres n aient été soustraits et n aient servi à former le ms. 1 2 de Libri. 
Pour montrer combien ma conjecture est vraisemblable, je mets sous les 
yeux de TÂcadémie le fac-similé dune ligne du ms. 1 2 de Libri et le fac- 
similé de deux pages du ms. 872 de Lyon^ 

Je n ai pas â revenir sur le n"" 1 8 de Libri. G est le Pentateuque de Saint- 
Gatien, dont j*ai fait lliistoire au commencement de la présente notice. 

Le n° 1 4 est, lui aussi, un manuscrit volé à la bibliothèque de Tours. Les 
vicissitudes méritent d'en être racontées avec quelques détails. 

Par son testament, qui doit être rapporté à f année 476 , Perpétue, évêque 
de Tours, légua à Euphrone un livre des évangiles qui avait été copié par 
saint Hilaire, évéque de Poitiers: « Evangeliorum librum quem scripsit Hila- 
rius, quondam Pictaviensis sacerdos^. » Au xvn* siècle, on montrait dans 
le trésor de Saint-Gatien un antique exemplaire des évangiles, qui, suivant 
une tradition , aurait été lexemplaire possédé par Perpétue et transcrit par 
saint Hilaire. En 1698, dom Constant enregistra cette tradition sans Fap- 
puyer, mais aussi sans la contredire ^. Dom Thierry Ruînart fut moins réservé. 
Il rejeta cette attribution et déclara sans hésiter que Tévangéliaire de Saint- 
Gratien, écrit en lettres saxonnes, datait au plus tôt du milieu du vu* siècle, 
puisqu'une inscription placée en tète mentionnait la découverte des reliques 
de saint Innocent, qui eut seulement lieu vers le milieu du vif siècle^. Ce 
furent sans doute les judicieuses observations de Ruinart qui décidèrent les 
chanoines Jouan et d'Avanne à passer sous silence l'origine légendaire des 
évangiles de la cathédrale de Tours; ils se contentèrent de les annoncer, au 

I Comme je Tavais supposé, ie ms. 12 163. Nous Tavons reconnu , M. Havet et moi, 

de Libri contient les deux premiers livres du de la façon la {dus positive, le 8 mars 1 883. 
oommentaire d^Origène sur le Lévitique. Les * Pardessus, Diplomaia, 1. 1, p. ad. 

treise feuillets dont fl se compose sont ceux ' Sancti Hilarii opéra, col. cxxi. 

dont j'avais signalé rabsence en 1880 dans le * S, Gregorii ep. Toron, operum appmdiv, 

ms. 87$ de Lyon, en're les folios 161 et p. i3i8. 



— «.( 46 > 

n*" 8 de leur catalogue, comme ayant plus de mille ans d antiquité : «Codex 
evangeliorum scriptus ante annos millet » Avec moins de prudence, les au- 
teurs du Gallia chrisliana déclaraient en i yao avoir vu dans la bibUothëque 
de Saint-Gatien de Toiu's un ancien exemplaire des évangiles, qui passe, 
disent-ils, pour avoir été copié par saint Hilaire et légué par saint Perpétue 
à Téglise de Tours ^. 

G*est aux auteurs du Nouveau traité de diplomatique^ que reste le mérite 
d*avoir exactement défini les caractères du vieil évangéliaire de Saint-Gatien. 
Us ont montré que ce livre, écrit en caractères anglo-saxons, était postérieur 
au milieu du viii* siècle. Il avait été copié par un certain Holcundus, qui 
s*est fait connaître par une souscription aussi prétentieuse que barbare. 
L*étrangeté de ce manuscrit avait frappé les bénédictins. Par la description 
détaillée qu'ils en ont donnée, et mieux encore par lemploi quen ont fait 
dom Galmet, dom Sabatier et Blancbini, on voit quel intérêt présentait 
révangéliaire anglo-saxon de Saint-Gatien. 

Libri le vit à Tours en i842. En effet, Ghauveau lavait mentionné sur 
son catalogue dans les termes suivants : aGodex evangeliorum. Parchemin, 
n** 8 , VIII* siècle. Un volume in-4''. Saint-Gatien. » La date proposée par 
Ghauveau n ayant pas paru exacte à Libri, il la rectifia en ajoutant sur le ca- 
talogue la mention vu* siècle. Or, cinq ans plus tard , le même Libri vendait 
au comte d'Ashbumbam un évangéliaire qu'il décrivait ainsi : 

aGorpus evangeliorum. Manuscrit sur vélin, en lettres visigothiques ou 
anglo-saxonnes, à longues lignes, in-folio, du vi* ou du vu* siècle. En tête de 
chacun des quatre évangiles contenus dans ce précieux manuscrit, par&ite- 
ment conservé, se trouve une grande page peinte en arabesque, avec des 
figures d'animaux, etc. , et des caractères dune forme bizarre. » 

Il n'est pas nécessaire de démontrer que le ms. i à de Libri est l'an- 
cien ms. 8 de Saint-Gatien de Tours. L'identité des deux manuscrits a été 
reconnue par le dernier comte d'Âshbumham , dans une lettre que j'ai entre 
les mains^. 

Telles sont les observations que m'a suggérées l'examen des très anciens 

' Bibliotkeca sanctœ ac metropolitanm ecclesim * Le 8 mars i883, M. Havet et moi nous 

Tnronensis, p. 3 , n* 8. avons constaté que ie ms. i4 de Lilni est bien 

* Gallia christiana, i.li^coh iiiii. le même que le m s. 8 de Saint<Galien de 

» T. m, p. 86 et 383. Tours. 



— «•( 47 )^^ — 

manuscrits du comte d*Âshburnham, de ces manuscrits quon cite à bon 
droit comme suffisants pour illustrer une bibliothèque particulière et la faire 
marcher de pair avec les grandes et anciennes bibliothèques publiques de 
TEurope. On a vu à quoi se réduisent les quatorze volumes par lesquels 
cette classe de livres est représentée dans le fonds Libri ; selon toute vraisem- 
blance, six ont été volés à Lyon, quatre à Tours, deux à Orléans et un à 
Troyes * . 

Si je passais en revue d'autres catégories de manuscrits, j'arriverais à des 
résultats analogues. Je me hâte d'ajouter que la proportion ne serait pas 
aussi forte. Il y a cinquante ans, on ne pouvait guère se procurer des ma> 
nuscrits en lettres onciales qu'en pillant les dépôts publics; la mise en vente 
d'un tel monument mettait en émoi les bibliopliiles et les bibliothécaires de 
tous les pays. Mais il y avait alors sur le marché ime masse énorme de ma- 
nuscrits du moyen âge et des temps modernes ; à coup sûr, Libri en a acquis 
beaucoup, soit à l'amiable, soit dans les ventes publiques, mais, bien sou- 
vent aussi , pour ces livres d'un ordre relativement secondaire , il a trouvé 
plus commode et plus économique de prélever ce qui était à sa convenance 
dans les dépôts publics. On en aura des preuves nombreuses et irréfutables 
dans un travail que je prépare sur les vols jadis commis à la bibliothèque 
d'Orléans, et surtout dans un mémoire qui va paraître sous les auspices de 
l'Académie. A ce mémoire intitulé : Notice sar les manuscrits disparas de la 
bibliothèque de Tours pendant la première moitié du xix* siècle^, j*emprunte un 
seul exemple qui met en pleine lumière les procédés employés par Libri 
pour battre monnaie avec les manuscrits de nos bibliothèques publiques. 

Au milieu du xviif siècle, Bréquigny analysa avec beaucoup de soin un 
manuscrit de Saint-Martin de Tours, le n*4îi , dans lequel avaient été copiés, 
au IX* siècle, beaucoup de morceaux scientifiques et historiques. Le savant 
académicien y distinguait trois parties : la première contenait le traité de Bède 
sur la nature des choses et la chronique du même auteur; la deuxième se 
composait d'une vingtaine de pièces relatives au comput, à la chronologie, 
aux poids et aux mesures; dans le troisième, on avait l'Arithmétique de 
Boèce, suivie des Phénomènes d'Aratus. Le volume était encore intact, à 

^ Depuis mon voyage à Londres, je dois ma- ils ont tous été volés , sii à Lyon , cinq à Tours # 
difier comme il suit la conclusion de ma notice deux à Orléans et un & Troyes^ 
sur les quatorie premiers manuscrits de Libri : * Voyei plus haut, p. 17^ 



— «.( 48 y 

la bibliothèque de Tours « il y a une quarantaine d*années, lors de la rédac- 
tion du catalogue de Ghauveau. Aujourd'hui la ville de Tours n en possède 
plus que quarante-neuf feuillets; le reste a été déchiqueté et si bien dénaturé 
qu on en a formé trois nouveaux manuscrits, les n°* 3o, 87 et 88 du fonds 
Libri; lun deux, le n° 87, a été enrichi dune mention fraudideuse : Est 
SanctiJoannis in Valle, mention que nous avons déjà vu le faussaire inscrire 
sur un des manuscrits volés à Lyon. On verra, dans mon mémoire, com- 
ment il faut combiner les trois manuscrits de Libri avec le ms. 334 de 
Tours, pour rétablir dans son ensemble un volume qui ofire un réel intérêt 
pour rhistoire scientifique du ix* siècle ^ 

Si je navals déjà abusé de l'attention de l'Académie , je citerais bien d'au- 
tres exemples de mutilations, d altérations, de retranchements et d'additions 
non moins coupables. 

Ce n'est donc pas seulement contre des vols audacieux que nous avons à 
protester. Nous nous trouvons en présence d'actes de vandalisme qui ont eu 
pour résultat de supprimer ou de défigurer des textes précieux pour la lit- 
térature et l'histoire. De telles malversations, auxquelles le droit interna- 
tional peut assurer l'impunité, n'en doivent pas moins à tout jamais soulever 
l'indignation publique. Que les hommes éclairés de toutes les nations s'en- 
tendent donc pour flétrir les pirates littéraires qui vont clandestinement 
porter à l'étranger le fruit de leurs rapines. Qu'ils unissent leurs efforts pour 
empêcher le trafic d'objets qui ne sauraient entrer dans le commerce, puisque 
les monuments d'art et de science déposés dans les établissements publics 
forment un domaine inaliénable, à l'intégrité duquel le monde savant tout 
entier doit s intéresser. 

' J*ai vérifié avec M. Julien Havet que les Tancien ms. 43 de Saint-Martin, lequel était 
mss. 3o, 87 et 88 de Libri doivent être réu- encore intact à la bibliothèque de Tours eu 
nis au ms. 334 de Tours pour reconstituer i842. 



^( 49 ) 



NOTE SUR LE MS. 517 DE LYON, 

DONT UN MORCEAU A SERVI À FORMER LE MS. 2 DE LIRRI. 



OPUSCULES DE SAINT JÉRÔME. 

Le ms. 5 1 7 de Lyon contient divers opuscules de saint Jérôme , savoir : 

Fol. 1. Fragment commençant par les mots : « prudens lector, cave semper supersti- 
tiosam intellegentiam ut non tuo sensui . . • >. 

Fol. 6 v". ^ -f" Incipit de expositione quattuor profetarum, id est Abdiae, Nauop , Jonae 
et Ambacuc. Inperitus commentatur est qui tam obscurae . . . > 

Fol. 13. <( Incipit de epistula sancti Hironimi pre&biteri ad Agarunitiam. Multae sunt 
virtutum species qua; sectatoribus suis tribuunt régna caelorum ...» 

Fol. 17. t Incipit ad Paulinum. lUa est vera necessitudo et Chrisli glutino copulata 
quam non utilitas rei familiaris non praesentia. . . ■ 

Fol. 19 v"*. « Incipit ad Paulinum. Hominîs sapientia non annorum. • . r 

Fol. a3. «Incipit ad Rusticum. Nihil eo fortius qui vinciL diabulum, nihii inbeciliius 
qui a carne superalur . ^ . » 

Fol. 33. «Incipit ad Eliodorum de morte Nepotiani. Grandes mateiias ingénia parva 
non sufferuht, et in ipso conatu ultra vires causa subcumbunt. . . ■ 

Fol. à2, «Incipit ad Pammatium de dormitione Pauline. Sanato vuineri et in cica- 
tricem. . . » 

Fol. â8 v*". n Incipit ad Ocianum de morte Fabiolae. Qui viro sanctum adque perfectum 
laudare voluerit quicquid primum arripuerit . . . i» 

Fol. 5i. « Incipit ad Amandum. Suffecit nobis de praesentibus hujus saecuii angusiiis 
cogitare ...» 

Après le fol. Sa manquent 19 feuillets, savoir le dernier feuillet du ca- 
hier VII, le cahier VIII, le cahier VIIII et les deux premiers feuillets du ca- 
hier X. Ces 1 9 feuillets ont été arrachés pour former le ms. 2 de Libri qui 
contient : 

Fol. 1. «Incipit ad Neputianum. Multa corporis bella. . . » 

Fol. 4 v". « Incipit ad Eliodorum. Quid facis monache in paterna domo ...» 

Fol. 10 V*. « Incipit ad Eufemia. Muiti juvenes servientes Deo. • . * 

Fol. i4 v". « Incipit ad Eustochium. Non expedit adpraehenso aratro respicere. . . » 



I 

f 



.{ 50 ). 

Fol. 16. «Incipiunt sententiae generalis. Doclus oratur plures sermones paucîs ver- 
bis. .. » 

Fol. 1 8. c Incipit ad Rufinum. M ultum în utramqtie |>arteai crebro . . . > 

Du fol. ig du ms. a de Libri il faut aller au fol. 53 du manuscrit de 
Lyon pour rétablir Tordre primitif du volume. 

Ce fol. 53 commence par un fragment dont les premiers mots sont : • hue illuc quae 
discurnint. . . ». 

Fol. 53. • Ad matremet Ciliam. Interdum virgo filia a vidua maire dividitur. . . » 

Fol. 53 V*. « De[lau]de sancta PauLi. Si cuncta corporis membra veterentur (51c) in 
linguas . . . • 

Fol. 54' « De elimosinis. Quis eloqui polest di versas hominum infirmitatis. . . ■ 

Fol. 55. titcm de elymosinis. Vir fidelis et ardentîs fidei dispensationem paecu- 
niae ...» 

Fol. 55 v"*. «Item de elymosinis. Habeoopes, facile tibi est victus subsidia minis- 
trare. . . » 

Fol. 56 v**. « Item de elymosinis. lUis tribuae elymosinam qui non. . . » 

Fol. 58 v°. «Ad Principiam virginem. Defecerunt Sarrae. . . » 

Fol. 60 v**. c Ad Elvidium. Graeca narrât historia cum quidam vulgo esset ignotus. • . » 

Fol. 6 1 v°. « Ad Hebidiam. Omnes divitiae de iniquitate ...» 

Fol. 6a. «Ad evangelium de Melchisedech. Si vas electionis interdum stupet ad mys- 
teria script urarum ... ». 

Fol. 6a v". «Ad Vigilantium. Sicut ad proprias injurias pacientes. . . » 

Volume en parchemin. 80 feuillets, non compris ceux qui ont été arra- 
chés pour former le ms. 2 de Libri. lio millimètres sur 160. Écriture on- 
ciale à longues lignes du vf siècle. 1 5 lignes à la page. Un caractère distinctif 
de cette écriture, c'est la longueur des traits effilés par lesquels les I se pro- 
longent au-dessous du niveau des lignes. 

Aux fol. 6 v\ 1 a , 17, 1 9 V®, 28 , 33 , 4a , 48 v° et 54 , titres en capitales 
dont les contours sont tracés à Tencre et dont les pleins sont enluminés en 
rouge , en vert ou en jaune. 

A beaucoup d'endroits , le commencement des alinéas est alternativement 
rouge, vert et jaune. 

Sur les marges d'un grand nombre de feuillets ont été tracés en abrégé 
des mots qui indiquent le sujet auquel se rapporte le passage copié en re- 
gard : «Virg[ines], Sac[erdotes] , Mart[yres], Mor[tui], Mon[achi], Vid[uae], 
Paen[itentes] , Cl[erici] , El[emosynae] )>. — Souvent revient la note : « Ge- 
n[eralis] ». 



— •-••( 51 )•« — 

Composition des cahiers : 

I,.£ol. 1-5. Les trois premiers feuillets manquent; il y en a des vestiges 
repliés entre les fol. 5 et 6. — II, fol. 6-i3. — III, fol. ilx-21. — IV, 
fol. 22-29. — V, fol. 30-37. — VI, fol. 38-45. — VII, fol. 46-52. 
Manque le dernier feuillet de ce cahier. Il se trouve dans le ms. 2 de Libri 
avec les cahiers VIE et IX et les deux premiers feuillets du cahier X. — 
X, fol. 53-58. Manquent les deux premiers feuillets de ce cahier. — XI, 
fol. 59-66. — XII, fol. 67-74. — XIII, fol. 75-80. Les deux derniers 
feuillets de ce cahier manquent. 

On lit les signatures I sur le fol. 5 v**, II sur le fol. 1 3 v°, III sur le fol. 2 1 
v^ mi sur le fol. 29 V*, V sur le fol. 37 v", VI sur le fol. l\5 v^ [VII sur le 
fol, 1 V* du ms. 2 de Libri, VIII et VIIII sur les fol. 9 v*' et 1 7 v^ du même 
ms.], X sur le fol. 58 v* et XII sur le fol. 74 v*. 



OBSERVATIONS 



SUR 



PLUSIEURS MANUSCRITS DU FONDS BARROIS' 



La mission que M. Paul Meyer vient de remplir ^ avec tant de bonheur en 
Angleterre nous a procuré, entre autres avantages, celui de pouvoir étudier 
en détail la merveilleuse collection de manuscrits qii a rassemblée lord Ash- 
burnham , et dont nous n avions en France qu une idée fort confuse. Jusqu a 
ces derniers temps on s imaginait généralement que les trésors amassés à 
Ashburnham-Place étaient à peine connus de leur propriétaire, qui, disait- 
on , les dérobait avec un soin jaloux à la curiosité des érudits. On a vu com- 
bien cette opinion était fausse, quand on a appris quau mois de novembre 
dernier lord Ashbumham avait fait à M. Meyer les honneurs de sa biblio- 
thèque avec la plus gracieuse courtoisie , et lui avait offert deux exemplaires 
de ses catalogues , lun pour lui , l'autre pour le département des manuscrits 
de la Bibliothèque impériale. Une telle libéralité assure au noble lord la re- 
connaissance de tous les savants français. En mon particulier, j y ai été d au- 
tant plus sensible que, grâce à lamitié de M. Meyer, jai été lun des pre- 
miers à pouvoir en apprécier la portée. Mon jeune confrère était à peine de 
retour à Paris qu il me prêtait son exemplaire des catalogues de lord Ash- 
burnham , en m annonçant que j y trouverais de curieux renseignements sur 
les débris de plusieurs anciennes bibliothèques dont Thistoire a depuis long- 
temps attiré mon attention. 

Je commençai par examiner le catalogue de la collection que lord Ash- 
bùrnham a acquise de M. Barrois en iSAg', et qui est si précieuse pour 
l'histoire et la littérature du moyen âge. Dès que j'en eus parcomii les pre- 

^ Biblioth, de t Ecole des chartes, 6* série, ' \o^.Biblioth.derEcoledes chartes, 2* iéiie^ 

t. n , p. 1 93 et 8uiv. t. V, p. 391 . — M. Desnoyers a donné dans leBo^ 

* Dans la seconde moitié de Tannée 186 5. letin de la Société de Vhistoire de France, année 



— ^>{ 54 )•« — 

mières pages, je fus frappé de la ressemblance que plusieurs des volumes 
décrits dans le catalogue présentent avec certains manuscrits dont j avais déjà 
eu l'occasion de m*occuper. Arrivé au n** i o , je remarquai une reliure de 
Charles IX, et au n° 65 une reliure de Henri IL Je m assurai sur-le-champ 
que la Bibliothèque impériale ne possédait plus deux manuscrits reliés Tun 
aux armes de Charles IX, lautre aux armes de Henri II, dont le contenu 
répondait exactement au contenu des mss. lo et 65 de la collection de 
M. Barrois. Cette observation fut pour moi un trait de lumière, et je me 
demandai si M. Barrois , dont la bonne foi avait été au moins une fois ex- 
ploitée par des spéculateurs peu délicats ^ et chez qui s était trouvé iexem- 
plaire d'Ogier le Danois volé à la bibliothèque de Tours, n aurait pas acquis 
plusieurs des manuscrits qui ont été soustraits à la Bibliothèque du roi vers 
Tannée 1 84o ^, et qui ont laissé dans nos armoiresun vide déplorable. Je com- 
parai donc le catalogue de la collection de M. Barrois avec les notices de 
tout genre que j'avais pu me procurer sur les manuscrits volés à la Biblio- 
thèque, et j'obtins bientôt la preuve qu'une trentaine des plus précieux vo- 
lumes dont nous avons été dépouillés avaient été recueillis par M. Barrois. 
Les uns sont encore intacts; les autres ont été découpés en plaquettes, soit 
que les voleurs aient voulu par là dissimuler la fraude , soit qu'ils aient trouvé 
plus avantageux pour leur trafic de multiplier le nombre apparent des ma- 
nuscrits. 

J'ai cru qu'il était utile de signaler ces faits et d'indiquer la route qu ont 
prise différents volumes dont la communication a été plus d'une fois demandée 
en vain aux conservateurs du département des manuscrits de la Bibliothèque 
impériale. Le travail que j'entreprends est sans doute fort délicat : je n'ai 
jamais vu, et je ne connais que par des descriptions parfois très imparfaites, 
les volumes qui nous ont été soustraits; je n'ai pas vu davantage les volumes 
possédés par lord Ashburnham. Néanmoins j'espère que toutes mes obser- 



â856« p. 3i3, ane très instructive notice sur 
les goûts et ies travaux de M. Barrois, qui est 
mort le 31 juillet i855. 

* Voy. dans V ÂtkeruBum français du 27 jan- 
vier i855, p. 94 1 rkistoire du faux obélisque 
assyrien qu'un nommé Dropsy avait vendu è 
M. Barrois en juillet i854 pour une somme 
de 5,000 francs. 



* Dans les observations qui vont suivre, on 
verra que plusieurs des manuscrits dont je par- 
lerai étaient encore à la Bibliothèque du roi en 
1837, i838 et 1839, et que Tabsence de plu- 
sieurs fut constatée dès l'année i8d4; mais ce 
fut seulement en 1*848 qu'un récolement gé- 
nérid fit reconnaître l'ensemble des pertes 
qu avait subies le cabinet des manuscrits. 



— i^( 55 )•«- — 

valions porteront sur des faits exacts et que toutes mes oonciusions seront 
acceptées par les juges compétents et impartiaux. 

Comme je m'adresse à des savants, je nai pas cru devoir m'arrêter 
aux objections superficielles que pourraient suggérer des difFérences d'opi- 
nion dans ia détermination des formats et dans iappréciation de iage des 
écritures. Tous ceux qui ont manié des manuscrits savent en effet ce qu'il y 
a d'arbitraire dans la manière d'indiquer le format des livres non imprimés : 
aussi ne s'étonneront-ils pas de voir un même manuscrit qualifié in-quarto 
dans un catalogue , et in-octavo dans un autre. Ils savent aussi la tendance 
que les auteurs du catalogue imprimé des manuscrits latins de la Bibliothèque 
du roi avaient à rajeunir l'âge des écritures, de sorte que tel volume du 
xu* siècle est porté dans leur travail comme appartenant au xni* et même au 
XIV* siècle. 

J'entre en matière sans autres considérations préliminaires, et je vais exa- 
miner fun après l'autre trente-trois volumes qui ont trouvé une intelligente 
hospitalité dans la galerie de lord Ashburnham, et dont la place est restée 
vide sur les rayons du cabinet des manuscrits de la Bibliothèque impériale. 

11 est bien entendu qu'il sera uniquement question ici du fonds de 
M. Barrois. Le fonds de M. Libri , qui forme la première partie des collec- 
tions manuscrites d'Ashburnham-Place, pourrait, lui aussi, donner lieu à de 
curieuses observations; mais le catalogue que nous en possédons, et qui est 
en grande partie l'œuvre de M. Libri lui-même , est rédigé d'une façon très 
sommaire, et il serait impossible d'en tirer des renseignements précis comme 
ceux que nous a fournis l'excellent catalogue du fonds de M. Barrois. Le 
sujet a d'ailleurs été déjà traité par MM. Lalanne et Bordieri dans le con- 
sciencieux ouvrage qu'ils ont publié en i85i sous le titre de Dictionnaire de 
pièces autographes volées aux bibUothèqaes publiques de la France, Ce ne serait 
qu'avec un catalogue détaillé qu'on arriverait à des résultats plus complets. 

I 

En 1 848 , on constata à la Bibliothèque l'absence du ms. latin ôySS , qui 
est ainsi déerit dans le catalogue imprimé en l'jkk- 

Codex membranaceus , in octavo, olim Mazarinsus. Ibi continentur: 

1** Aristotelifl liber de Sécrétas secretoruin : interprète Philippe, clerico Tripolitano. 



.( 56 )^- 

2" Ambrosii Âutperti tractatusde conflictu vitiorum et virtutam. 
3* Flores e scriptoribus cum sacris tu m profanis collecti. 
4*" Anonymi opusculum de musica. 
5** Descriptio sanctorum locorum circa Jérusalem. 
6* Descriptio urbis Antiochiae. 

7"* Urbium et majorum villarum quas Carolus acquisivit in Hispania et Galecia catalogus. 
8" Sancti Bernardi meditationes. 

9** Anonymus de constructione et excidio templi Hierosolymitani et de passione 
Christi. 

10** Methodii, Patarensis episcopi, oratio de Anlichristo et de consummatione sœculi. 
1 1 " Anonymi dialogus de vibc felicitate. 

Is codex partim decimo tertio , partim decimo quarto saeculo ' videtur exaratus. 

. On peut compléter cette notice à Taide de la description que les béné- 
dictins ont faite du même manuscrit dans le catalogue rédigé à la (in du 
X vif siècle^. Le soin quils ont pris d'indiquer les premiers mots de chaque 
traité et la page à laquelle il commençait dans le manuscrit nous fournira 
des preuves décisives quand nous rechercherons ce qu'est devenu le manu- 
scrit volé à la Bibliothèque. Voici comment les bénédictins ont parlé du 
ms. 6755, qui, de leur temps, portait le n° 6586 : 

1° Liber moralium de regiminc dominorum, seu Secretum secretorum', editus ab 
Aristotele ad honorem Alexandri, cum praeviis quibusdam epistolis et pnefationibus. 
« Domino suo , etc. Guidoni de Valentia pontlfici , Phiiippus , etc. Quantum luna cœteris. • 

2" Ambrosii Autperti tractatus de conflictu vitiorum et virtutum. t Superbia dicit, etc. » 
Fol. 37. 

3* Flores seu excerpta ex pluribui vetustis authoribus tum sacris tum profanis. « E\ 
Glaudiano. > Fol. 47- 

4^ Anonymi ars musicae. t Quoniam circa artem. > Fol. 79. 

5"* Descriptio sanctorum locorum circa Jérusalem. • Si quis ab occidentalibus. • Fol. 88. 

6* B revis descriptio urbis Antiochiœ. « Hssc urbs. • Fol. 88 v*. 

7* Urbes et majores vills quas Karolus accpiisivit in Hispania et Gallecia. • Urbes et 
majores. • Fol. 89. 

*■ Ici les auteurs du catalogue se 80Dt départis * Ce catalogue, que j*aurai plus d*une fois 

de leurs habitudes : ils ont vieilli la partie Toccasion de citer, existe en double exemplaire 

la plus récente du ms. 6765 « qui était du à la Bibliothèque impériale. La mise au net 

xv" siècle, et non pas du xiv*, puisqu elle con- forme les n*" gSSS et gSSg du fonds latin; la 

tenait, comme on le verra bientôt, un opus- minute, qui resta à Saint-Germain-des-Prés 

cnle de Bartholomsus Faclus , auteur qui vivait jusqu*à la Révolution , est classée sous les 

clans la seconde moitié du xv* siède. n** i4i8i-i4i85 du même fonds. 



— «.( 57 ). 

8* Excerpta ex saDctis Augustino et Bernardo, per fratrem Danîdem de Chaumonl, 
canonicum Sancli Foillani. t Multi multa sciunt. • Fol. go. 

9* Tractatus anonymus, in quo plura supposititia qus temporibus Jesu Christi et 
paulo post evenisse dicuntur. « David autem rex. > 

lo* Methodiî, episcopi et martyris, liber de principio sasculi, et inter régna gentium 
et finem ssculorum. • Sciendum namque est. » Fol. io8 v*. 

1 1** Anonymi dialogua de beata vita, seu de vit® felicitate, in quo Guarinus, Antonius 
Panormitanus et Lamola collocutores inducuntur; prœfatio incipil : iHumans vitapt. 
Fol. 11 3. 

Ex parte scriptus anno 1267. 

Les deiix notices qu'on vient de lire mentionnent expressément plusieurs 
particularités auxquelles on pourra aisément reconnaître notre ms. 6765 ; 
je ferai remarquer les suivantes : 

1° Une partie du manuscrit a été copiée en 1267. 

a° Il y a des extraits de saint Bernard et de saint Augustin, faits par 
Daniel de Chaumont, chanoine de Saint-Foillan. 

3* Il y a un traité de musique commençant par les mots Qaoniam circa 
artem, et occupant neuf feuillets. 

4° Un feuillet renferme au recto la description des environs de Jérusalem 
[Si quis ab occidentalibas) , et au verso une courte description d'Antioche 
[Hœc urbs). Le feuillet suivant contient une liste des villes conquises eji 
Espagne par Chariemagne. 

5** Le traité de Melhodius commence au verso d'un feuillet et occupe les 
quatre feuillets suivants. 

Ces points établis , prenons le catalogue des manuscrits de M. Barrois et 
copions les notices consacrées aux n**!i84,îi9i et 277: 

GCLXXXIV. — 1. Incipit liber moralium de regimine dominorum, qui alio modo di- 
citur Secretum secretorum philosophoruni , editus ab Aristotele ad honorem Alexandri , 
régis et dîscipuli sui. (Per Philîppum clericum translatas. ) 

2. Tractalus de lapidibus. Fol. 34 v*. — «In quoque lapide invenientes arietem, leo- 
nem vel sagitarium , illi ignei sunt et orientales , et faciunt ferentes se gratos Deo et ho- 
minibus. . . • 

3. De conflictu viciorum etvirtutum. (Tractatus S. Augustini.) Fol. 37. — tSupcrbia 
dicit certe multis , immo pêne omnibus : Melior es ... • 

4. De vera cordis compunctione et qualiter honori (51c] possit. Fol. 4i* — «Quomodo 
fieri potest ut anima inGrma et frigida compunctionis verba pariât. » 

8 



— w.( 58 )^— 

5. De triplici bono conjugii. Fol. 4i V*. — tDicit Augustinus quod tria sunt bona 
matrimonii , scil. fides , proies et sacrameatum. • 

6. De cognitione corporîs hiimani. (Tractatus Helynandi.) Fol. 4a* — «Corporis 
humani cognitio in duobus est, in materia et in forma , complexionem medicis relinquo. > 

7. Hugo de Folieto, de luxuria prelatorum. Fol. 45. — tPrelati nostri hodie domos 
non impares ecclesiis magnitudine construunt. » 

8. Hystoria Hierosolymitana. Fol. 47- — «David autem rex super Israël regnavit qua- 
draginla annis. > — Finit : v Igitur post hsc, anno sexto decimo post nativitatem Gliristi , 
Octavianus Augustus suum emisit spiritum, et suscepit Tyberius , privinus ejus, imp«- 
rium. Régnante Domino nostro Jhesu Cristo, etc. ». 

9. In nomine Christi incipit liber ( historicus) Methodii , episcopi ecclesie Pa[tarensis] et 
martyr! s Christi , quem de ebreo et greco sermonein latinum transferre curavit. Fol. 56 v"*. 

10. Descriptio sanctorum locorum circa Jhenisalem. Fol. 6i. — «Si quis ab ooci- 
dentalibus partibus Jherusaiem adiré voluerit. . . » 

1 1 . Descriptio nobiiissime urbis Antiochie. Fol. 6 1 v*. — « Haec urbs Antiocbia valde 
et pulcra et honorabilis. > 

12. Haec suùt urbes et majores ville quas Karolus magnus acquisivit in Hyspania et in 
Galecia. Fol. 62. 

13. Sancti Bernardi Clarevallensis meditationes. Fol. 63. — «Multi multa sciunt et 
semetipsos nesciunt. » 

A la fin est écrit : «Explicit liber fratris Daniel de Chaumont, canonici Sancti Foyli', 
quem scripsit propria manu anno Domini m** ce* lx"* vu**, mense septembri, anno primo 
promotionis domini Fastredi de Harveng, canonici Bone Spei et abbatis Sancti Foylla]ii\ 
fratrc Roberto de Waveria, priore hujus ecclesie». 

l(l. Ëxcerpta ex operibus sanctorum Augustini et Bernardi. Fol. 68 v*. 

Manuscrit du xiii* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 70 feuillets. Écrit pour la plus grande 
partie à deux colonnes. 

Reliure en maroquin vert. Dorure. 

CCLXXVII. — De humanse vitae conditione dialogus inter Antonium Panormitam, 
Guarinum Veronensem et Lamolam. (Ad Alphonsum, regem Neapolitanum, auctore 
Bartholomaeo Facio Januensi.) — Commence : « Humane vite condicionem sepius repu- 
tanti michi, rex sapientissime, illud maxime mirandum videri solet quod, cum Deus ipse 
princeps et conditor rerum omnium nicbil in terris prestancius liomine crcaverit, homi- 
nem ipsum tôt laboribus et calamitatibus obnoxium fecerit ut nemo adhuc ex tôt seculis 

* Cette souscription nous autorise à corriger ment observer, à la fin de la liste, que Tobi- 

la liste des abbés de Saint-Foillan , publiée tuaire de Dommartin contient le nom de Fas- 

dans le Gallia christ, III, 197. On y voit fi- tredus successivement abbé de Saint-Foillan et 

gurer l'abbé Laïu'ent pour les années i2d6, d'Hermières. Le nom de Fastredas a été corn - 

laSs et 1258; puis Tabbé Foulques, qui vécut plètement omis sur la liste des abbés d'Her- 

jusquen 1269. Les bénédictins font simple- mx^tts, Gallia christ. » VU ^ ^ài. 



( 69 )^ 



repertufl sit cui res in omni vita adeo secunde cesserupt ut ille beatuu perpetuo existi- 
marit >. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. InH>ctavo. ài feuillets. 

Reliure en maroquin vert. Dorure. 

CCXCI. — Indpit ars musice. Commence : « Quoniam circa artem musicam necessaria 
quedam ad utilitatem cantancium Iractaturi proponimus, necesse est quod secundum 
auctoris intencionem subtilissimas régulas smnmopere subjectas intelligere studeamus». 

Manuscrit du xiv' siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 9 feuillets. On a mis en tète un 
feuillet de plus ancienne date , contenant une curieuse miniature qui représente des fi- 
gures avec divers instruments de musique. 

Reliure en maroquin bleu. 

Les trois manuscrits dont je viens de reproduire la notice ont été à coup 
sûr formés avec les débris de notre ms. 678 5. Dans le premier, c est-à-dire 
dans le n** 284 , on a fait entrer les feuillets répondant aux articles 1 , 2 , 5-i o 
des notices que j ai extraites du catalogue des bénédictins et du catalogue 
imprimé en lyiA. Le ms. 291 représente larticle 4 des mêmes notices; 
le ms. 277 correspond à larticle 1 1. 

Le rapprochement que j'indique ne s'appuie pas seulement sur la parfaite 
ressemblance qui existe entre le contenu de notre ms. latin 6785 , d'une 
part, et le contenu des mss. 28 li, 291 et 277 de M. Barrois, d'autre 
part. Il est encore justifié de tout point par les particularités matérielles 
auxquelles j'ai dit plus haut qu'il était aisé de reconnaître notre ms. 6785. 
Ainsi : 

1 "* La date 1267 se rencontre vers la fin du ms. 284 de M. Barrois. 

2"* La souscription de Daniel de Ghaumont, chanoine de Saint-Foiilan , 
se trouve dans le même manuscrit à la fin d'un extrait de saint Bernard. 

y Le ms. 291 de M. Barrois renferme un traité de musique qui com- 
mence par les mots Quoniam circa artem, et qui occupe neuf feuillets. 

4° Dans iems. 284 de M. Barrois, un feuillet présente au recto la des- 
cription des environs de Jérusalem [Si quis ah occidentalihus) y et au verso 
une courte description d'Antioche [Hœc urbs) ; le feuillet suivant nous offre 
une liste des villes conquises en Espagne par Charlemagne. 

5** Dans le même manuscrit, le traité de Methodius commence au verso 
d'un feuillet et remplit les neuf feuillets suivants. 

8. 



.( 60 )h^~ 

Pour conclure, j'indiquerai la place exacte que chacun des articles de 
notre ms. 6 7 55 occupe dans la coUeclion de M. Barrois : 

Ht. LATIX 6755 GOLLICTIOK 

d« It Bibl. imp, da M. Barrois. 

1. Secretum sccretorum. Fol. 1 Ms. a8i, fol. 1. 

2. Conflictus vitiorum. Fol. 87 — fol. 37. 

3. Flores ex pluribus authoribus. Fol. à'j * 

k. De musîca. Fol. 79 Ms. agi. 

5* Descriptio loconimcirca Jérusalem. Foi. 88. Ms. a84, fol. 61. 

6. Descriptio Ântiochis. Fol. 88 v" — fol. 61 v'. 

7. Urbes Hispaniae. Fol. 89 — fol. 6a. 

8. Ex S. Augustino et S. Bernordo. Fol. 90 . . — fol. 63. 

9. Tractatus incipiens David autem — fol. ^7» 

10. Methodii liber. Fol. 108 v' — fol. 56 V. 

11. Dialogus de beata vita. Fol. ii3 Ms. 277. 

II 

Les bénédictins nous ont laissé la notice suivante du ms. latin 287/1, 
anciennement coté 4358^ : 

1* Guilmundi, episcopi Âversani, tractatus contra Manichsos et Berengarianos de 
veritate sacramentorum corporis et sanguinis Domini. Fol. 1 . 
2" Versus quidam ascetici nullius momentî. Fol. 5a. 
3" Epîstola Âlexandri ad Bracmannos cum responsione. Fol. 54* 
4* Item ad Dydimum cum Dydimi responsione. Fol. 58. 
5* Âd Âristotelem de mirabilibus Indiae. Fol. 60. 
6" Historîa Daretis Phrygii de bello Trojano. t Peleus rex. • Fol. 68. 
7* Loca quidam ex variis historiis nuUo delectu. Fol. 80. 

Codex annorum cire. 4oo, in quarto [olim Mazarinœus]. 

Ce volume a disparu. Pour le retrouver, il faut chercher un manuscrit 
dans lequel : 

1^* L opuscule de Guimond occupe 5i feuillets; 
2** Un recueil de vers, 2 feuillets; 

* Je u ai pas encore retrouvé ce morceau. n est qu*un abrégé de la notice des bénédictins , 

* Q est inutile de reproduire Tarticle corres- abrégé dans lequel a été supprimée Tindication 
pondant du catalogue imprimé en i^àà. Ce des feuillets. 



■■ !• •( 61 )*€^ 

3* Les prétendues lettres d'Alexandre , i à feuillets ; 
4* L*histoire de Darès , 1 2 feuillets. 

Ces quatre conditions se rencontrent dans lems. 272 de M. Barrois, réuni 
au ms. a83 de la même collection : 

CCLXXII. — Guilmundus contra Manicheos et Berengarianos bereticos de veritate 
sacramentorum corporis et sanguinis Christi. Commence : « Âd rem his temporibus ne- 
cessariam quidem , sed meliori quam ego sum injungendam, dilectissime frater Rogeri , 
me Yocas ». 

Manuscrit du xni* siècle. Sur vélin. In-quarto. 5i feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. 

CCLXXXIII. — 1. Hystoria Daretis Frigii de bello Trojano. 

2. Excerpta varia et fabulae. Fol. i3. 

Fabula de Alexandro Magno ad regionem solis. — De signis destructions Jherusaleni. 
— De Simone Mago. — De viciis gentium. — De bonis moribus eorum. — De Dionysio 
tyranno et anu. — Fabula de Palumbo et annulo suo. (L*original du conte de Moore, 
intitulé De V Anneau.) — De Aristomene Messenio. — De uxore Asdrubalis. — De Du- 
milio. — De Marcia Catonis filia. — Quod non sit ducenda uxor sapienli. — Etc. 

3. Epistolae supposititis Alexandri Magni, etc. Fol. 19. 

Incipit epistola Alexandri ad Branmagnos. — Rescriptio Branmagni ad eundem. — 
Responsio Alexandri ad eundem. — Rescriptio Dindimi. — Rescriptio Alexandri nd 
eumdem. — Incipit epistola Alexandri ad Aristotilem de mirabilibus Indie. 

/|. Versus leonini. Fol. 33. 

Vinea culta fuit, cuitores premia querunt; 
Non labori equali equaiia dona fuenint 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 34 feuillets. 
Reliure en maroquin vert. 

Il faut donc recomposer comme il suit notre ms. latin 287^ : 

MS. LATin 2874. ^, „. B.^i, 

1. Guitmundi tractatus. Fol. 1 N* 272. 

2. Versus. Fol. 5a N* 283, fol. 33. 

3-5. Alexandri epistolœ. Fol. 54 .* — fol. 19. 

6. Historia Daretis. Fol. 68 — fol. 1 . 

7. Loca quœdam. Fol. 80 — fol. i3. 



-^^ 62 y 



III 

Nous avons deux descriptions du ms. latin 6584 (jadis 6006), qui 
n'était déjà plus à la Bibliothèque du roi le 19 décembre i845, quand 
M. Huillard-Brébolles en demanda la communication. Ces deux descriptions 
se complètent lune par lautre; je les reproduirai donc toutes les deux, en 
commençant par celle qui se trouve dans le catalogue imprimé en 1764 : 

Codex membranaceus , in quarto , olim Mazarinaeus. Ibi continentur : . 

1' Arislotelis liber de Secretis secretorum, interprète Philippo, Tripolitano clerico. 

a** Hippiatrica, authore Jordano Rufo, milite Calabrensi. 

3" Joannis de Capua, apostolicae sedis notarii, ad Constantin um de Merrone cpistola 
consolatoria de morte filii. 

4' Priderici imperatoris ad regem Francorum epistola, qua conqueritur de sentencia 
excommunicationis in concilio Lugdunensi adversum se lata. 

5** Joannis de Capua ad Conslantinum de Merrone epistola gratulatoria de nova di- 
gnitate. 

6** Frederici imperatoris ad Guillelmum de Tocco, notarium, epistola, ut munus 
suum fideliter obeat. 

7** Caroli, Siciliae régis, ad juslitiarios manda tum contra eos qui Conradini, Friderici 
imperatoris ncpotis, partes tuebantur. 

8"* Régis Francise ad Fridericum imperatorem epistola, qua auxilium adversus infi- 
dèles eOlagitat. 

9* Vita sancti Âlbani ^ 

10" Constitutiones inler Clementem IV et Carolum, Sicilix regem, initiœ. 

1 1"* Imperatoris ad papam et cardinales epistolae de sententia excommunicationis in 
conciliai Lugdunensi lata. 

la"* Ejusdem ad justitiarium epistola, qua eum reprehendit, quod nimis negligenter 
puniat malefaclores in provincia sibi commissa. 

1 3* Justitiarii responsum ad imperatorem cum excusatione. 

Is codex decimo tertio saeculo exaratus videtur. 



^ Le ms. latin 8667 delà Bibliothèque natio- uxorem, post bec occidit patrem et matrem, 

nale contient pareillement, au milieu de lettres demum sanctus. Facta per T. abbatem Clare- 

ou de modèles de lettres du xm* siècle, une vie vallis, et optima est». Le ms. 6584, comme 

de saint Alban , qui est précédée de ce titre :« Na* le ms. 8667, devait contenir une compilation 

tivitas , vita et obitus sancti Albani , qui natus formée avec les ouvrages des « dictatores > de la 

fuit ex pâtre et filia, postea accepit matrem in cour de Rome, au xm* siècle. 



■ u »( 63 )• 

Prenons maintenant la description consignée dans le catalogue des béné- 
dictins : 

1* Opus Ârlstotelîs ad Âlexandrum Magnum de astrorum motu, etc., operatione, etc. 
DÎYÎditur in Ubros seu distincliones decem. — Ëpistola Philippi ad Guittonem , episcô- 
pum Tripolitanum. t Quantum luna. • Fol. i. — Prîmus prologus cujusdam doctoris. 
«Deus omnipotens cuslodiat regem. «Fol. a v*. — Secundus prologus, de Johanne, qui 
opus transtulit ex arabica in latinam linguam. •« Johannes qui transtulit. i Fol. 5. — In- 
cipit liber primus per epistolam Aristoielis ad Alexandrum : ■ fili gloriosissime. » 
Fol. 3 V*. 

n* Sunt hic libri 47, ubi etiam de medicina agitur. 

Fragmenlum cujusdam epistolœ, post quod aliae epistolae sequuntur. 

3" Ëpistola Johannis de Gapua, sedis apostolicas notarii, ad Constantinum de Mer- 
rone, et uxorem ejus. Consolatur eos de morte filii. tDileclis in Christo, etc. Prae cunc- 
tis. » Fol. 69 v*. 

4' Episloia Friderici imperatoris ad regem Francorum. Conqueritur de excommu- 
nicatione lata contra ipsum in Lugdunensi concilio, etc. «Et si causs nostrae. » 
Fol. 59 v'. 

5** Ëpistola Johannis de Capua ad Conslantinum de Merrone : congratulatur ipsi de 
nova adepta dignitate. « Cognato. . . Tuae novsedignitatis. » Fol. 60. 

6*" Friderici imperatoris ëpistola ad Guilielmum de Tocco , notarium apostolicum , ad 
munus suum ûdeliter obeundum. «Quia a nostris olim.» Fol. 61 v*. 

7"* Mandatum Caroli, Siciliœ régis, ad justitiarios , etc., contra eos qui Conradini, Fri- 
derici imperatoris nepotis , partes tuebantur. « Carolus . . . Misericordiam et non judicium 
volentes. » Fol. 6 1 v*. 

8* Ëpistola régis Francise ad Fridericum imperatorem. Petit ab eo auxilium contra 
infidèles, a quibus victus fuerat. «Peccatorum perflante procella. » Fol. 62. 

^^^ Vita sancti Albani. « Elrat olim in partibus aquilonis. • Foi. 63. 

10* Conslitutiones habite etinitae inter Glementem papam IIIl et Carolum , regem Si- 
ciliae, Roms in basilica Sancti Saivatoris Constantina, ante altare ipsius, quarto calendas 
julii, anno ia55. «Ëxcellenti et magnifico principi domino. > Fol. 67. 

11** Ëpistola imperatoris ad papam, a quo fuerat excommunicatus. «Coliegerunt pon- 
tifices. » Fol. 76. 

11" bis. Ëjusdem ad cardinales de eadem sententia excommunicationis. «Cum sit 
Christus. » Fol. 77 v*. 

12* Ejusdem reprehensio contra justitiarium, qui remisse suum officium implebnt. 
«Ut justorun et delinquentium. » Fol. 78 v*. 

13*" Excusa tio ipsius ad imperatorem. «Débita reverentia majeslatis. » Fol. 79 v". 

Codex in quarto seu folio minori , variis manibus conscriptus , annorum circiter 4oo. 

Entre les caractères distinctifs du ms. latin 6584, je ferai remarquer 



— «•( 64 ). 

troi$ particularités qui sont très clairement indiquées dans le travail des 
bénédictins : 



1° Le manuscrit est l'œuvre de plusieurs copistes. 



a° Les constitutions arrêtées en ia55 entre Clément IV et Charles 
d'Anjou y occupent dix pages. 

3* Ces constitutions y sont sruivies d'une lettre de l'empereur au pape, 
commençant par les mots: aCollegerunt pontifices». 

Ces trois conditions sont parfaitement remplies par le ms. a i o de 
M. Barrois, qui d'ailleurs s'ouvre par une copie du Secretam secretorum : 

HCX, — 1 . Liber nuncupatus Secretum secretorum Aristotelîs ad Alexandrum. (Opus 
supposititium, per Philippum ciericum translatum. ) 

A la fin sont des notes en latin, sur Tinfluence des signes du zodiaque, d*une main 
plus récente. 

2. Constitutiones habite et inite inter dominum Clementum {sic) summum pontificem 
papam IIII, et dominum nostrum Karolum, regem Sicilie, ia55. Fol. Sy. 

3. Epistola quam misit imperator ( Fredericus 1 ?) ad papam (Alexandrum III?) qui 
excommunicavit eum. Fol. 46. D'une main plus récente. Commence : «Collegerunt pon- 
tifices et pharisei consilium in unum et adversus Romanum principem Christum do- 
minum ». 

Manuscrit du XV* siècle. Sur vélin. In-quarto. 67 feuillets. A la fin on litd*une écriture 
du xv' siècle : ciste liber pcrtinet ad me dominum Karolum Lebaud, si quis invenit 
oum mihi reporlet». 

Reliure moderne en maroquin vert. Dorure. 

Le ms. 210 de M. Barrois répond donc évidemment aux articles 1,10 
et 1 I de notre ms. latin 6584. J'ai retrouvé avec non moins de certitude 
l'article 2 du même manuscrit, dans le n* 207 de M. Barrois. En efFet, ce 
deuxième article était une copie du traité de Jordanus Rufus, qui, réunie 
au Secret des secrets, remplissait les 58 premiers feuillets du volume. Or, 
le n*" 207 est un exemplaire du traité de Jordanus Rufus en 22 feuillets, 
et si à ces 22 feuillets nous ajoutons les 36 feuillets que le Secret des secrets 
occupe dans le n"* 2 1 o , nous aurons exactement les 58 premiers feuillets du 
ms. 6584 : 

CCVII. — De doctrina, custodia et medicina equorum. — Lib. (cap.) I : De doctrina 



— «.( 65 ). 

equonim. Cum inter cetera animalia. — Ltb. (cap.) XL VIII: De inclavaturis equi. — 
A la fin de ce chapitre, au foi. 19 v"*, sont les lignes suivantes : 

Suscipiat h*c*am* h^nVin miiitis agn'i. 

Est eq° doctrina custodia et medicina. 

Hoc egit inmensis studiis miiex Galabrensis , 

Qui bene cunctoram sciverat medicinas equorum. 

Viennent ensuite plusieurs chapitres sur la même matière. 
Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. In-(|uarto. 22 feuillets. 
Reliure moderne en maroquin vert. Dorure. 

Deux autres cahiers du nis. latin 6584 sont entrés dans la composi- 
tion du n* 564 de M. Barrois. En tête de ce dernier volume, qui est relié 
comme les n** 207 et 210, c est-à-dire en maroquin vert avec dorure, on 
remarque : 

1* De ortu infelici et vita Albani, régis Hungariae. à feuillets de parchemin. 
a* Epistolœ quœdam : Friderici, Romanorum imperatoris; Karoii, régis Sicilis; Jo- 
hannis de Capua ; régis Francise imperatori Frederico. à feuillets de parchemin. 

Les quatre feuillets contenant la vie du roi Alban sont incontestablement 
les feuillets 63 à 66 du ms. latin 6584, et les quatre feuillets remplis 
par les lettres de Frédéric, de Charles d* Anjou, de Jean de Gapoue et 
de saint Louis sont les feuillets 59 à 6a du même manuscrit. 

Ainsi, s*il fallait rétablir le ms. latin 6584 dans son état primitif, 
il faudrait ranger dans Tordre suivant les feuillets des mss. 207, a 1 o et 566 
de M. Barrois : 

1*» N'^aio, fol. 1 à 36. 
2** N^ 207. 

S** N** 564 , deuxième partie. 
4** N° 564 , première partie. 
5' N° 210, fol. 37 à 47. 

IV 

Les bénédictins ont décrit dans les termes suivants le manuscrit qui de 
leur temps était classé sous le n"* 6079 et qui a depuis formé le n* 8728 du 
fonds latin: 

1* De litteris Hebrœorum per Moyaen datis. ** « Scribunt autem versus. » 

9 



— «.( 66 ). 

a* Hygiai fabularum astronomicon. — t Et si te studio grammaUcae. > Fol. i v*. 

3** Aphorismus syderum cujusdam periti astrouomi. — tDuos extremi vertîces. > 
Fol. 47. 

4* Beati Hîeronymi vita. — t Pridie kalendas octobris apud Betliieem. > Fol. 48 v*. 

5* Rabanus de septuagesima , sexagesima , (piinquagesima et quadragesima. — ■ De 
septuagesima quoque. > Fol. 5o. 

In quarto, annorum70o\ 

Le ms. latin 8728 a disparu. Les quarante-six premiers feuillets, renfer- 
mant l'ouvrage d*Hygin, avec la note sur les caractères hébraïques, sont 
passés dans la collection de M. Barrois i 

ce XX VI. — C. Julii Hygini Astronomica. L'ouvrage commence au verso du fol. 1 : 
c Hyginus M. Fabio plurimum salutem». Le recto est occupé par une courte notice : ■ De 
lîtteris Hebraeorum per Moysen datis ». 

Manuscrit du ix* siècle. Sur vélin. In-quarlo. 46 feuillets. 

Au haut de la seconde page est écrit: ■ Liber Sanctt Remigii Remensis, vol. vu" et 
VII ». — Reliure en veau vert. 



Le ms. latin 6812 (jadis 52o4) a subi le même soit que le n*'8728. 
Il a été coupé en deux morceaux, et les cinquante-six premiers feuillets, ren- 
fermant louvrage de Soiin , ont été portés dans la collection de M. Barrois. 
Ce qui le démontre , c est la notice suivante , extraite du catalogue des béné- 
dict ns : 

Solinus , de mirabilibus mundi , seu de lapidibus et animalibus. Fol. 1 . 
Anonymi tractalus de medicina. Fol. 57. 
Codex annorum clrciter 4oo. In folio minori. 

De cette notice je rapproche la description du ms. 89 de M. Barrois : 

G. Julius Solinus, de mirabilibus mundi. 

Manuscrit du xiii* siècle. Sur vélin. Petit in-folio. 56 feuillets. 
Reliure en veau. 

Ces deux notices doivent se rapporter à un seul et même manuscrit de 

^ Le catalogue imprimé porte : i Is codex sccolo decimo videtar exarttas t. 



"( 67 ). 

Solin : car on ne peut guère supposer qu'il ait existé deux exemplaires de 
Solin copiés au xiii* siècle de façon à remplir Tun et Vautre cinquante-six 
feuillets de parchemin. 

VI 

La Bibliothèque impériale ne possède plus le ms. 685 du fonds latin. 
L'absence en a été constatée en 1 8il8. Nul doute que ce ne soit un manu- 
scrit que possède aujourd'hui lord Ashburnham, et qui est ainsi décrit dans 
le catalogue du fonds de M. Barrois: 

LXV. — Sententiae (Richardi de Sancto Victore) super Apocaiypsim , cum protogis. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur parchemin. Petit in-folio. 1 13 feuillets. 

Belle reliure ancienne, en maroquin rouge, avec des compartiments ovales jaunes sur 
chacun des plats, aux armes, devises et monogrammes de Henri 11 et de Diane de Poi- 
tiers. 

Je rapproche de cette notice l'article qui est consacré au ms. latin 685 
dans notre catalogue imprimé en iflik : 

Codex membranaceus , quo conlinetur anonymi commentarius in Apocalypsim. Is 
codex decimo tertio sœculo exaratus videtur. 

Il n'y a pas là de détails suffisants pour nous autoriser à identifier notre 
ms. latin 685 avec le ms. 65 de M. Barrois. Heureusement le catalogue 
rédigé par les bénédictins, à la fm du xvif siècle, est plus explicite que le 
catalogue publié en l'jlxk- Voici dans quels termes le volume dont nous 
nous occupons, et qui, avant de recevoir le n^ 685, portait à la Biblio- 
thèquç du roi le n° A i 55, a été décrit par les bénédictins : 

Anonymi (forte Richardi a Sanclo Victore) commentarius seu sententiarum liber in 
Apocal^fpsim , cujus prologus sic incipit: • Accipe, charissime frater, et hoc sententiarum 
munus, etc. •. Codex annorum 4oo. In folio minori. 

Cette description répond exactement à celle que nous avons du traité 
contenu dans le ms. 65 de M. Barrois; mais pour déclarer que le manu- 
scrit dont la Bibliothèque impériale a été dépouillée est bien le même que 
le manuscrit possédé par lord Ashburnham, il faudrait savoir s'il était, 
comme celui-ci, orné d'une reliure au chiffre de Henri II. C'est une circon- 
stance dont Boivin a pris soin de nous instruire. A la page 3 1 5 des Mé- 



■■! » '( 68 )• 

moires pour Tbistoire de la Bibliothèque du roi, il cite le ms. 4i55 
parmi ceux qui étaient «reliés aux armes et aux emblèmes de Henri II»; il 
ajoute que lems. Ai 55 était coté LVUI, c est-à-dire» si je ne me trompe, 
que le relieur avait imprimé ce chiffre en or à l'extérieur et dans Tangle 
droit du premier des plats de la couverture. Je ne doute pas que, si la 
reliure du ms. n** 65 de M. Barrois a été bien conservée, le chiffre LVUI 
ne puisse se lire à la place que j'indique, et je suis persuadé qu'en regar- 
dant de près les premiers feuillets de ce même volume, on y distinguera 
la trace des n""' 585, âi55 et i5Â!2 sous lesquels il a été successivement 
conservé à la Bibliothèque du roi. 

VII 

J'extrais du catalogue imprimé en \ql\lx l'énumération des morceaux con- 
tenus dans le ms. latin t285 1 : 

Codex membranaceus , in quarto , olim Golbertinus. 
Ibi continentur : 

1* Sancti Augustini, sive potius Alcuini, epistola ad quemdam comitein. 

a" Sancti Athanasii, epi»copi Aiexandrînî, liber de imagine Dei. 

3' E?ccerpta ex dialogis sancti Gregorii paps. 

4* Anonymi tracfatus de fuga vitlorum. 

5" Sermones magistri Nicolaî de Tornaco. 

^^ Anonymi tractatus de septem vitiis capitalibus et de virtutibus. 

7* Anonymi sermones variî. 

Is codex sacculo decimo quarto exaratus videtur. 

C4e manuscrit, avant d'arriver à la Bibliothèque du roi, faisait partie de la 
bibliothèque de Colbert, et avait été décrit par Baluze, dont la notice est 
à peu près conçue dans les mêmes termes que la notice qui vient d'être 
rapportée. La seule différence à signaler, c'est qu'au n" 3 Baluze, au lieu 
de mentionner des extraits de saint Grégoire, indique : « Visio sancti Pauli». 
C'est là une particularité qui nous aidera à reconnaître le ms. 285 1, dont 
nous avons été dépouillés. 

Je ne doute pas que ce manuscrit ne soit représenté par les trois pla- 
quettes qui sont dans la collection de M. Barrois, sous les n*** 33 û, 286 et 
287. Le n"" 336 répond aux trois premiers articles du ms. 285i; le 



— «.( 69 ). 

n"" 386, au quatrième; le n*" 2187, au cinquième, au sixième et au septième. 
On en peut juger par les notices du catalogue de lord Ashbumham : 

CCCXXXIV. — I . S. Augustin! ad comitem Julianum senno de amore Dei. 

2. Senno Atlianasii deymagine Dei. Foi. a 8 v**. 

3. Narratio de quodam Servio , ex Gregorio. Fol. 32. — « Fuit quidam Servius nomine 
quem sancta scriptura vobis narrât. > 

k. Alia narratio ex Gregorio. Fol. 33. — «Quidam vir nobiiis in Valerîa provincia 
nomine Crisaurius fuit. • 

5. Visio sancti PauU. Foi. 34* — « Placuit itaque Deo ut isdem Pauius per Micaheiem 
archangeium. t 

Manuscrit du xi* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 3g feuillets. 
Rditure en maroquin fauve. 

GCLXXXVÎ. — Sermones gcli de vitiis, de virtutibus et de oBiciis. I. De vu viliis 
generaliter. — « Septem sunt vitia capitalia de quibus quinque sunt spiritualia , duo autem 
carnalia. ■ 

CGLi. De unitate. — « Solliciti sîtis servare unitatem. • 

• 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In-quarto. 5g feuillets. Ecrit à deux colonnes. 
Reliure en maroquin orange. 

GCLXXXVII. — 1 . Sermones magistri Nicholai de Tornaco. -» « Potestis bibere ca- 
licem quem ego bibiturus sum. t 

2. Tràctatus deolficiis predicatoris. Fol. 8. — « Vidit Jacob scalam a terra usquead 
celum attingentem, per quam ascendebant et descendebant angeli. • 

3. Sermones varii. Fol. 16. 

A la fin sont trois feuilles contenant des citations de TÉcriture. 
Manuscrit du xiv' siècle. Sur vélin. In-quarto. 44 feuillets. En partie écrit sur deux 
colonnes. 

Reliure en maroquin orange. 

VIII 

Depuis une vingtaine d années, plusieui*s des savants qui s'occupent de 
Thistoire de la poésie latine au moyen âge^ ont désiré consulter le ms. la- 
tin 3718; ils auraient voulu y étudier différentes pièces dont aucun autre 

* M. Ëdëlestan du Méril demanda inutilement en décembre 1 845 le manuscrit dont ii va être 
question. 



— «.( 70 y 

exemplaire n'est connu, et qui sont brièvement indiquées dans iarticle sui- 
vant du catalogue imprimé en l'jlxk : 

Codex mcmbranaceus , in octavo , oHm Philippi Drouin. Ibi continentur : 

1 " Anonymi tractatus de vitîis , initium desideratur. 

2"* Magistri Droconis de Altovillari , canonici Remensiâ , adhortatio ad virtulem , ver- 
sibus scripla ^ 

3" Amelii et Ainici vila , versibus bexametris conscripla. 

d" Poema quod author ipse vuUappellarî Caroteilum (sic)i videtur autem illud poema 
•sse chronicum Turpini , versibus redditum. 

5'' Poema cujus titulus : Urbanus ; videntur autem esse prœcepta ad sanitatera. ^ 

6" Discussio litis super lisreditate Lazari et Mari» Magdalenas, sororis ejus; vi'ielicet 
quis eorum debeat habere hxreditaiem; versibus rythmicis. 

7' Versicuii de natura animalium. 

8** Summuia pœnitentiae versiûcata compendiose. 

9* Versicuii de proprietate feminarum. 

lo" Versus magistri Seiionis*. 

Is codex decimo quarto ssculo exaratus videtur. 

Le ms. 3-718 a été mis à profit par dom Brial, qui a publié' en i8ao 
Tanalyse détaillée des poésies de Serion contenues dans ce volume. Plus 
récemment, en 1889, M. Francisque Michel* tirait du même manuscrit 
les quarante-huit premiers vers de la vie latine d'Amis et d'Amille. 

Peu de temps après la publication de M. Francisque Michel , le ms. SyiS 
était volé à la Bibliothèque du roi, et coupé en quatre morceaux, dont 
trois sont entrés dans la collection de M. Barrois. On les reconnaît sans 
hésitation en lisant les trois articles suivants du catalogue de lord Ash- 
burnham : 

CCLX^ — J . Magistri Droconis de Alto Villari , canonici Remensis , poemata. 

Sur le premier feuillet est une miniature représentant le crucifiement Au recto du 



^ La Bibliothèque nationale ne possède point 
d'autres ouvrages de Dreu de HautviUers , poète 
et jorisconsidte du temps de saint Louis, qui 
n'a pas d'article dans ïHist. litt de la France, 
et dont M. Vai'in a fait connaître un ouvrage fort 
intéressant dans les Archives légisL de la ville de 
Reims, i'" part., Contâmes, p. 3^7 et suiv. 11 y 
a aussi des poésies de Dreu de Hautvillers dans 



le ms. 001 de la ville de Tours; voyez le cata- 
logue de M. Dorange, p. 170. 

* D. Brial, HisL litt,, XV, vi, dit qu'en tête 
de ces vers on lisait ce titre presque effacé : « In- 
cipiunt versus magistri Serionis de diversis 
modis verâificandi , utiles cuique versificatori». 

3 HistAilt,,XW,vu 

* Théâtre français an moyen âge, p. 217. 



— 4^( 71 •)•♦♦— 

second est une parlie du psaume CXIX : ■ Letabor ego super eloquia tua a. Le premier 
poème commence au verso du même feuillet, avec la rubrique : «Beati qui esuriuni et 
sitiunt justiciam •. 

Justicie vivas cultor, atqae criminLi ullor, 
Ve tibi qui laudas indignos , impatientes , 
Lram , neqoitiam , fastum , virasque tenantes. 

Finit : 

Qui , pins et démens et justus , verba bonorum 
Ezaudis merito , convertas corda maloram , 
Ut mondi fiant a labe mala viciorum. 

De inferno et de diejudicii, 

(Jt baratrum fugias, dirige, queso, vias, 
Est locus borroris, tenebrosus foDsque doloris. 

Finit : 

Respuit omne bonum celesteqac nobile douum ; 
Nu ne necis esse reum nos reputemus eum. 

Centra avaros. 

Die, bomo, cor parris? Gur marchas |K>nis in «irchis? 
Etc. 

Deprelatis. 

Nostri prdati viventes more Pilati. 
Etc. 

De miseria paupertatis, 
Sunt inopes miseri , quorum status hic misereri. 

A la fin de cette pièce on lit : « Explicit tractatus magistrî Droconis de Alto Vitlari , 
canonici Remensis •. 

Epytajium super tummiam ejus^ 

Vermibus expositus, in versificando peritus, 

Mortuus emeritus eu ibi Droco situs; 
iuris avilis professor, dum juveoilis 
Hune etas regeret ; modo terre pulvis adhereU 
Huic Meyses et Aristotiles et Justinianus 
Quondam viventi patuerunt et Gratianus. 

Item, idem magister Droco in principio sui trnctatus dicit 1n>s versus contra curam ha- 
bontés : 

Ve tibi cui cura gregis est commissa , nec audes 
Vera loqui , metuisque malos , nec corrigis horum 
Excessus , vitiis cornes et nutriz viciorum. 



_«^ 72 ).t^_ 

Contentio cordis et ocnli 

Quisquis cordis et oculi non sentit in se jurgia. 
Non novit quod sint stimnli que culpe seminaria ; 
Gausam nescit pericoli car alternant con vicia. 
Car procaces atque emuli replicant in se vida. 

Septem sunt sacramenta ccclcsie , etc. 

Au bas de chaque page sont des vers sur divers sujets , d*une main un peu plus ré- 
rente. 

2. Discussio litis super hereditate Lazari et Marie Magdalene, sororis ejus, videlicel 
quis eorum debeat habere eorum hereditatem. (Et alla, eodem autore?) Fol. la. 



MAGDALENA. 

Salve , cultor Salvatoris , 
Rex , céleste vas honoris , 
Princeps Jherosolime. 

LAZARUS. 

Fidgens intus atque foris , 
Litem fratris et sororis, 
Gqua lance dirime. 

MACDAI^NA. 

Ave, judex, rex serene, 
Timor gentis sarracene , 
Digne rex imperio. 
Audi verbum Magdalene, 
Rationis frenum tenc. 
Jure censens previo. 

LAZARDS. 

Mortis ah imperio' 
Revocatus munere dio , 



Fin: 



JUDEX. 



Non de juris ordine, 
Sed de plenitudine 
Nostre potestatis , 



Adplacitum venio, 
Nec piacitare scio. 

HAGDALBIfA. 

Gum jus ignorem , 

Pudor est vexare sororem. 

Rem facis indecorem , 

Nec monstras fratris amorem. 

LAZAR0S. 

Per defunctum genitorem , 
Ad nos duos juxta morem , 
Devenit hereditas. 
Sed tu tanquam nidûl forem , 
Michi daudis juris forem, 
Jus auferre cogitas. 

MAGDALENA. 

Digna res est et equalis 
Quod det vita temporalis 
Rona temporalia. 

Lazaro cum partimus , 
Dispensando reddimus 
Res hereditatis. 
Causa pietatis 
Ejus egestatis. 



Vita Magdalene sub compendio. — De statura leonis et proprietate ejus. — De natura 
tygridis. — De pardo. — De panthera. — De unicorne. — De lince. — De unicorne 
(rinocerote). — De gryfîbus. — De elephanta. 



^ Ces paroles de Lazare forment un hexamètre et un pentamètre. 



.( 73 ). 

3. Summa penitentie versificata compendiose. Fol. 1 7. 

Peniteas dto , precor, cam ait miserator 

Jndex , et sont hec quinque tenenda tibi : 
Spes venie, cor contritum, confessio culpe, 

Pena satisfaciens, et fîiga nequitie^ 

k. De proprietate feminarum (et alia). Fol. 18. 

Arbore sub quadam , dicta vit dericus Adam , 
Quomodo primus Adam procreavit in arbore quadam. 
Femina vicit Adam , victns fuit arbore quadam , 
Femina serpenti mox credidit alta loquenti, 
Femina deceptos sapientes reddit ineptos; 
Femina te, David, et te, Salomon, superavit. 

Nomina trium regum et oblationes quas Domino obtulerunt. — De temporibus minu- 
tionum. — De quataor temporibus anni, — De numéro aureo. 

5. Sermo de virtutibus et vitiis. Fol. 19. — « Augustinus : pro mero repletur, siccita» 
aceto inebriatur, felli didcedo additur, innocentia pro reo moritur, etc. t 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 27 feuillets. 
Reliure en maroquin bleu. 

CGXXXVI. — 1. Karolellus. (Sive vitaCaroli magni versibus confecta ex bistoria Jo- 
banni Turpino , archiepiscopo Remensi, adscripta.) Commence : 

Cbriste, Dei virtus , verbum patris , hostia vera , 
Auxiiinm mendico tuum, sapientia summa; 
Attspidom dignare meo conferre labori. 
Nam vdat ignams a te depoaco doceri. 
Tempore Pipini , Francorum prindpis , ortus 
Est puer in castre Bericano gennine dams. 

Finit ainsi au fol. 53 : 

Qnumque' descripsi breviter tam nobiie bdium , 
Septima postremom conciudat me^ libdium. 
Quoniam gesta refert' Karoii brevisiste libelius , 
Imponatnr d propnum nomen Karoldlus. 
Explidt iste liber. Sit ab omni crimine liber 
Atque* videat Cbristum qui librum legeritistum', 

^ Voy. plus loin, notice XIV, la description ' On lit dans le manuscrit du Musée bri-> 

du ms. a 54 de M. Barrois, qui paraît contenir tannique : ■ Et quia gesta tenett. 

une pièce analogue. * La mesure demande : « Et 1. 

' Un manuscrit du Musée britannique, cité * Sur le Karolellus, voy. la dissertation de 

par M. Francisque Michd, porte : «Et quia t. M. Gaston Paris, Depstudo Twrpino, p. 64. 

10 



— «.( 74 y 

2. Liber qui vocatur Urbanus (de sanitate tuenda). Item de eodem libro versus. Gom- 

meace : 

Sit porcina recens caro prestita fleubotomato , 
Cames pullorum gallinarumqae fabeqae. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto, bb feuillets. 
Reliure en maroquin brun. 

CCXLV. — Versus magistri Serlonis de diversis modis versificandi, utiles valde cuique 
versiGcatori. 

Manuscrit du xii* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 6 feuillets. 
Reliure en maroquin bleu foncé. 

D'après ce qui précède, je propose de reconstituer comme il suit le 
ms, latin 3718 de la Bibliothèque impériale : 

... o Q0U.1CTI0V 

Ms. 5718. . m* B 

de M. Barroii. 

1. Sur les vices N* a6o, fol. 19. 

2. Poésies de Dreu de Hautvillers — fol. 1 . 

3. Vie d'Amis et d'Amille P 

A. Turpin en vers latins N* 236, fol. 1 . 

5. Poème intitulé Urbanus. * ^ fol. 56. 

6. Drame sur Lazare et Marie Madeleine N* a6o, fol. i3. 

7. Vers sur la nature des animaux ^^ fol. 1 5 ou 16. 

8. Somme sur la pénitence. , • — fol. 17. 

9. Vers sur les feounes ».,•«.... — foL 18. 

10. Vers de Serfon N* 245. 

IX 

Le ms. latin 4761 est décrit dune façon très vague dans le catalogue 
imprimé en 1 74 A : 

Codex membranaceus, in quarto, olim Philibert de La Mare. Ibi continentur : 

1* Caroli magni et Ludovici Pii imperatorum capitularia , ab Ansegiso , abbate , col- 
lecta et in quatuor libros distributa. 

3* Excerpta ex eorumdem imperatorum capitularibus, 

3* Varia capitula Caroli Calvi, Francorum régis. 

4* Capitulare Ludovici Pii, imperatoris, anno regni sui xvi. 

Is codex nono sasculo videtur exaratus. 



i 75 y 

M. Pertz, daiis le premier volume des Leges^, publié en i835, a donné 
du même manuscrit une notice très complète et très exacte : 

Codex regius Parisiensis n** 476 1 , olim Philîberti de La Mare Divionensis , seculi x 
(Tab. V, d)i post Ansegisum *, tCapitida a domno Karoio imperalore et iilio ejus Hiu- 
dowico ac sapientissimis eoram episcopis excerta t , scilicet excerpta libronim Benedicti I « 
II, m, a Balusio, p. 619, pro genuinis Karolt Magni capituiis perperam habita, nec 
tamenanno alicui adsignata;taixicapitidaria 175,313, a 18, io3, idoa, làb ab, i46, 
lÂi a; capitula quœdam Benedicti libris excerpta; aAa> aÂ4^ 109. 

La description de M. Pertz ne peut être comprise qu*en ayant sous les 
yeux le premier volume des Leges. J'y joindrai donc, sous une forme facile 
à saisir, Tindication des morceaux que renferme notre ms. 476 1 : 

J. Ansegisi libri IV. (Pertz, Leges, I, 271.) 

2. Ad Ansegisi collectionem appendix I. ■ Capitula domni Karoli imperatoris eccle- 
aiastica. t (Pertz, I, 32i.) 

3. Ad eamdem collectionem appendix IL «Capitula domni Karoli imperatoris mun- 
dana quœ suprascriptam videntur haberecausam. 1 

4. Ad eamdem collectionem appendix III. t Capitula principum clarissîmorum , eccle- 
siastica simul et mundana, domni Hludowici et Clotharii Cœsaris quœ suprascriptam vi- 
dentur habere radonem. t (Pertz, I, 3ad«) 

5. Capitula domno Carolo imperatore et filîo ejus Hludowico ac sapientissimis eorum 
episcopis excerta. « De commutationibus. ■ (Baluze, I, 519.) 

6. Capitula a domno Karoio et iilio ejus Hludowico ac sapientissimis ipsorum episcopis 
excerta. «De bis qui putaverunt. » (Baluze, 1 , 5a3,) 

7. Capitulare missorum. Ista capitula constiluta sunt a domno Karoio in synodo apud 
Suessionis civitatem in monasterio Sancti Medardi anno 853, in mense aprili. (Pertz, 
I, 4i8.) 

8. Karoli II synodus Pistensis, an. 86a. (Pertz, I, ^77*) 

9. Karoli capitula missîs data, an. 865. (Pertz, I, 5oi.) 

10. Capitulare Aquisgranense , an. 81 3. (Pertz, I, 187.) 

11. Constitatio de conventibus archiepiscoporum habendis. Capitula a piissimo Hlu- 
dowico edila, an. 828. (Pertz, I, 327.) 

12. Capitukria Wormatiensia , an. 829. (Pertz, I, 3^9*) 

13. Capitula pro lege babenda. (Pertz, I, 353.) 

14. Constitutio de missîs ablegandis. (Pertz, I, 328.) 

15. Capitula quœdam e Benedicti libris excerpta. 

16. Capitulare recitatum 16 jun. 877 apud Carisiacum. (Pertz, I, 5di0 

^ Page xxxn. — 'Ce que M. Perti dit à ia page 368 prouve qae, dans le ms. 4761, les quatre 
livres d^Ansegise étaient suivis des trois appendices. 

10. 



■ '! » *( 76 )•«- — 

17. Petilîo episcoporum etpromissio régis, an. 877. (Pcrta, I, 543.) 

18. Capitula monachorum. (Pertz, I, aoo.) 

De cette table rapprochons la notice des mss. 1 A6 et 73 de M. Barrois : 

CXLVI. — 1. Karoli Magni, Hludowici et Hlotharii imperatorum capituiaria, ab An- 
segiso , abbate Fontanellensi , collecta in libris V. -— Au commencement sont les vers 
suivants, qui maintenant sont en partie effacés : 

Legiioquum quisquis librum recitaveris istum , 

Priacipibus Dostris, die, miserere Deus; 
Legem namque bonam dictaront mente benigna, 

Quapropter pro ipsis quseso precare Deum. 

Les quatre premiers livres sont en général conformes à Tédition donnée dans les Mo- 
numenta Germaniœ historica, tom. III, Legum i, pag. 271, sqq. Le cinquième livre se 
compose de : 

1** Capitula domni Karoli imperatpris ecclesiastica. Imprimé dans les Monumenta, 
comme premier appendice au livre IV. 

2^* Item capitula domni Karoli imperatoris mundana qus suprascriptam videntur ha- 
bere causam. Imprimé comme appendice II au livre IV. 

3'' Item capitula principum clarissimorum , ecclesiastica simul et mundana, domni 
Hludouvici et Clotharii Cssaris quae suprascriptam videntur habere rationem. Imprimé 
comme appendice lU au livre IV, mais seulement jusqu'aux mots : ■ dare precipiant > , 
avec lesquels finit la coQection d*Ansegise, contenue dans le présent volume. 

4** Capitula a domno Karolo imperatore et filio ejus Hludouvico ac sapientissimis ip- 
sorum episcopb excer(p]ta. En voici les rubriques : 

« De commutationibus utilibus permanendis inutilibusque détendis. — De illis qui res 
ecclesiae tenent. — Quod res ecclesiarum votas in fidelium prœtia peccatorum et patri- 
monia pauperum quibus non soium collata conservanda sed etiam augenda sunt. — De 
prxdiis Deodicatis. — Dehis qui fidelium oblationes auferunt vel vastant, autsine pro- 
prii episcopi concessione dant aut accipiunt. — Dcprivilegiis ecclesiarum aut clericorum 
non corrumpendis. — De privîlegiis ecclesiarum. — Quod sacrilegium sit ecclesiœ ali- 
quid auferre aut sacerdotibus vel ministris aut ipsos . . • injuriam inferre, t — C'est ap- 
paremment la dernière rubrique du livre V. 

Suivent d'autres rubriques en tête desquelles il n'y a pas de titre général : « Quod 
hii qui prâedia ecclesiastica diripiunt vel vastant sacrilegi sint exilioque dampnandi. — 
Quod praedones ecclesis sacrilegi sint sicut scripture testimonio conprobatur. — Quod 
ea que Domino consecrantur ad jus ecclesiaslicum pertineant. — Quod omnia quae Deo 
offeruntur procul dubio et consecrantur. — Ut ecclesiarum privilégia vel facultates sive 
quicquid ad easdem pertinet nullus invadere praesumat. — - Quod homicide ante Deum 
deputentur qui res ecclesise vastant «. 



— *».( 77 ). 

Capitula a domno Karolo imperatore et filio ejus Hludouvlco ûc sapientissimis ipsotum 
episcopis excer(p)ta. 

Rubricpies : ■ Dehis qui putaverunt idcirco preceptum fuisse non îre ad pugnam sacer 
dotes ut honor eis minueretur. — De sceleribus neFandis ob quœ régna percussa sunt ut 
poenetus caveantur. — De rcbus eccle^iasticis absque jussione proprii episcopi non 
dandis. — De bis qui res ecclesiae a principibus petunt ut irrita babeantur quae optincnt 
et ipsi communione priventur. — Ut hi qui-res ecclesiae invadunt, vastant vel diripiunt, 
si monente episcopo non secorrexerint, conununione priventur. 

« De bis que a prioribus principibus circa ecclesianim utilitates sunt ordinata ut immota 
permaneant. — Ut ab ecclesisB societate extorris babeatur quicumque ejus rebns damp- 
num intulerit. — De privilegiis ecclesiarum inlibate servandîs. — De rébus ecclesiae a nuUo 
injuste retentandis vel diripiendis. — Ut ecclesiastica jura semper inlibata permaneant. 
— De ecclesiis et dotibus earum ut ad episcopi semper dispositionem pertineant. — De 
bis quae ab antecessoribus nostris circa cultum divinum statuta fuerunt ut semper inlibata 
permaneant. — Quaiiter bœc statuta servanda sint, et de bis qui haec contempnunt sive 
clerîcis sive laicis quid agendum sit. > 

2. Capitula (missorum) Karoli régis, filii Hludouvici (constituta in synodo apud 
Sucssionis civitatem in monasterio Sancti Medardi anno 853). — Imprimé dans les 
Monumenta, tom. III, Legum i, pag. ^i8-4ao. 

Manuscrit du x* siècle. Sur vélin. In-quarto, loo feuillets. 

Reliure en maroquin rouge. 

Très beau manuscrit , dont quelques parties paraissent inédites. 

LXXlil. — Capitularia ecclesiastica. Contenant : 

1. Karoli II Synodus Pistensis anni 862. 

2. Karoli II Capitula Missis data anno 865. Fol. 11. 

3. Caroli Magni capitulare Aquisgranense anni 81 3. Fol. i5 v*. 

k, Hludovici constitutio anni 828, de conventibus arcbiepiscoporum babendis. 
Fol. 1 8 V*. 

5. Hludovici et Hlotbarii capitularia Wormaliensia anni 829. 

Manuscrit du x* siècle. Sur vélin. In-quarto. 26 feuillets. 
Reliure en maroquin orange. 

On ne peut comparer la table de notre ms. latin à'j6i avec la notice des 
mss. 166 et 73 de M. Barrois sans reconnaître que le ms. &761, après 
avoir été volé à la Bibliothèque du roi, a été coupé en trois morceaux: le 
premier renfermant les articles 1-7, le deuxième les articles 8-12, et le 
troisième les articles i3-i8. Les deux premiers forment aujourd'hui les 
n~ 1 46 et 73 du fonds de M. Barrois; le sort du troisième est inconnu. 



+^( 78 ) 



La Bibliothèque a perdu un exemplaire de la Loi salique, qui avait ap- 
partenu à Colbert (n** 663 1) et qui portait le n*" 4789 dans le fonds latin : 

Codex membranaceus, in octave, olim Coibertinus. Ibi oontinetur liber Legis saiiœ. 
Is codex undecimo ssculo videtur exaratus. 

M. Pardessus, qui emprunta ce manuscrit le a 3 juillet 1839 et qui le 
rendit le 2 5 du même mois , nous apprend ^ qu il ne contenait « que la Loi 
salique en 70 titres». 

Le 25 novembre de Tannée suivante, M. Barrois achetait, pour une 
somme de 1 5o francs, un manuscrit de la Loi salique, en 70 titres, de format 
in-octavo, relié en maroquin rouge aux armes du roi. C'était sans aucun 
doute notre ms. latin àjSg. 

M. Pardessus ne tarda pas à avoir communication du volume que M. Bar- 
rois venait d'acquérir : il le signala en ces termes dans Fédition de la Loi 
salique qui parut en 1 8^3 : 

Manuscrit de Saint-Remy de Reims , appartenant à M. Barrois. Cest un in-octavo en 
parchemin, petit Format, belle écriture du 1* siècle. Il ne contient pat d'autres docu- 
ments que la Loi salique, en 70 titres, sans gloses malbergiques; cest sans aucun doute 
une Lex emendata. A la suite du texte est Tindex des rubriques, dont un asses grand 
nombre est indiqué seulement par le chiffre. Au verso du dernier feuillet se trouve, d'une 
main assez moderne, la prière de FÉglise pour la paix : c Deus a quo sancta desideria ■. 
Ce manuscrit est remarquable en ce que, partout où on avait écrit mannire, nuaimtio, le 
m a été gratté ou corrigé pour être changé en i. Au haut du premier feuillet on lit en 
rouge et en écriture du xvT siècle les mots SANCTI REMIGU REMENSIS*. 

Dans cette description, M. Pardessus a négligé de mentionner la reliure 
aux armes du roi; cest une lacune qui se trouve comblée dans la notice 
consacrée au même manuscrit par lauteur du catalogue de la collection de 
M. Barrois : 

CGL — Incipit liber Legis salies. -~ Ce manuscrit diffère souvent du texte imprimé 
par Canciani. Après le chapitre lxiiii : c De compositione homiddii ■ (cap. lxv de Can> 
ciani ) , la rubrique du chapitre suivant c De homine in hoste occiso ■ a été effacée au bas 

^ Loi salique, p. xxrr. — ' Loi scdique, p. XL. 



.{79> 

de la page , elles deux feuillets qui devaient suivre parabseot manquer. Le premier feuillet 
suivant commence par les mots : t denarii qui faciunt sot. xlv culpabilis judicetur », qui 
sont au milieu du chap. lxix , dans Tédition de Ganciani. Le chapitre qui suit et qui est 
le dernier du manuscrit a pour titre : c De eo qui filiam alienam adquisierit et se relra- 
xerit >; il est aujourd*bui coté lxv, mais le chiffre primitif devait être Lxvnii ou lxx. Au 
bas de la page on lit : « Explicit liber Legis salice t , et au verso : t Incipiunt capitula hujus 
libri ». Cette table, que le copiste avait laissée inachevée , a été complétée d*une main plus 
récente. 

Manuscrit du x* siècle. Sur vélin. Petit in-q\iarto. 60 feuillets. 

Au haut de la première page on lit : « Liber Sancti Remigii Remensis , vol. VII" et 
II». 

Rdiure en maroquin rouge , aux armes et au chiffre de Louis XIV \ en or. Le manu- 
scrit n*est cependant pas mentionné dans le • Catalogua manuscriptorum Bibliotheca 
régi» Parisiensis ». M. Barrois Tacheta i5o francs, le a 5 novembre 18^0. 

XI 

Les observations de M. Salmon sur la Chronique de Pierre Béchin se ter- 
minent par ces mots ^ : u Nous n avons pu recourir au manuscrit de la biblio- 
thèque du président de Thou, dont se servit Duchesne, parce que nous 

■ 

ignorons sa destinée. Mais nous regrettons surtout le ms. ^999 A, fonds 
latin de la Bibliothèque impériale, écrit au commencement du xiv' siècle', 
et qui contenait la Chronique de Pierre fils de Béchin , depuis la création du 
monde, avec des additions d un écrivain inconnu jusqu'à Tannée 1 199^. Ce 
manuscrit n a pu jusqu'ici être retrouvé sur les rayons de la Bibliothèque 
impériale, malgré le zèle mis à le rechercher». 

La destinée des deux manuscrits dont pariait M. Salmon nous est aujour- 
dliui connue. Le premier, celui du président de Thou, dont s'était servi 
André Duchesne, est à la Bibliothèque impériale: il y est arrivé comme 
presque tous les manuscrits du président de Thou, avec le fonds de Colbert. 
C'est le n* 2826 du fonds latin : on voit encore au commencement les traces 

' G*est, selon toute apparence, une reliure sait quelle tendance les anteors du catalogue 

faite sous le règne de Louis XV. imprimé avaient à rajeunir les mannacrits. 

* Bâcwl dt chronùiufi de Toaramt (Tonn, Voyez plus haut, p. 55. 

i854t in-8*), p. xv. * Âiflenrs (p* y), M. Salmon dit en paHant 

' M. Salmon sait ici Taj^iréciation de notre de ces additions : c Nous ne pouvons les publier 

catalogue imprime ; mais , selon toute apparence , parce que le manuscrit unique qui les contient 

le ms. 4999 A appartenait au un* siède; on est égaré depuis quelques années 1. 



— rt.( 80 > 

de la signature de Jacques-Auguste de Thou, dans la bibliothèque duquel ce 
volume était coté n° 682 ^ M. Salmon a coUatîonné le ms. 2826, sans y 
reconnaître Texemplaîre qu'André Duchesne avait consulté chez le prési- 
dent de Thou. 

Quant au second manuscrit, le n^ A 999 Â du fonds latin, il a été dérobé 
à la Bibliothèque et est passé en Angleterre avec la collection de M. Barrois. 
Le rapprochement suivant ne laisse à cet égard aucune espèce de doute. 

Le ms. ^999 A est ainsi décrit dans notre catalogue imprimé : 

Codex membranaceus , in quarto , quo continentur : 

1* Eusebii et Isidori Hispalensis chronicon, a Petro Bechinm filio productum ad 
moFtem Richardi, régis Anglorum, et annum 1 199. 

a* Anonymi liber de tribus circumstanciis gestorum, id est, personis, locis et tempo- 
ribus. 

3** Damasi papae chronicon de summis pontiûcibus, quod anonymus prodiuit 1^4 
Adrianum I et annum. 77a. 

4* Nomina episcoponim Cenomanensium a Juliano ad Hugonem. 

5* Prophetia sîbyllsB Tiburtins. 

6* Gesta Salvatoris , sive evangelium Nicodemi. 

'f Libellus Beds de locis sanctis , in epitomen contractus. 

8* Historia Britonum : authore Galfrido Monemutensi. 

Is codex decimo quarto secido ineunte videtur e3uiratus. 

Ce manuscrit a été découpé en quatre morceaux : — le premier renferr 
mant la Chronique de Pierre Béchin; — le deuxième, les opuscules indi-r 
qués ci-dessus sous les n*^ 2 , 3 , & et 5 ; — le troisième , les opuscules 
indiqués sous les n*** 6 et 7; — le quatrième, Thistoire de GeofiFroi de Mon- 
mouth, indiquée sous le n* 8. 

Les trois premières de ces coupures se retrouvent dans la collection de 
M. Barrois, dont elles forment les mss. 281, 'xklx et 280. La dernière 
coupure, composée de l'Histoire des Bretons par GeofTroi de Monmouth, a 
jusqu'à présent échappé à mes recherches. Je copie les descriptions que 

* L'ancien catalogae des manuscrits du pré- degavensium nomina* Episcopi Andegavenses. 

sident de Thou décrit ainsi ce volume: clsi- Dies xgyptiacii. Les fragments d'Aratas man* 

dorns de figuris remm gestarnm et dia ejus- quent dans le ms. latin aSaS; ils ont été enlevés 

dem. Sancti Benedicli vita. De sancta Menalia. à une époque ancienne, et selon toute appa- 

In Gantica canticonim fragmenta. Âratoris que- renée avant Tentrée du manuscrit à la Biblio- 

dam. Regum Francorum vits. Gpmitun^ An- thèque du roi. 



.( 81 ). 

nous avons des mss. sSi, 2^^ et qSo de M. Barrois. Il serait superflu dy 
joindre aucune observation, pour montrer que ces trois plaquettes sont 
les débris de notre ms. latin ^999 Â : 

CCLI. — Chronicon brève a creatione mundi ad annum 1199. — Commence: 
I Prima etas in exordio sui continet creacionem mmidi >. — Finit : t Anno vero m** c** 
xc*" ix** obiit Richardus, rexAnglorum et dux Normannorum, cornes Andegavis et Aqui- 
tanorumi. 

Au verso du fol. a 5 est une liste d'historiens, commen^nt à Trogue Pompée. 

Manuscrit du xiii* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto, a 5 feuillets. 

En tète du volume on lit la note suivante : t Cetle petite chronique . . . , dans sa pre- 
mière partie jusque Tan 38 1, est puisée de la chronique d'Eusèbe et de saint Jérôme. 
Depuis cela ^ Tauteur raconte principalement Thisloire des Francs , après Grégoire de 
Tours et Frédégaire , y joignant très soigneusement le catalogue des papes, avec les an- 
nées de leur siège. Depuis Pépin le Bref il commence aussi à faire mention des événe- 
ments en Angleterre , et comme il avance vers son époque , ces récits de Fhistoire anglo- 
saxonne et anglo-normande deviennent plus nombreux. L*auteur y joint aussi Thistoire 
des èvêques de Tours et de ce qui concerne Tétat de cette diocèse, avec un soin si pro- 
noncé que Ton voit bien qu*il a fait lui-même partie du clergé de ceUe église , ce qui 
donne un nouveau intérêt à ses notices •, etc. 

Reliure en maroquin bleu. 

CCXLIV. — 1. S. Hieronymi ad Damasum papam liber de vitis pontiGcum Roma- 
norum. 

2. Nomina episcoporum Genomanice urbis. Fol. a a v". 

3. Prophecia sibille Tiburtine. (Opusculum venerabili Bedae adscriptum.) Fol. a 3. 
« Sibille generaliter omnes femine dicuntur. • 

4. Incipit liber de tribus circunstantis gestorum, id est, personis, locis, temporibus. 
Fol. a 7. 

5. Tabuiffi chronologie». Fol. a9. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-quarto. 5o feuiUets. 
Reliure en maroquin bleu. 

CCL. — 1. In nomine Dei summi incipiunt gesta Salvatoris Domini nostri Jhesu 
Christi , que invenit Teodosius magnus imperator in Jérusalem in pretorio Poncii Pilati in 
codicibus publicis. (Aliter evangelium pseudepigraphum Nicodemi.) — G)mmence : 
• Factum est in anno nono decimo imperii Tyberii Cesarisi. 

2. In hoc codice continetur libelius Bede presbyteri de locis sacris Jérusalem. Fol. 11. 

Manuscrit du xiii* siècle. Sur vélin. In-quarto. 18 feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. 

11 



>{ 84 )^ — 

Sachies qu il vous a acontë 
De Testoire la vérité , 
Ce qu'il en escrit, en trouva. 
Tant fisl la dame et esploita 
Que ne puet estre en escrit mis. 
Tant com j'en luis vous en devis. 
Prions la virge glorieuse , 
Etc. 

U est donc évident que la vie de sainte Geneviève composée en vers à la 
requête de la dame de Valois est Tœuvre de Renaud ^ Les quatre vers qui 
sont à la fin de l'exemplaire de M. Barrois, et sur la foi desquels l'opuscule 
a été attribué à frère Guérin , se rapportent non pas à Tauteur, mais au co- 
piste du manuscrit. 

XIII 

Notre ms. latin 7 Ai 3 renfermait dix-neuf traités d'astronomie ou d astro- 
logie, dont rénumération se trouve dans le catalogue imprimé : 

Codex membranaceus , in quarto, olim Tellerianus. Ibi continentur : 

1** Messahallach tractatus de compositione et usu astrolabii. 

a"* Tbeorica planetarum, autbore Gerardo Carmonensi. 

S** Âben EsTBd tractatus de planetarum conjunctionibus, et de revolutionibus annorum 
niundi, interprète magistro Henrico Bâte. 

4"* Guiilelmi Ânglici judicium de urina non visa. 

5*" Tbeorica planetarum , autbore Gerardo Carmonensi. 

6** J. de Londoniis tractatus de astrologia judiciaria ad R. de Guedingue. 

7"* Anonymi tractatus de nativitatibus. 

8° Tabula stellarum fixarum anno 1 aiG Parisiis verificata. 

9" Roberti Grosthead, episcopi Lincolniensis , tractatus de sphsra. 

10* Anonymus'de aeris dispositione. 

Il"* Tractatus de compositione almanacb. 

12"" Alfragani liber de aggregationibus sdentis stellarum, et principiis cœiestium 
motuum. 

iS"* Aibohsdy Alfabat, liber de nativitatibus. 

1 4** Anonymi epistola de causis et signis ignorantis modemorum. 

1 5"* Anonymi epistola de ratione mixti. 

* M. Kohier (Étude, p. xLix) a parié de Touvrage de Renaud d'après une copie qu*ii en a 
trouvée à la bibliothèque Sainte-Geneviève. 



—«.( 85 ). 

iG** Ptolemœi planisphaerium. 
1 y"" Omar de revolutionibus nativitatum libri très. 
18** Haly, filii Ahamet, liber de electionibus horarum. 

19" Epistoia Messahallach , ia rébus eclipsis solis et lunœ, in conjunctionibus plane- 
tarum ac revolutionibus annorum. 

Is codex decimo quarto sœculo exaratus videtur. 

On a pris le commencement et la fin de ce volume pour former le n** 2 1 8 
de la collection de M . Barrois , qui répond aux articles 1 , 1 7 , 1 8 et 1 9 de 
la précédente description. Les articles 6 à 1 3 ont servi à constituer le n° 1 88. 
J'ignore ce que sont devenus les articles s , 3 » A et 5. 

Suivent les notices des mss. 2 1 8 et 1 88 de M. Barrois : 

CCXVUI. — 1. Hic incipit astrolabium. (Liber Messeliall», cum figuris; sequitur 
theorica motuum planetarum. ) — tScito quod astrolabium est (nomen grecum), cujus 
interpretatio est acceptio stellarum. » 

2. Liber Omar de revolutionibus nativitatum. Fol. 36. — «Dixit Omar Benalphar- 
gani Tiberiadis : Scito quod diffinîtiones nativitatum in nutritione sunt quatuor. • 

3. Liber Hali filii Ahamet Ebram in electionibus horarum. Fol. ^5. — • Rogasti me, 
karissime , ut tibi librum de bons eligendis componerem. > — A la fin : « Perfectus est 
liber electionum. . . Hali filii Ahamet Hebraam transiatus de arabico in latinum in civi- 
tate Barchinona ... t. 

k, Incipit epistoia Messehale in rébus eclipsis solis et lunae et conjunctionis planeta- 
rum , etc. Fol. 57 V*. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-folio. 5g feuillets. 
Reliure moderne en maroquin rouge. Dorure. 

CLXXXVIIL Collection de traités et de tables astrologiques et astronomiques, en 
latin. 

1 . Liber de nativitatibus Albohaii Alfahat. — « Iste est liber scientiae judiciorum. • A 
la fin : t Perfectus est liber nativitatum anno ab incarnatione Domîni 1100, mense 
julii, etc.». 

2. Epistoia cujusdam de signis et causis modernonim. — ■ Ignorantie nostre signa 
sunt et cause. » Fol. 9 v**. 

3. Epistoia de ratione mixti. — • Mixlum autem est uno fieri non ex pluribus dé- 
mentis prius ad se invicem divisis. » Fol. 1 1 . 

4. Liber de sphera. — cSpera in quolibet polorum planum contingente.» Avec 
figures. 

5. De motu octavs sphers. — t Amatissimo magistro suo M. de Guedingue, ... de 
Londoniis, salutem. . . Noscitis quod omnesjudices astrorum. » FoL 19 v**. 



■i»»( 86 )•€-• — 

6. Tracta tus de sphera. — « Dixit Messehallah quod Dominas altissimus fecit terrain 
ad similitudincm spere. > Fol. a i . 

7. latroductio in astronomiam. -— «Dixit Ypocras, medicorum optinras, cujusmodi 
medicus est qui astronomiam ignorât. • Foi. ail. 

8. Tabula stellarum fixarum que ponuntur in astrolabio, verificata Parisius per instru- 
mentum armillarum anno Domini iaÂ6. Fol. 36. 

9. Tabula stellarum fixarum verificata Parisius anno m* ce 33. 

10. Tractaius (Roberti Grosseteste) , episcopiLincolniensis, de spera. — « Intencio in 
hoc tractatu est describere figuram machine mundane. » Fol. 37. 

11. Tractatus ad pronosticandam diversam aerîs dispositionem futuram ex stellis. 
Fol. 44. 

1 2. Tractatus de composicione almanak. — « In faciendo almanak. > Fol. d8. 

13. Incipit liber de agregationibus scientie stellarom et principiis cdestium motuum, 
quem Alphagranus (Alphraganus) compilavit. Fol. 5o v**. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In-quarto. 76 feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. 

XIV 

Le ms. 8 a il 6 (jadis 5 a 55 de Coibert) se composait, selon toute 
apparence, des débris de différents volumes. Le contenu en est ainsi indi- 
qué dans le catalogue imprimé : 

Codex membranaceus, in quarto, olim Colbertinus. Ibi continentur : 

1° P. Ovidii Nasonis liber de remedio amoris, passim inter lineas glosas et ad mar- 
ginem scbolia. 

2" Tobiae liber, versibus latinis, autore Matthaso Vindocinensi; accedunt g^osss et 
scbolia. 

3*" Proverbia varia , sive sententiœ ah anonyme versibus expresss. 

à"* A. Persil Fbcci satyne, cum glossis et scholiis. 

b'* Catonis disticha; accedit anonymi commentarius. 

6"* Gaufridi anglici Poelria nova; ad Innocentium III papam; accedunt glosss et 
scholia \ 

7* Anonymi carmen cujus titulus est : liber facetiœ sine quo nemo potest esse bene 
moriginatus. 

8** iEmilii Macri carmen de virtutibus herbanim ; finis desideratur. 

Is codex partim decimo tertio , partim decimo quarto sœculo videtur exafatMs. 

^ Baluze, dans son catalogue des manuscrils de Coibert, au n** 5255, dit que ce traité commen- 
çait par les mots : c Papa stnpor mundi». 



^ 



!-••( 87 )•«^^ — 

Ce manuscrit avait dû faire partie de la bibliothèque du président de 
Thou. On lit, en effet, dans le catalogue des manuscrits de cette célèbre bi- 
bliothèque : 

N* 5a 5. Galfridi Poetria. Catonis liber. Theoduli elegia. Ovidius de remedio amoris. 
Tobias metrificatus a Matheo Vindocinensi. Virgilii opuscula. Damasi pape liber de vitiis. 
Doclrina Jobannis Faceti ad Catonem. Ampbitruonis comedia, elegiaco carminé'. In 
octavo. 

Jai tenu à montrer que notre ms. 8 a 46 avait appartenu au prési- 
sident de Thou, parce que, dune part, on sait que ce fameux bibliophile 
avait recueilli beaucoup des anciens manuscrits de Pierre Pithou ; et que , 
d autre part, le nom de Pierre Pithou se Ut sur deux volumes de la collec- 
tion de M. Barrois, que je n hésite pas à prendre pour deux morceaux de 
notre ms. 8a 46, et qui, combinés avec deux autres volumes de la même 
collection, nous représenteront le ms. 8a 46 tel qu'il était avant sa sortie de 
la Bibliothèque du roi. 

Dans cette hypothèse, le n^ 3 1 4 de M. Barrois répond aux deux premiers 
articles du manuscrit perdu ; le n® 3 1 8 , au quatrième et au cinquième ; le 
n"* 3 1 9 , au sixième, au septième et peut-être au troisième; enfin, la seconde 
partie du n^ a85 est le huitième article du ms. 8a 46 : 

CCCXIV. — 1 . P. Ovidii Nasonis de remedio amoris liber cum commentario. 
2. Matthaei Vindocinensis Tobias, sive metaphrasis libri Tobi^e versibus elegiacis 
scripta, cum commentario. Fol. a3. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In-quarto. 68 feuillets. 
Reliure en maroquin vert. Dorure. 
 appartenu à P. Pithou. 

CCCXVIII. -^ 1. Auli Pertii Fiaccî satyr» cum commentario. i6 feuillets. 
2. Dionysii Catonis ethica, seu disticba de moribus, cum commentario. i6 feuillets , 
inverso voiumine. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin* In-quarto. 3o feuillets. 
Reliure en maroquin vert. Dorure. 
A appartenu à P. Pithou. 

1 La composition de ce volume a sans doute le relier dans un autre recueil de fragmeuU , 
été remaniée après la rédaetion du catalogue peut-être celui qui a formé le n"* Big% de notre 
des manuscrits du président de Thou. Je sup- fonds latin et dont il sera question dans la no- 
pose qu*on en aura enlevé TAmphitryon, pour tice suivante, p. 89. 



CCCXIX. *- 1. Liber faceiicie (Johannis magistri). Commence : 

Cam nihil utilius hamane credo salati 
Quam monim povisse modos et moribas uti. 

 la fin : « Explicît liber faceticie, sine quo nemo potest esse bene moriginatus •. 

2. Versus de ofiiciis sacerdotum. Fol. a v**. Commence ; 

Sacerdotes, memenlote 
Nihil majus sacerdote , 
Qui dotatus sacra dote 
Deo servit et dévote. 

3. De officio sacerdotis (en prose). Fol. 3. 

4. Versus morales et memorativi de variis rébus. Fol. 3. 

5. Galfridi de Vino Salvo anglici Poetria (cum notis). Fol. 8. Commence : 

Papa stapor mundi si dixero papa notenti. 

A la fin : c Explicît Poetria, composita a magistro GaLfrido de Vino Salvo de coloribus 
retoricis •. 

Manuscrit du xiv' siècle. Sur vélin. In-quarto. 3o feuillets. 
Reliure en maroquin vert. Dorure. 

CCLXXXV. — 1 . Sequitur de jure civili Burgundiae. La première rubrique est : De 
emphitbeoteta. La dernière: De conditione possidentis. i6 feuillets. 

2. Hic incipit liber de virtutibus berbarum secundum Macrum. 8 feuillets, in verso 
volumine. 

■ 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In-quarto, ad feuillets. 
Le second traité est écrit sur deux colonnes. 
Reliure en maroquin pourpre. 

XV 

Voici, d après le catsdogue imprimé, la notice du vos. latin 8698 : 

Codex membranaceus, in octavo, olim Colbertinus. Ibi continentur : 

1* Anonymi disticha moralia\ 

a*" Summa pœnitentisB, versibus hexametris. 

3** Prudentii tetrasticba de veteri et novo Testamento '. 

4' Liber Faceti. 

. ^ La description que Balaie a donnée du ' « Tetrastichum Prudentii de colomba. » Ba- 

même manuscrit (n** 6574 de Golbert) porte : luze. — Voyez ie Dittoekaeon dans le Prudence 
c Disticha moralia christianat. de Dressd, p. 470* 



5*" Cornuti distigia ^.sive morale scholarium : authore Joanne de Garlandia ^ 
6** Amphitryon comœdia, versibus elegiacis. 

7' Comœdia de sponsalibus Paulini et PoIIsb vetcranorum : authore Bicardo de Ve- 
iiusia. 

8** Reguls juris, e libro sexto Decretalium. 

Is codex decimo quinte saBcuio videtur exaratus. 

Ce volume a été volé à la Bibliothèque et mis en lambeaux. Les feuillets 
contenant le deuxième, le troisième et le quatrième article forment aujour- 
d'hui le n** 2 54 du fonds de M. Barrois, et le n° aSy du même fonds répond 
au septième article : 

CCLIV. — 1. Incipit Suuuna penitencie*. — Commence : 

In crucis hoc signo, bona sumo, prava resigno. 
Munere me digno servet Deus hoste maiigno. 
Peniteat cito precor ^ cam sit miserator 

Judex, et sant hec quinque tenenda tibi : 
Primo bianditur, secundo monet , tercio urget , 
Quarto solatur, qointo demonstrat agenda. 
Quinque tibi care slot ista, si conûteare : 
Spes venie » cor contrituni , coufessio culpe , 

Pena satisfaciens et fuga nequicie. 

2. Tetrasticum Prudencii columbe de veteri et novo Teslamento. Fol. 6. — Commence : 

Eva coluœba fuit tune candida , nigra deinde 
Facta, per auguineum maie suasa fraude vcnenum. 

3. Incipit liber Faceti (sive moralls, poema leoninum de ofliciis cujusque crga Demu , 
alios homines et seipsum, per quendam Johannem magislrum). Fol. i6. — Commence : 

Cum nihil utilius bumane credo saiuli 
Quam rerum novisse modos et moribus uti. 

Manuscrit du xv** siècle. Sur vélin. Très petit in-quarto, a 8 feuillets. Avec de petites 
initiales enluminées. 

Reliure en maroquin rouge. Dorure. 

CCLVII. — Comedia de sponsaiiciis Paulini et Polie senum, composita a judice Ri- 
chardo de Venusia. Commence : 

Ludere sepe solet nostro sapieutia ludo, 
Cum sibi precipue tempus et bora favent. 

^ c Distigium magisUi Coniuli cum grossis. » tion du ms. a6o de M. Barrois, qui pai^t con- 
Baluze. tenir une pièce analogue. 

* Voyez plus baul, notice Vlll, la descrip ^ H faut lire cpeccaton. 

12 



— *->[ 90 )•« — 

Tempa» aâest aptum quo ludere nostra camena 
Debeat, et curis se reveiare (/. rdevare) suis. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. Petit in-octavo. 3g feuillets. Avec de petites initiales 
enluminées. 

Reliure en maroquin rouge. 

Les mss. ^Sli et a 87 du fonds de M. Barrois nous représentent donc 
les articles 'i , 3 , & et 7 du ms. latin 8 A 98. Je ne saurais dire ce que sont 
devenus les articles 1, 5, 6 et 8. 

Le sixième article était une copie de l'Amphitryon que M. Thomas 
Wright a cité en ]838, en donnant des détails^ qui prouvent que le ms. 
latin 8^198 était encore à cette époque sur les rayons de la Bibliothèque du 



roi. 



XVI 



M. Wallon, dans un livre aussi remarquable par la solidité de férudition 
que par Télégance du style ^, regrette de n'avoir pu recourir à deux manu- 
scrits de la Bibliothèque impériale relatifs à lliistoire de Richard II, roi 
d'Angleterre, le n® 278 du fonds de Saint- Victor et le n® 9745.3 de l'an- 
cien fonds français. On va voir par suite de quelles circonstances aucun de 
ces deux manuscrits n'a pu être mis à la disposition du savant historien. 
Examinons d'abord le n° 2'jS du fonds de Saint-Victor. Voici la description 
qui nous en est donnée par le catalogue de la Bibliothèque : 

1 . Traduction des livres de la vieillesse et de Tamilié de Cicéron , par Laurent de Pre- 
mierfait. i3a5^. 

2. Ballades et autres poésies d*Eustache Morel. 

3. Le Songe véritable, en vers. 

4. Jacques Bruaut, Voie des richesses et de la pauvreté, en vers. 

5. Créton , Prise de Richard , roi d'Angleterre , en vers. 



* «Codex 8^98 is also on veilum, but of 
the fifteenth century. The Geta forms the sixth 
article, commences at fol. 54, and condudes 
thus : 

c Gaudeat Amphitrion , Getaque fiât homo, 
Laetatur sponsa AmphyUion, nitore coquine 
Birria, Geta hominem se fore: queqne placent. 



Exjdicit. • Thomas Wright, Eai-fy mysteries and 
other poems of the tuoelfth and tiûrteenth centaries 
(London, i838, in-S**), p. xx. 

* Richard H, épisode de la rivalité de la France 
et de fAMJUterre (Paris, i864, deux volumes 
in-8«). 1.391. 

^ Il faut lire i4o5 et non pas i3a5. 



— «•( 91 ). 

6. Traité entre les rois de France et d*Âng^eterre, en i35g*. — Traité de Brétigny, 
i36o. — - Le traité corrigé à Calais, i36o. Etc. 

Volume in-folio, papier, du xv* au xvi* siècle*. 

Le cinquième des morceaux ci-dessus indiqués a été Tobjet dune note 
intéressante que le révérend John Webb a insérée dans son travail sur 
Richard IP et qu*il devait à Tobligeance de Henry Pétrie. Je la traduis litté- 
ralement : 

On lit dans le ms. 276 de Saint-Victor, à la fin de Thistoire de Richard 11 : « Ëx- 
plicit Tystoire du ];oy Richart d'Engleterre , composée par Créton «. Vient ensuite , au 
folio i3a verso: «Epistre fet par le dit Créton: Ainsi come vraye amour requiert à 
très noble et vraye catholique Richart d* Angleterre , je Qréton, ton Hege serviteur, te 
renvoyé ceste epislre,» etc. Puis on trouve, au folio i33, une ballade par ledit Créton : 

vous, seignors de sang royal de France, 
Mettez la main aux armes vistement. 

Suivent plusieurs autres ballades : Tune est attribuée à Créton ; toutes sont peut-être 
du même auteur. 

De cette note il convient de rapprocher la description du ms. ^9^ de 
M. Barrois : 

CCCCXCIV. — 1 . Les croniques de France. — ■ Childeric. — Childebert. ■ 

2. L'ystoire du roi Richart d*£ngleterre, composée par Créton. Fol. a. Commence: 

Au départir de la froide saison . 

Que printemps a fait reparacion 

De verdure, et qu'aux champs maint buisson 

Voist on florir. . . 

Une petite partie est en prose. L ouvrage finit ainsi : 

Sy prie à tous ceulx de cuer fin 
Qui verront jnsques à la fin 
Ce traictië que j*ay voulu faire 
Des Anglois et de leur affaire. 
Que, se j*ay mespris en rimer. 
En prose, ou en leonimer, 
C*on me tiegne pour excusé 
Car je n'en sny pas bien rus^. 

Explicit Tystoire du roy Richart d*Ëngleterre , composée par . . . Créton. 

* Je crois quil 8*agit ici du traité de 1269. Crapelet, sous le titre de Poésies morales et his- 

* Sur le ms. 376 de Saint -Victor il tor'ufues dEuslache'Deschùmps. 
faut consulter le volame publié en i&39 par ' Ârchitolo^ia'yXX, 189. 

1 2 . 



-►-«•( 92 ).«^— 

3. Epistre faite par ledit Créton (adressée au roy Ilicliard II). Fol. 3a verso. Com- 
mence : a Ainsy comme vraye amour requiert, à très noble prince et vray catholicque 
Richard d'Englelerre. je Créton, ton lige serviteur, te envoie ceste epistre. . . ». L*auteur 
plaint le roi de ses infortunes et de la méchanceté de ses ennemis; il l'engage à venir en 
France. 

4. Balades par ledit Créton. Fol. 34 verso. 

r. A vous seigneurs, du sang royal de France» 
Mettes la main aux armes vistement. 
Se vous avez certaine congnoissance 
Du roy qui tact a souffert de tourment, 
Par faulx Angloîs , qui traiteusement 
Luy ont tollé la dominacion 
Et puis de mort fait condampnacion. 

39 vers , avec ce refrain : 

C'est d'Albion le noble roy Richart. 

II. Venez, venez de l'Empire et de France, 
Venez veoir, très belle compagnie; 
Venez veoir, renouvel d'aliance; 
Venez veoir, gente chevalerie. 

33 vers , avec ce refrain : 

Venez veoir iuy portant raim de lorier. 

m. Par les grans fais des anciens Romains 
Furent jadis les terres subjuguées 
De toute Aise et d'Orient par mains 
D'Auffrique aussi avecques les Indees. 

67 vers , avec ce refrain : 

Advisés y le noMe sang de France. 

IV. Pour acquérir hoonenr et renommée. 
Pour mielx valoir entre les gracieux , 
Pour ressembler à Judas Macbabée, 
Pour ensuir les senz chevalereux. 

Al vers, avec ce refrain : 

Par lettres envoiées de France. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-folio. 36 feuillets. Le papier a pour marque 
Técu aux armes de Bourgogne. 

Reliure en marocpiin vert de Venise. 

Il faut avouer que le ms. 694 de M. Barrois présente bien de lanalogie 
avec le cinquième morceau du ms. ayS de Saint- Victor. C'est lauteur 
du catalogue des manuscrits de lord Âshbumham qui en a fait le pre* 



— «•( 93 )•« — 

mier ia remarque: «Le présent manuscrit , dit-il, et le ms. a 7 5 de Saint- 
Victor sont les seuls exemplaires connus qui renferment le nom de lauteur, 
Tépître et les ballades )>. En réalité, ces deux exemplaires se réduisent à un 
seul. On pouvait déjà le soupçonner en voyant avec quelle exactitude la note 
du révérend John Webb s applique au ms. Ixgtx de M. Barrois, et le soup- 
çon se change en certitude quand on pèse une obsei^vation très judicieuse 
que nous devons également à lauteur du catalogue des manuscrits de lord 
Ashburnham : «Les mss. 498 et 5 2 3 de la collection de M. Barrois sont, 
dit-il, delà même main que le ms. 49&)>. Or, le n"" ^98 contient les 
deux ouvrages qui formaient la troisième et la quatrième partie du ms. 2y5 
de Saint-Victor; le n® 5 2 3 est un recueil de poésies correspondant à la 
deuxième partie du même manuscrit. 

N*est-il pas évident que nous avons dans les n*" ligli, àgS et 52 3 du fonds 
de M. Barrois trois fragments dun seul et même volume, du ms. 276 de 
Saint- Victor, qui sera reconstitué dans son état primitif, si aux n" A94, 
àgS et 5q3 du fonds de M. Barrois nous ajoutons les n" 373 et 692 du 
même fonds? Je justifie la restitution que je propose en donnant ici la notice 
des mss. 698, 5îi3, iji et lig^ : 

CCCCXC Vin. — 1 . Le Songe véritable. — Dialogue : les interlocuteurs sont Povreté , 
Souffrance, Renommée, Faulx gouvernement. Expérience, Fortune, Raison, Dampna- 

cion. Commence : 

Les gens qui dient qu^en songes 
N*a se fables non et mensonges , 
Sy comme ou rommant de la Rose 
Est dit, en texte, non en glose, 
Sy n*ont pas tout bien essayé, 
Sy com je voy, car esmaié 
Suy je trop fort, et en pensée, 
De ce qu ay veu la nuyt passée 
Une adfision merveilleuse. 
Dure, obscure et non joyeuse. 
Laquelle Je desdaireray 
Trestout le mielx que je pourray. 

Au fol. g verso, cd. 1, est le passage suivant: 

PORTVIVE. 



En ay je point donné sa part 
Au roy d'Angleterre Ricbart?' 



De son royaume l'ay bouté 

Et mit du tout à po\relë , 

Ou au moins en ezil Tay mis , 

Maugrë ly et tous ses amis ; 

£t se la voidentë me vi[e]nt. 

Je le remettra se devient 

A haulte honneur et à hault pris , 

Et en Testât où je le pris : 

Car mon plaisir est de gens faire 

Très grant seigneurs , puis les defiaire ; 

Aux povres gens suy souvent doulce. 

Et les riches souvent repoolce. 

Et les fais tous devenir bestes. 

Je n« crains nul s*ii n a deux testes. 

D'après ce passage et d'autres allusions à des- personnages contemporains, on peut 
rapporter la composition de ce morceau aux environs de Tannée i4oo. Finit : 

Comme Raison se teust et i*acteur parle et dit : 
Ainsy com m*avés ouy dire. 
Le cuer joyeux et non plain d*ire , 
Tant demouray, tant attendy. 
Toutes ses choses e[n]tendy, 
Lesqudles sont toutes escriptcs 
Comme chacun les avoit dictes. 
AuBsy Raison bien a visé 
Comme je vous ay devisé; 
Sy fis je aussy Dampnacion , 
Qui leans faîsoit mansion , 
Et vy que Raison escoutoit 
Dampnacion qui revenoit. 
Sy m'apensé que je verroie 
La fin du fait, si je povoie 
Lors m*ahesser, m*acoustay. 
Et Dampnacion escoutay, 
Qui venoit menant tel tem peste 
Qu elle me fit bessier la teste. 
Sy que j*en fus si merveillié 
Que de grant paour je m*esveillé. 
Explicit le Songe veritaUe. 

2. Cy commence T Adresse de povreté et de richesse (par Jacques Bruant). Fol. i^, 

— Commence : 

On dit souvent en reprouchier 

Ung proverbe que j^ay moult chier, 

Car véritable est, bien k sçay. 

Que mettes un fol après soy, 



— rt«( 95 y 

Il pensera de \y chevir. 
Par moi me saies le puis plovir 
Tant ay je de ma chevissance 
Petitement « maiz souffisance. 
Si comme Tescripture l'adresse, 
Au monde est présente richesse. 
Quant à or de ce me tairay, 
Et cy après vous retrairay 
Une advision qui m^advint 
 dix huit jours ou à xx , 
Après ce que je fus mariez. 



Finit : 



Ou avenir puisse à souffisance : 
Car j*ay en ce ferme créance, 
• Que qui a souffisante adresse 
En ly a parfaicte richesse. 
Ne ja ne croiray le contraire. 
Icy veuil mon livre à fin traire 
Appelle la Voye ou TAdresse 
De povreté ou de richesse. 
Explicit. 

Manuscrit du x\* siède. Sur papier. In-folio. 23 feuillets. Écrit à deux colonnes , de 
la même main que les n*" AgA et 5a 3. 
Reliure en maroquin vert. Dorure. 

DXXIII. Collection de lais , balades , rondeaux et serventois. 
1 54 pièces dont il y a dans le volume deux listes modernes. 

Mauuçcrit du xv* siècle. Sur papier. In-folio. 35 feuillets. 

Écrit à deux colonnes, de la même main que les n*" à^& et ^98. 

Reliure en papier. 

CCCLXXIII. — 1. Le livre de Tulle de vieillesse, translaté de latin en françois par 
Laurent de Premierfait. — Cy fine le livre de Tulle de viellesse, translaté de latin en 
françois , du commandement de très excellent. • . prince Loys, duc de Bourbon , par moy 
Laurent de Premierfait, cinqaiesmejour de novembre m ggcg et cinq. 

2. Le livre de Tulle d*amistié, translaté de latin en françois par Laurent de Premier- 
hït Fol. 1 6 verso. Commence : « Â très excellent . . . prince Jehan filz de roy de France , 
duc de Berry. . . •. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-folio. 33 feuillets. Apparemment Fautogiaphe 
du traducteur. (Hypothèse plus que hasardée.) 
Reliure en maroquin cramoisi. Dorure. 



— «.( 96 ).#^~ 

CCCCXCII. — Collection de traités entre i* Angleterre et la France. iaoo-i43o. En 
français et en latin. 

Manuscrit du zv* siècle. Sur papier. In-folio. 77 feuillets. 
Reliure en maroquin vert. 

La concordance entre le ms. 276 de Saint- Victor et les volumes de la 
collection de M. Barrois' s établira donc de la manière suivante : 

"*• ^^^ COLLECTIO» 

de Saint-Vielor. de M. Bftrrois. 

1. Cicéron N« 378. 

2. Ballades N" 523. 

3. Le Songe véritable N* AgS, fol. 1. 

4. Voie des richesses — fol. là- 

5. Créton N" AgA. 

6. Recueil de traités N* ^92. 

XVII 

Je passe nu second manuscrit concernant Richard II , dont la perte a été 
signalée par M. Wallon. 11 portait dans la bibliothèque de Colbert le n° i o5 1 , 
et il reçut le n** 9745.8 quand il entra à la Bibliothèque du roi. Baluze la 
décrit dans les termes suivants : 

1 . Vaiii tractatus pacis inter reges Francise et Angliœ ab anno mcg usque ad annum 

MCCGGXXSIX. 

2. Chronique de Richard II , roy d* Angleterre , composée par Jean Le Baud, chanoine 
de Saint < Lambert de Liège. 

3. Le temps perdu et le temps recouvert, de maistre Pierre Chastellain. 
k. Livre de moralité , par forme de dialogue. 

Ce manuscrit est cité dans le travail du révérend John Webb^, et Buchon 
Ta employé en 1826 pour l'édition quil a donnée de la chronique de 
Richard II dans le tome XXV de sa collection des Chroniques nationales 
françaises. Il a été volé à la Bibliothèque du roi avant Tannée i846', et dé- 

* Voyez ]a notice mise par M. le marquis de de rattacher par un ruban les mss. i^ày 4 98 

Queux de Saint-Hilaire en tête du tome II de et 533 du fonds Barroia. 

son édition des Œuvres (TEustacke Deschainps, * Arckmologia, XX, 11. 

— Voyez aussi plus haut, p. 29 , ce que je dis 'M. Benjamin Williams, dans la préfiice de 

du soin pris jiar le vieux comte d'Ashburnham sa Chronitfue de la iraîson et mort de Richart II, 



~^».( 97 )*«^ — 

pecé en quatre morceaux dont on a formé les n°* 35g, 397, 364 et /197 du 
fonds de M. Barrois. Je vais donner la notice de ces quatre manuscrits, sans 
y ajouter aucune observation : 

CCCLIX. — Collection de traités entre TAngleterre et la France. De laoo k i435. 
Partie en latin , partie en français. 

Quelques-uns de ces traités ne sont pas dans Rymer. Le texte de ceux qui ont été pu- 
bliés présente des variantes. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-folio. 1 oU feuillets. 
Reliure en maroquin vert. Dorure. 

CCCXCVII. — La grante desloyaulté et grans trahisons advenues ou royaume d'Angle- 
terre, et par especial encontre le roy Richard d'Angleterre, filz au vaillant prince de 
Galles, mis en prose par Jehan Lebeau, jadis chanoine de Sainct-Larobert du Liège. 

. . . Cy fine la cro nique du noble roy Richard d* Angleterre. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. Petit in-folio. 60 feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. Dorure. 

■ 

CCGLXIV. — 1. Ensuit le Temps perdu de maistre Pierre Chastellain. Commence : 

En contemplant mon temps passé, 
Et le Passe temps de Michault' , 
J*ay mon temps perdu compassé , 
Duquel à présent bien my cbault, 
Car point ne me suis demy chauit, 
Trouvé tousjours a grant froidure , 
Mais tousjours froit tant que froit dure. 

2. Ensuit le Temps recouvert de maistre Pierre Chastellain. Fol. 1 1 . Conlmence : 

On dit souvent que rien ne porte, 
Riens ne ly chiet , et on le croit , 
En cela point ne me depporte 
Pour ung party que me recroit; 
Mais d*aultre part, qai plus acroit. 
Aussi est-il tant plus estrainct : 
Qui trop embrace pou e^traingt. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-folio. 43 feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. Dorure. 

publiée à Londres en i846, dit (p. lxxxyi) en extending over a twdvemontb, f never could 
pariant, de ce manuscrit : «Aitbougb I made obtain a sigbt of tbis manu script», 
repeated visits to the royal library ai Paris , ^ Voyez plus loin , p. i o5. 

i3 



— 1^( 98 ).•■•— 

CCCCXCVIF. — Moraiit<!; à plusieurs personnages. Les pcreonnages sont : Maleur, Eur, 
Fortune, Povreté, Franc arbitre, Destinée. Commence : 

Se Orpheus , par chanter en sa lii*e , 
Eust modéré la grant rigueur et Tire 
De Jupiter, qui vooit ie[s] deux concquerre, 
Prometheus eust eu cause de rire. 



Finit: 



FAAIfC ÂRDITRE. 



Verrons plus haut par contempladon 
Et exersons bonne opération. 
OJl tout bon cuer mect sa felidté. 
Si que au partir de ceste région 
Avoir puissions vraye fruiction 
De cil qui est souveraine bonté , 
Le Dieu qui est tan en éternité , 
Quant vous serés logiez en sa cité , 
De rien qui soit deffault vous n aorés ; 
Ainsi maleur jamaiz desiierés. 
Prince en ce lieu est toute agiilité. 
Clarté sans fin , toute subtilité , 
Faites donc tant que vous y demourés. 
Ainsi jamais maleur ne desiierés. 



Manuscrit du xv' siècle. Sur papier. In-folio. /|5 feuillets. De trois mains «lifierentes. 
Reliure en maroquin vert Dorure. 

XVIII 

Un troisième manuscrit relatif h Thistoire de Richard II a été soustrait à 
la Bibliothèque. C'est le volume qui figure h l'inventaire de 1682 sous le 
n* 1 oa I 2 , et au premier des inventaires dressés par les frères Dupuy sous 
le n"" 635. Ce manuscrit fut examiné à la Bibliothèque du roi il y a une qua- 
rantaine d'années par John Allen, qui le signala dans les termes suivants au 
révérend John Webb ^ : 

Bibliothèque du roi, n* 635, in-octavo, sur vélîo. Reliure en veau, ornée d*un.écus- 
son portant trois fleurs de lis et surmonté d'une couronne avec des fleurs de lis au centre. 
Beaucoup de petites couronnes sont en outre estampées sur la reliure, et sous chacune 
d'elles sont deux G adossés, de cette façon 3C, peut-être |)our représenter le mot 

■ 

' Archœolofjia . XX, lo. 



— «•( 99 ).f^— 

CHARLES. Le manuscrit n*a pas de titre, mais le relieur a imprimé sur la couverture 
les mots ' : Histoire du roy Richard d'Angleterre. Il consiste en trente-huit feuillets et un 
feuillet blanc. L*écriture est du xv* siècle. 

Le signalement est si précis que le manuscrit enlevé à la Bibliothèque se 
reconnaîtra au premier coup d'œil, surtout s il na pas été dépouillé de sa 
belle reliure aux armes de Charles IX. Or, il est assez vraisemblable que le 
voleur a soigneusement conservé une couverture d'où le volume tirait presque 
tout son prix. Cest en effet ce qui est arrivé. Le manuscrit est arrivé intact 
dans la collection de M. Barrois, et le catalogue de lord Ashburnham le 
mentionne à peu près dans les mêmes termes que la note publiée par le 
révérend John Webb : 

X. — Le livre du roy Richarl d'Angleterre. Commence : « Le roy Richart d'Angleterre 
rendi la ville et le chastel de Brest au duc de Bretaigne l'an mil ceci m" et seze ». — 
Finit : tËt fut amené à Saint Pol la maistre église de Londres; là fust il deux jours sur 
terre , pour le monstrer à ceulx de Londres , afiBn que ilz creussent pour certain qu'il 
feust mort ». 

Manuscrit de la un du xiv* siècle ou du commencement du xv*. Sur vélin. Petit in-folio. 
38 feuillets. 

Au premier feuillet est attachée une lettre ornée tirée d'un manuscrit du xii" siècle. 
Belle reliure ancienne en maroquin jaune avec les armes et le monogramme de Charles IX. 
A la couverture sont attachées deux lettres, l'une d'Elisabeth, reine d'Angleterre, à 
Charles IX, du 29 décembre i564; l'autre de Charles IX au duc de Longueville, du 
a4 août 1672. 

Dans celte notice, comme dans le travail de John Webb, le volume est 
indiqué comme consistant en trente-huit feuillets de parchemin et relié aux 
armes et au monogramme de Charles IX. On peut donc affirmer sans la 
moindre hésitation que le n* 10 du fonds de M. Barrois est le manuscrit 
qui a été longtemps consente à la Bibliothèque du roi sous le n"" i 02 1 2. La 
disparition de ce volume est antérieure à Tannée i846, puisque M. Benja- 
min Williams, dans la préface de son édition de la Chronique de la irahon 
et mort de Richard deux, imprimée à Londres en 1 8/16, dit avoir vainement 
demandé à la Bibliothèque du roi le manuscrit indiqué par John Allen 
comme portant le n* 635^. 



r 



' Je traduis ainsi la phrase : It has no iide , ' • VlU , n** 635 , Bibliothèque di^roi at Paris, 

but is marked : Histoire, etc. This manuscrit is désoribed by M. Webb as 



i 



3. 



— ^^>.( 100 )•«- 



XIX 



La Bibliothèque du roi posséda longtemps, sous le n"* 10^6 a, un pré- 
cieux exemplaire du Voyage de Jean de Mandeville : Gervais Chrétien, 
premier médecin de Charles V, lavait fait copier en 1871 par Raoulet 
d'Orléans, Tun des scribes les plus renommés de la seconde moitié du 
XIV* siècle ^ Cette circonstance n*était point relevée dans les catalogues qui 
servaient au cabinet des manuscrits, quand une main coupable s'empara 
du n° 10262 et le fit acheter à M. Barrois, si désireux, comme on sait, de 
posséder quelques-uns des volumes qui avaient pu faire partie de Tancienne 
librairie de la tour du Louvre, et dont il avait publié Tinventaire en 1 83o, 
au commencement de sa Bibliothèqae protypographiqne. La fraude n'eût pas 
été facilement découverte si, dans ces dernières années, on neût pas mis 
en ordre les cartes sur lesquelles avait été écrit, au xvnf siècle, le catalogue 
d'un très grand nombre de manuscrits français. La carte relative au n° 10262 
est ainsi conçue : 

Recueil de différents ouvrages , savoir : 

i"" Le voyage de la terre sainte et autres lieux, par Jean de Mandeville, chevalier 
anglais. On lit au dernier feuillet ces mots : • Ce livre cy fist écrire honnorables homs , 
sages et discrets M* Gervaise Crestien, premier physicien de très puissant, noble et 
excellent prince Charles, par la grâce de Dieu roy de France; escript par Raoniet d' Or- 
liens, Tan de grâce 1871 ». Et sur les premiers feuillets on a écrit quelques problèmes 
d'arithmétique. 

a" Traitté de la préservation de épidimie, minucion ou curation d'tcelie, fait par 
M* Jehan de Bourgoigne, autrement dit à la Barbe, professeur en médecine et citoyen 
de Liège; il le fit en i365. 

S"" Onze rondeaux faits par un amant pour sa maîtresse. 

Manuscrit sur vélin. Volume in-quarto. Écriture du xiv' siècle, excepté les rondeaux 
qui sont du xv*. 



in-octavo, bearing the royal crown and cypber 
C. It is not known by ihis nupaber at the royal 
library, and the editor suspects it is n** 685 of 
some private collection (fond); but as there 
are fifty five such collections at the royal library 
and no catalogue has as yet been published, 
the search for it appears hopeless. It appears 



to bave been an early ms. ; but it consisted of 
only thirty eight folios , and could scarcely bave 
contained the additional paragraphs it.Chroniqi»e 
de la traîson . . . , p. lxxxix. 

* Sur les travaux de Raoulet d'Orléans, 
voyez mes MéLm^ de paléographie et de biblio' 
graphie, p. 271. 



+^( 101 ).«•-. 



H est impossible de ne pas reconnaître les deux premières parties du 
ms. loaGî dans les mss. ai et i85 de la collection de M. Barrois : 

XXIV. — Le livre Jehan de Mandeville, chevalier, lequel parle de Testât de la Terre 
sainte et des merveilles que il y a veues. A la fin, au fol. 9 5 verso : « Ce livre cy fist es- 
crire honnorables homes , sages et discret maistre Gervaise Crestien , maistre en medicine 
et premier phisicien de très puissant, noble et excellent prince Charles, par la grâce de 
Dieu roy de France. Escrîpt par Raoulet d*Orliens, Tan de grâce mil ccclxxi, le 
xvni jour de septembre i. — Et sur le feuillet suivant, fol. 96 : «Ci s ensuit Ta b c des 
Grieux , qui fu oubliée à mectre en son lieu pour ce que nous n'aviens l'exemplaire. Ci 
après s'ensuit Ta b c de ceuls d'Egypte ». — Fol. 96 verso : « Ci s'ensuit Ta b c à ceuls 
de Caldée. — Ci après s'ensuivenl les lettres des Hebrieus ». 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-folio. 96 feuillets. Reliure moderne en 
maroquin rouge, aux armes de Charles V. 

CLXXXV. — La préservation de epidimie, minucion ou curation d'icelle, faite de 
maistre Jehan de Bourgoigne, autrement dit à la Barbe, professeur en medicine et cytoien 
de Liège. i365. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. Petit in-folio. 5 feuillets. 
Reliure moderne en maroquin rouge , aux armes de Charles V. 

XX 

11 y a bientôt trente ans , mon savant confrère M. Paulin Paris remarqua 
dans le manuscrit français porté à l'inventaire de 1 68a sous le n° 7867 une 
explication des articles du Symbole, accompagnée de nombreuses minia- 
tures. 11 y reconnut avec beaucoup de sagacité un ouvrage du sire de Join- 
ville. Cette découverte eut un certain retentissement parmi les personnes 
qui s'occupaient de l'histoire et de la littérature du moyen âge, et la Société 
des bibliophiles français consacra , en 1 887, au Credo du sire de Joinville un 
élégant volume renfermant : 1° une notice de M. Artaud de Montor; a** le 
texte du Credo; 3** un fac-similé des quatorze feuillets que le Credo occu- 
pait dans le manuscrit original^. 

' Outre le livret publié par la Société des p. clxyiii et s. ) et une Dissertation de M. Didot 

bibliophiles, on peut considter, sur le Credo de sur le Credo de Joinville (même >olume, p. cl 

Joinville, les Noavelles recherches de M. Pau- et suiv.). — M. de VVailly a compris le Credo 

Jin Paris svw les manuscrits da sire de Joinville dans plusieurs des éditions de Joinville qu*il a 

(réimprimées dans le Joinville de M. Didot, fait paraître. 



~^D-( 102 ).c^.— 

Peu d'années après la publication de la Société des bibliophiles, le 
ms. 7867 avait disparu de la Bibliothèque. Pour en suivre la Irace, il ; 
faut mettre ici sous les yeux du lecteur la première phrase de l'opuscule 
qui donnait tant de prix au volume et qui a sans doute déterminé le voleur 
à se l'approprier. Je transcris donc les premières lignes du fac-similé publié 
en 1887 : «Ou non et en l'cnor dou Père et dou Fil et dou saint Esperit, 
un Dieu tout poissant, poez veoir ci après point et escrit les articles de 
nostre foi par letres et par ymages, seionc ce que on puet poindre , selonc 
l'umanité Jhesu Crit, et selonc la nostre d. 

Ce n'est pas sans surprise que j'ai retrouvé la même phrase dans la des- 
cription suivante du ms. 76 du fonds de M. Barrois : 

1 . Les articles de notre foi. Commence : • Ou non et en l'cnor dou Père et dou Fil et 
dou saint Esperit, un Dieu tout poissant, poez veoir ci après point et e&crit les articles 
de nostre foi par letres et par ymages, selonc ce qu'on puet poindre, selonc Tumanité 
JJiesu Crit, et selonc la nostre». Très richement enluminé en or et en couleurs. 

2. Incipiunt horc béate Marie Virginis in honore suo. Fol. i5. Avec beaucoup d'initiales 
enluminées. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In-quarto. 4i feuillets. 
Reliure en maroquin cramoisi. 

Il résulte de cette description : i* que le ms. 76 du fonds de M. Barrois 
renferme le Credo du sire de Joinville : la phrase initiale du traité met 
ce point hors de contestation; — 2** que, selon toute apparence, le ms. 76 
de M. Barrois est celui qui a servi à l'édition de iSSy, c est -à-dire le 
ms. 7867 de la Bibliothèque du roi : en effet, il est comme celui-ci 
richement enluminé en or et en couleurs * ; comme lui , il est de format 
in-quarto; comme lui, enfin, il contient quatorze feuillets remplis parle 
Credo ^. 

Pour achever la démonstration, il faut rechercher ce que le ms. 7807 
renfermait à la suite du Credo de Joinville. L'inventaire de 1682 ne fournit 
qu une indication très insuffisante : 

7857. Articles de la foy par lettres et images, et autres pièces. 

^ M. Aiiaud, page x, dit qne dans le ms. ' Le fac-similé publié en 1887 prouve que 

7867 «les figures sont coloriées sur un fond le ms. 7867 était in-quarto, et que ie Credo 
d'or » . en occupait les quatorze premiers feuillets. 



— f»-( 103 )-<!-i*— 

Le titre de ces (t autres pièces» nous a été révélé par un article du second 
catalogue des manuscrits du roi dressé en i6l\5 par les frères Dupuy. Nous 
y lisons : 

1445. Les Articles de la foy, par lettres et images. 

Exposition du Miserere mei. 

La vie de saincte Marguerite. 

La Chantepleure. 

Explication de la messe. 

Méditation sur la passion de Nostre Seigneur. 

Li romans de moralité. 

Oraisons de saint Bernard à la Vierge. 

HoraB beatae Virginis. 

Septem psalnii pœnitentiales ^ 

Si Ton rapproche cette notice de la description que j'ai rapportée plus 
haut, on sera convaincu que le ms. 78 du fonds de M. Barrois se com- 
pose des premiers et des derniers feuillets du manuscrit que nous avons 
perdu. Les feuillets intermédiaires, renfermant Texposition du Miserere, la 
vie de sainte Marguerite, la Chantepleure, lexplication de la Messe, la mé- 
ditation sur la Passion, le Roman de moralité et les oraisons de saint Ber- 
nard, ont servi à former un second manuscrit qui est classé sous le n** 3o5 
dans le fonds de M. Barrois, et qui est décrit avec beaucoup de détails dans 
le catalogue de la bibliothèque de lord Ashburnbam : 

1 . Ci se commance la vie sainte Marguerite la virge , commant ele fu martyriée , et com- 
mant ele soufri mort pour Nostre Scignor Jhesu Crist et se combati au tyrant et vainqui 
lou monde. (Traduit de Tlieotinus.) Commence: «[Ajprès la passion et la glorieuse 
résurrection et la merveillable ascention Nostre Seignor Jhesu Crist maint martyr furent 
martyrié en son nom. . . », 



* Le catalogue rédigé sur cartes au wni* siède 
décrit ainsi le ms. 7857 : 

t Recueil de difiërens ouvrages dans Tordre 
<jui suil : 

< I . Les articles de notre foi par lettres et 
par images. 

c 2. L'exposition du p.seaume Miserere. 

« 3. La vie de sainte Marguerite. 

c/i. Diverses prières et oraisons. 

«5. La signification ou Texposition de la 
messe. 



t6. Méditations sur la passion de notre sei- 
gneur Jésus-Christ. 

«7. Li romans de morsdités. 

• 8. L*oraison de saint Bernard à la douce 
dame de paradis en remembrante de la passion 
de Jésus-Christ. 

« 9. Hors beatap. Maris virginis. 
1 10. Septem psalmi poenitentiales. 
t i 1 . Offidum defunctorom. 

• Manuscrit sur vélin, forme in-quarto, de 
Tancien fonds du roy. écriture du xiv" siècle. » 



— ^^^•{ 104 )K-»-^- 

2. Méditations et prières. Fol. 9 verso. 

3. Prières en vers. Fol. 1 1 verso. Commence : 

Aidez Diex, sainte Trinité, 
Une gloire, une majesté. 

U. Ci commence la Chantepleure. Fol. 1 3. Commence: 

De celui haut scignor. 
Qui en la crois fn mis , 
Qui les portes d'anfer 
Brisa pour ses amis. 

5. Ci commence la sinification de la messe. Fol. 1 7 verso. Commence : « L*introite est 
l'entrée de la messe. Si doit on entrer dedens lui et estraindre tous ses sanz». 

6. Méditations sur le psaume Miserere mei Deus secundum magnam misericordiam 
tuam. Fol. 19. Commence : • Au commencement de cest saume covient savoir une hys- 
toire qui est ou livre des Rois *. 

7. Méditations sur la passion de Nostre Seigneur. Fol. 37. Commence : « Christo cru- 
cifixus sum cruel. Je suis fichiez en la croiz avec Jhesu Crit >. 

8. Ci commence li romans de moralitez. Fol. 55. Commence : « Talant m*estoit pris 
que je racontasse renseignement des philosophes de celé clergie qui est apelée moralitez ». 

9. Ce sont les paroles que saint Bernard disoit en orisons à la douce dame de paradis 
en remembrance de la douce soffrance et de la passion Nostre Seigneur Jhesu Crit. 
Fol. 73 verso. — cHa, dist-il, qui donra à mon chief aiue et à mes iauz fontaine de 
lermes que je puisse plprer par jour et par nuit? » 

Manuscrit du xiii' siècle. Sur vélin. In-quarto. 83 feuillets. Écrit sur deux colonnes. 
Avec une petite enluminure et beaucoup d'initiales ornées. Reliure en maroquin rouge. 



XXI 

Le recueil de poésies françaises qui figurait dans Tinventaire de 168a 
sous le n"" 80 &y n'est plus connu que par une des cartes préparées nu 
xviif siècle pour le catalogue des manuscrits français : 

Recueil d*ouvrages en vers , dans Tordre qui suit : 

1. Complainte sur la mort du roy Chaiies VII. 

2. Le passe temps de Michault Taillevent, valet de chambre de M. de Bourg(^e. 

3. Le débat des deux fortunés , autrement dit le Gras et le Maigre, par Alain Chartier. 
(i. Le débat du cœur et de Tœil. 

5. L*histoire de Narcissus et d*Echo. 

6. Le débat de la demoiselle et de la bourgeoise. 

7. La confession de la belle fille. 



— M.( 105 ]^ — 

S. Le débat des quatre dames. 

9. La constance et la merveilleuse patience de Griselidls, en prose, par François 
Patrail. 

Manuscrit sur papier. Forme in-quarto. De Toncien fonds du roy. Ecriture du xv* siècle. 

Ce manuscrit a été volé et mis en lambeaux. Les éléments en ont été dis- 
persés; mais ils se retrouvent tous dans les n*" ioa, 585 et 896 de la col- 
lection de M. Barrois : 

CCCCIf. — 1 . Epicedium sive lamentacîo Karoli scptimi victoriosissimi régis Francorum 
(Gallice). Commence : 

Da temps de dueii que le roy Elyon 

Se vint asseoir ou trosne de Lyon , 

Pour veoir Pbebe sa mie face à face. 

Ainsi qu'il fault qu'en sor [sic) revolvant face. 

2. La pacience de Grizelidis, laquelle ystoire translaita de lombart en latin ung très 
vaillant poecte appelle François Petraih (Petrarch), dont Dieu ait Tame. Fol. 7. Com- 
mence : t Au pié des mons, en ung costé d*Ictalie, est la terre de Saluces, qui jadis estoit 
moult peuplée de bonnes villes et chasteaux •. 

. Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-quarto, a 3 feuillets. 
Reliure en maroquin orange. 

DLXXXV. — 1. Cy commence le passe temps de (Pierre) Micbault appelle Taille vent 
(en son vivant varlet de chambre de monseigneur de Bourgoigne). Commence : 

Je pensoie , n*a pas sept ans , 
Ainsi qa*on pence à fon affaire, 
Par manière d*un passe temps . 
Aussi comme en lieu de rien faire. 

2. Le débat des deux fortunes, autrement dit le Gras et le Maigre (par Alain Cbarlier). 
Fol. 1 a v'. 

S. Le débat du cueur et de Tueil (par le même). Fol. 33. 

(l. Cy s'ensuit l'bîstoire de Narcissus et de Echo. Fol. 48 v*. Commence : 

BCHO. 

Je ne sçay quel propos tenir, 
Ne comment mon fait maintenir^ 
Tant suis en dangereuse sente , 
Comment manière contenir. 
Laisser aler ou revenir 
Désir, qui si très fort me tente. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-quarto. 69 feuillets. 
Reliure en maroquin marron. 

là 



— *^( 106 ).t4~ 

CCCXCVl. — l. Cy commance le débat de la damoiselle et de la bourgoyse. Com- 
mence : 

Ung jour de may trouMe et pluvieuU 

En jectant au doux ma chemise. 

2. C}' commence après la confession de la belle fille. Fol. 1 5. Commence : 

Bien celer, bien soyez venu , 
Chappellaiu du manoir d*amonrs. 

3. Les quatre dames (par Alain Chartier). Fol. ad. Commence : 

Pour oblier mdencorie , 
£t pour faire chère plus lie , 
Un g doub matin es champs issy. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In-quarto. 8i feuillets. 
Reliure en maroquin marron. 

XXII 

Le manuscrit porté à Tinventaire de i 68a sous le n** 9679 renfermait un 
traité sur les prétentions des rois d'Angleterre à la couronne de France, puis 
une chroniqpe abrégée d*Ecosse, s arrêtant à Tannée i463. Le catalogue 
préparé au xviii* siècle le mentionne en ces termes : 

Recueil où sont contenues les pièces suivantes , savoir : 

1. Traité des différends entre les rois de France et d'Angleterre. Le premier feuillet 
manque. 

2. Chronique abrégée du royaume d*Ecosse, depuis son commencement jusqu'environ 
i463. P. 53. 

Manuscrit sur vélin. Volume in-folio. Ancien fonds. Ecriture du xv* siècle. 

Le ms. a 7 de M. Barrois est assez conforme à ia description qui vient 
d'être rapportée ^ : 

1 . Ci commence le traittié des droits que le roy Charles* VII du nom a à la couronne 
et à la totalité du royaume de France, et de la complainte que les Ang^ois font louchant 
la roupture des trêves. — Commence : • Pour entrer esdictes matières •. Finit au fol. 49 V : 
■ Ses successeurs le feront pareillement jusquez à la fm. Amen». 

^ En avril 1883 « M. le comte Lanjninais rois], le mémoire pour combattre les préteu- 

m*a communiqué un manuscrit de Jacques tioiis du roi d'Angleterre et la chronique d*Ë- 

rrArmagnac, duc de Nemours, qui contient, cosse. Le mémoire a été rédigé au commence- 

comme le ms. 9679 (aujourd'hui 37 de Bar- ment du règne de Louis XL 



—«.( 107 y 

2. G commence la vraie cronique d*Escoce abregie. Fol. 5o. — CoDimence : • Pour 
ce quil y a grande diversité es liistoresi. Finit : c A sa mort, qui fut Tan mil iiii*lxiii, 
environ la toussains. Fin de la cronique d'Ëscoce abregie ». 

Manuscrit du xv' siècle. Sur vélin. In-folio. 62 feuillets. Sur la dernière feuille sont les 
armes de Puyquarreau. 
Reliure en maroquin bleu. 

Il est vrai que, d'après la notice que jai citée en premier lieu, la 
chronique d'Ecosse commençait au fol. 53 dans le ms. 9679, et quelle 
commence au fol. 5o dans le manuscrit de M. Barrois. Mais celte différence 
ne tiendrait-elle pas à ce que l'auteur de la première notice aurait compté 
trois feuillets blancs, qui auraient été négligés par lauteur du catalogue de 
la collection de M. Barrois? Ce qui me porte à identifier les deux exemplaires, 
c'est que le manuscrit de la Bibliothèque du roi était défectueux du premier 
feuillet, et qu'une semblable lacune existe dans le manuscrit de lord Ash- 
burnham, qui commence par ces mots : uPour entrer es dictes matières». 

L'origine que j'attribue aux manuscrits qui viennent d'être passés en revue 
est attestée par des preuves indiscutables : telles sont, à mon avis, celles 
que fournissent les souscriptions de copistes, les chiffres royaux imprimés 
sur les plats des couvertures, le nombre des feuillets occupés par la trans- 
cription d'un ouvrage, et l'ordre suivant lequel différents opuscules sont 
groupés dans un même volume. 

Il me reste à citer des manuscrits pour lesquels les preuves de cet ordre 
font aujourd'hui défaut. Dans cette seconde partie de mon travail, je serai 
réduit à rapprocher des titres semblables et à signaler des rapports de format 
et de date. Je me garderai donc d'affirmer l'identité des exemplaires, comme 
je me suis cru autorisé à le faire pour les manuscrits précédents. Je ne doute 
pas cependant que tous ou presque tous les manuscrits dont je vais parler 
n'aient fait autrefois partie des collections de la Bibliothèque du roi. L'exa- 
men des volumes pourra seul montrer si mes conjectures sont fondées ^ 

En regard des notices contenues dans le catalogue de lord Ashburnham , 
je placerai les notices consignées dans nos catalogues. 

^ Le coup d œil quej*ai jeté au mois de mars que de distinguer les altérations auxquelles les 
18 83 sur les manuscrits du fonds Barrois notés voldurs ont eu recours pour faire disparaître 
comme suspects m*a convaincaquemes conjec- les cotes et ies estampilles des volumes sous- 
tores étaient bien fondées. Rien n^estplus facile traits à la Bibliothèque du roi. 

i4. 



.( 108 ). 



XXIII 



Collection BarroU, 



LXI. — '■ Statuts et ordonnances de 
Charles le Hardi , duc de Bourgogne , pour 
ses compagnies de gens de guerre; 14^73. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. In- 
folio. 5i feuillets. Avec une bordure en- 
luminée et beaucoup d'initiales peintes. 
Les armes de France sont sur la première 
page. 

Reliure en maroquin bien. 



Bibliothèque' du, roi. 

Ms. français 9846 (de Tinventaire d^ 
1683). Ordonnance de Charies, duc de 
Bourgogne , pour la gendarmerie , de Tan 
1473. 

Manuscrit sur vélin. Forme in-folio. An- 
cien fonds du roi \ 

(Catalogue des manuscrits français rédigé sur 
cartes au zvin* siècle.) 



XXIV 



Collection Barrois, 



CXCV. — Ci commencent les epistres 
et les euvangiles de tout Tan, lesqueles 
sont translatées de latin en françois selonc 
Tordenance du messel à Tusage de Paris. 

Manuscrit du commencement du 
XV' siècle*. Sur vélin. In-quarto. i54 feuil- 
lets. 

Avec miniatures , lettres peintes et or- 
nements sur toutes les marges. 

Reliure en maroquin vert de Venise. 



Bibliothèque da roi. 

Ms. français 7838 (de Tinventaire de 
168a). — Le& épitres et évangiles de 
toute Tannée, translatées de latin en 
françois , selon Tusage de Paris , par frère 
Jehan de Vignay, à la requeste de madame 
la royne de Bourgogne, femme jadis Phi- 
lippe de Valois, roy de France, Tan i336. 

Manuscrit sur vélin. Forme in-quarto. 
De Tancien fonds du roy. Ecriture du 
XIV* siècle. 

( Même catalogue. ) 



XXV 



Collection Barrois. 



CCVI. — Liber de optimo fato nobilis- 
simi domini Henrîci, Eboraci ducis (et 



BibKothèque da roi, 

Ms. latin 6376. Codex membranaceus , 
in octavo, olim Colbertinns. Ibi contine- 



* C'est, sdon toute apparence, au ms. 9846 que se rapporte rarticle suivant de finveutaire de la 
librairie de Blois dressé en i544 '• <(Jng autre en parchemyn, couvert de vdoux bleu, intitulé 
Ordonnance du duc Charles». (Ms. français 566o, fol. 76 v*, article 1 186.) 

* La date assignée au ms. 196 de Barrois m'avait porté à faire quelques réserves sur le rap- 
prochement que je proposais entre ce manuscrit et le ms. 7888 de Tancien fonds du roi; mais Texa- 
men du manuscrit lui-même a levé tous mes doutes. Cest un volume qui a certainement été exé- 
cuté dans ia seconde moitié du uv* siède; les miniatures y sont encadrées de bordures tricolores. 



+•.( 109 ) 



VV allie principis), ac optimoruni ipsius 
parentum ; ad... Henricum Anglie et Fran- 
cis regem sepllmum . . . , per Willielmun 
Parronum Placentihum , artium et inedi- 
cine doctorem, editus. 

Manuscrit du xvi* siècle. Sur vélin. Pe- 
tit in-quarto. ^9 feuillets. Richement en- 
luminé. 

Reliure moderne en maroquin vert. 
Dorure. 



tur liber de optimo fato Henrici, Ebo- 
raci ducis, etopiimorum ipsius parentum; 
ad Henricum VII, aulhore WîUelmo Par- 
rono y Placentino. 

Is codex decimo quinto sœculo videlur 
exaratus. 

( Catalogue^ imprime en 1744.) 



XXVI 



Collection Barrois. 



CCXVI. — Qironicon générale ad an- 
num ia64* Commence: tin primordio 
temporis ante omnem diem •. 

Manuscrit du xiv* siècle. Sur vélin. In- 
quarto. 87 feuillets. 

Reliure en maroquin vert. 



CCXI. — Caroli magni imperatoris vita 
ab Eginardo, cancellario ejus, conscripta. 

Manuscrit du xiii* siècle. Sur vélin. In- 
quarto. 27 feuillets. 

Reliure en maroquin vert. 



Bibliothèque du roi. 

Ms. latin ^937. Codex membranaceus , 
in folio, olim Baluzianus. Ibi continentur : 

1" Anonymi chronicon a mundi exor- 
dio ad annum Chrisli ia64* 

2^ Fragment d'une vieille chronique en 
vers françois, depuis l'an 1080 jusqu*en 
l'an i3o4*. 

3* Fragmentiun historié Normanno- 
rum a Willelmo Gemmeticensi scripts. 

i!" Caroli magni imperatoris vita, au- 
thore Eginharto *. 

5** Epitome gestorum regum Francis 
ad mortem usque Philippi Augusti , quam 
produxit alter anonymus ad mortem Phi- 
lippi Pulchri'. 

Is codex saeculo decimo quarto exaratus 
videtur. 

(Même catalogue. ] 



^ G*e8t la chronique rimée dite de Saint-Magloire. M. de VVailly en a connu le texte d'après 
la copie que M. Paulin Paris en avait prise alors que le ms. 4937 était encore à la Bibliothèque 
du roi. Voyez le Recueil des historiens, XXII, 83. 

* M. Pertz (Scrij)tores , II, ^37] cite ce texte d'Eginhard, que Faerber avait consulté à la BibUo- 
ihèque du roi. 

* Sur cet abrégé, voyez une note de D. Briai, dans le Recueil des historiens, XVII, ^33 et 433. 
La dernière partie de cet abrégé est inédite , circonstance qui rend encore {dus regrettable la perte 
du ms. 4937. M. deWaffly avait voulu en prendre copie en 18 44; mais le manuscrit était déjà 
sorti de la Bibliothèque. 



.( 110 ). 



XXVII 



Collection Barrols. 

CCLV. — Aliqua documenta ad com- 
ponendum aurum potabile pro conserva- 
tione corporis humani et ad ipsius sanlta- 
tem provocandam. 

Manuscrit du xv' siècle. Sur vélin. Petit 
in-iQ. 66 feuillets. 

Reliure en maroquin vert. 



Bibliothèque du roi. 

Ms. latin 7180. — Codex membrana- 
ceus,in-8% olim dominorum de Bethune. 
Ibicontinentur aliqua documenta ad com- 
ponendum nurum potabile pro conserva- 
tione corporis humani et ad ipsius sani- 
tatem provocandam; édita per quosdam 
actores philosophiœ. 

Is codex ineunte sœculo decimo sexto 
exaratus videtur. 

(Catalogue imprimé en 174^.) 



XXVIII 



Collection Barrois, 

CCLVI. — Liber Karolidos de miscriis 
guerre Anglicorum (tempore Caroli Vil, 
régis Francorum). Commence : tiliustris 
Karolus Francorum regius héros ». 

Finit : « Vivificat refovens macerando ex- 
terminal ille. Ëxplicit liber Karolidos de 
miseriis guerre Anglicorum ». 

Manuscrit du xv' siècle. Sur vélin. Pe- 
tit in-quaii;o. 42 feuillets. Sur la première 
page on lit : « Ex bibliotheca et collegio 
Navarre. 1624». 

Reliure en maroquin bleu. 



Bibliothèque du roi. 

Ms. latin 6266. Codex membranaceus , 
in octavo, quo continetur liber primus 
Carolidos ; sive carmen de miseriis guerrae 
Anglicorum, tempore Caroli Vil \ 

Is codex decimo quinto sœculo videlur 
exaratus. 

(Même catalogue.) 



XXIX 



Collection Barrois. 

CCLXXIII. — Incipit Ordo judiciarius 
a magistro (Tancredo a Corneto, cano- 
nicoBononiensi,) compositus. Commence : 
tAssiduis postulacionibus me, socii mei 
karissimi , jam pridem iiiducere studuistis, 
ut ordinis ... t. 

Manuscrit du xiv' siècle. Sur vélin. Pe- 
tit in-quarto. 78 feuillets. 

Ancienne reliure en parchemin. 

' Il y a un autre exemplaire du même poème à 



Bibliothèque du roi. 

Ms. latin 4786. Codex membranaceus , 
olim Faurianus. Ibi continentur Ordinis 
judiciarii libri quatuor, authore anonymo. 

Is codex decimo quarto sxculo exaratus 
videtur. 

(Même catalogue.) 



la Bibliothèque nationale, n** 109 3 3 du fonds latin. 



.[ 111 )^ 



Collection Barrois. 



CCLXXXII. — Cy commence ung petit 
nbbregié sur aulcuns pas des cronicpies de 
France , addressant à vous très haulte et 
très puissant princesse madame la du- 
chesse de Bourbon , Anne de France, (par 
Regnauld Havart, vostre très humble cha- 
pcllain). 

Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. In- 
octavo. 1 6 feuillets. Une partie de la signa- 
ture d'Anne de France est encore visible 
sur la première page. 

Reliure en maroquin vert. 



XXX 

Bibliothèque du roi, 

Ms. de Lancelot, 26. Regius loSoi , 2. 
2. Petit abbregié sur aulcuns pas des cro- 
niqucs de France (principalement de la 
généalogie des rois de France, du gou- 
vernement par les femmes, etc.), addres- 
sant à la duchesse de Bourbon , Anne de 
France : par Regnauld Ilavard, prêtre, 
chappelain de ladite dame , cy devant clerc 
ordinaire des offices de la maison du roy 
et vicomte de Conohes et Breteuil. 

Manuscrit sur vélin. Volume in-octavo. 
Écriture de Tan i5oo ou environ. 



[Catalogue des manuscrits français rédigé sur 
cartes au xviii* siècle. Gonf. Le Long, BibL 
hist. ,11, 63, u* 15873.) 



XXXI 



Collection Barrois. 



CCCCXLV. — Johannis Tornorupœi 
commentarii de variis rébus. 

Manuscrit du xvi* siècle. Sur papier. In- 
octavo. 94 feuillets. 

Reliure en maroquin pourpre. 



Bibliothèque du roi, 

Ms. latin 87^6. — Je me borne à ren- 
voyer au catalogue imprimé (IV, 489), 
qui donne le détail des traités de Johannes 
Tornorupœus contenus dans le ms. 874^3* 



XXXII 



Collection Barrois, 



DLXXXIL — Chroniques de France et 
de Flandres, 1180-1287. «Cy commence 
aulcunes croniquez de France , començant 
Tan mil cent quatre vingz ou environ , que 
regnoit en France ung roy moult vaillant 
et preudome qui avoit nom Phelipes, et 
pour sa grant vaillance on le nomoit Phe- 
lipes le Conquereur . . . • 

Manuscrit du xv* siècle. Sur papier. In- 
folio. 84 feuillets. Reliure en vélin. 



Bibliothèque du roi, 

Ms. français 9643 (de l'inventaire de 
1682). Chroniques de France et de Flan- 
dres, depuis 1180. 

Manuscrit en papier. Volume in-folio. 
Ancien fonds. Écriturede la fin du xv' siècle. 

(Catalogue des manuscrits français rédigé 
sur cartes au xyiu* siècle. ) 



i 112 ). 



XXXIII 



Collection Bar rois. 



DCXLVIII. — 1. Chronicon générale 
ab initio mundi ad nativitatem Domini. 
— Abrégé de la chronique de Brando 
Johannis, par Gilles de Roie? 

2. Catalogiis , cronica et princîpium co- 
mitum Flandrise et forestariorum ejus , que 
terra olim dicebatur terra de Bue vel ne- 
mus regionis, etc. Fol. i64. 

Manuscrit du xv" siècle. Sur papier. In- 
octavo, l'jà feuillets. 

Reliure en maroquin rouge. 

«Ex libris Gerardi Vander Strepen, 
i563. » 



Bibliothèque da roi, 

Ms. latin 5odi (jadis 6583). — i£gidli 
de Roya, Dunensis monachi, epitome 
chronodromi Joannis Brandonis, ejusdem 
]oci ascilœ. « Gratae juventis laetos. » 

Catalogus, chronica et principium co- 
mitum Flandriœ et forestariorum ejus. 
« Anno ab incamatione Domini , etc. 621, 
temporibus. ■ 

Annorum circiter 600. 

(Catalogue des manuscrits latins rédigé par 
les bénédictins. *] 



Il me reste à dresser deux listes qui seront le résumé de tout mon ti*a- 
vail : Tune comprendra les manuscrits qui nous ont été dérobés, avec un 
renvoi aux observations précédentes et avec Imdication des numéros que 
ces mêmes manuscrits portent aujourd'hui chez lord Âshburnham ; la se- 
conde ne sera que la contre-partie de la première, et permettra d établir 
un rapport entre les numéros de lord Ashburnham et les numéros de nos 
catalogues. 



* Voici l'article correspondant du catalogue 
imprimé : 1 Codex chartaceus , io octavo , olim 
Petavianus. Ibi continentur: 

1 1° Cbronici Dunensis prima pars ab orbe 
condito ad Cbristum : autbore >Egidio de Roya. 



« 2° Ânonymus de Gothorum origine et gestis. 

c y Comitum Fiandris et Forestarorium ejus 
synopsis cbronica. 

c Is codex dedmo quinto saeculo exaratus vi- 
detur. • 



( 113 )^ 



PREMIER TABLEAU DE CONCORDANCE. 



nvuànù» 

d« 

U Biblioth^a* impériale. 



RUMUtOS 

du 
fonds d« M. Barrois. 



RENVOIS 

pr^eédenles obscrvttiont. 



Fonds ]atin, 685... 

— 285i... 

— 2874... 

— 3718... 

— 4364... 

— 4719... 

— 4761... 

— 4786. . . 

— 4789... 

— 4937... 

— A999 ^- 

— 6027.. . 

— 5o4i-.. 

— 5667... 

— 6266... 

— 6276... 

— 6584... 

— 6755... 

— 6812... 

— 7180... 

— 74i3... 

— 8246. . . 

— 8498... 

— 8728... 

— 8746... 
Fonds franc. 7838. . . 

— 7857... 

— 8047. . . 

— 8417... 

— 9643. . . 

— 9679- • 

— 9745. 3 

— 9846... 

— 10212.. . 

— 1026a... 



— io3oi. 2. 2. . . 
Fonds de Saint -Victor, 275. 



65 VI. 

286,287,334 VU. 

272, 283 II. 

236,245,260 VIII. 

3o6 ; Additions , p. 116. 

336 Additions, p. 117. 

73, i46 IX. 

273 XXIX. 

201 X. 

211, 216 XXVI. 

244» 25o, 25l XI. 

564 Additions , p. 1 1 9. 

648 XXXIII. 

179, 180, 253 XII. 

256 XXVIII. 

206 XXV. 

207, 210, 564 III. 

277, 284, 291 I. 

89 V. 

255 XXVII. 

188,218 xni. 

285,3i4,3i8,3i9 XIV. 

254, 257 XV. 

226 IV. 

445 XXXI. 

195 XXIV. 

75,3o5 XX. 

396, 4o2, 585 XXI.. 

85 Additions, p. 122. 

582... XXXII. 

27 XXII. 

359, 364, 397, 497 XVII. 

61 xxm. 

10 xvm. 

24, i85 XIX. 

282 XXX. 

373,492,494,498,523 XVI. 

i5 



►( 114 )^ 



SECOND TABLEAU DE CONCORDANCE. 



nnMBBOs 

an 

foadt de M. Barroit. 



Riméaos 

de 

la Bibliolhiqae imp«ri«le. 



1 o Fonds franc. 

2/i — 



27 — 

61 — 

65 Fonds latin, 

73 - 

76 Fonds franc. 

85 — 

89 Fonds latin , 

i46 — 



179 — 

180 — 

1 85 Fonds iranç. 

188 Fonds latin, 

1 95 Fonds franc. 

aoi Fonds latin , 

ao6 — 

ao7 — 

aie — 

211 — 

216 — 

218 — 

236 , . . — 

236 — 

2/|4 — 

245 — 

25o 

261 — 

q53 — 

a54 — 

255 — 

q56 

257 

q6o 

272 

273 

^l^J 



10212. . 
10262. . 

9679- • 
9846. . 

685.. 

4761.. 

7857. . 

8417.. 

6812.. 

4761. . 

5667. . 

5667. . 

10262. . 

74i3. . 

7838. . 

4789. . 

— 6276. . 

— 6584. . 

— 6584. . 

— 4937. . 

— 4937. . 

— 74i3.. 

— 8728. . 

— 3718.. 

— 4999 A 

— 3718.., 

— 4999 A, 

— 4999 A 

— 5667. . 

— 8498. . 

— 7180:. 

— 6266. . 

— 8498. . 

— 3718.. 

— 2874. . 

— 4786. . 

— 6755.. 



• » . . . 



■VIVOIft 

asx 
pi^édenies observation b. 

xvni. 

XIX. 
XXII. 

xxm. 

VI. 

IX. 

XX. 

Additions, p. laï. 

V. 

IX. 

XII. 

xn. 

XIX. 

xin. 

XXIV. 

X. 

XXV. 

ni. 
m. 

XXVI. 
XXVI. 

xm. 

IV. 

Vin. 

XI. 

vra. 

XI. 
XI. 
XII. 
XV. 

xxvn. 
xxvm. 

XV. 

vin. 
n. 

XXIX. 

I. 



( 115 )• 

■vniao» NimiacM rbhtois 

du de aux 

feodt de M. Berrois. la Bîbliothèqae impériale. pr^^entoa observation». 

a8a Fonds franc. io3oi. a. a XXX. 

a83 Fonds latin, 2874 II. 

a84 — 6755 I. 

a85 — 8346 XIV. 

a86 — a85i VH. 

a87 — a85i...' VU. 

agi — 6755 I. 

3o5 Fonds franc. 7867 XX. 

3o6 Fonds latin, d36d Additions, p. 116. 

3i4 — 8a46 XIV. 

3i8 — 8a4e XIV. 

319 — 8a46 XIV. 

334 — 385i VU. 

336 — 4719 Additions, p. 117. 

359 Fonds fîranç. 9746. 3 XVII. 

364 — 9745. 3 XVII. 

373 Fonds de Saint -Victor, 376 . . . XVI. 

396 Fonds franc. 8047 XXI. 

397 — 9745. 3 XVII. 

4oa — 8047 XXI. 

445 Fonds latin, 8746 XXXI. 

49a Fonds de Saint-Victor, 375. . . XVI. 

494 — 375 .. . XVI. 

497 Fonds franc. 9745. 3 XVII. 

498 Fonds de Saint -Victor, 375. . . . XVI. 

533 — 375.... XVI. 

564 Fonds latin, 6584 et 5037. . . III et Add. , p. 1 30. 

58a Fonds franc. 9643 XXXII. 

585 — 8047 • • • X^ï- 

648 Fonds latin, 5o4i XXXJII. 

L'absence des volumes dont je viens de parier avait été constatée depuis 
longtemps au département des manuscrits ; mais on ignorait absolument ce 
quils étaient devenus. U est assurément bien douleurêux d avoir la certi- 
tude qu'ils ont quitté la France ; toutefois une pensée consolante se mêle à 
nos regrets, puisque nous savons que ces manuscrits sont dans le cabinet 
d*un amateur illustre, qui les apprécie à leur juste valeur, et qui a déjà 
bien mérité de Térudition française. 

i5. 



( 116 > 



ADDITIONS 



LE MS. LATIN 4364. 

L'un des volumes dérobés à la Bibliothèque nationale avant Tannée i848 
est un uianuscrit sur parchemin, du xv* siècle, venu de Colbert, qui formait 
le n*" kiSli du fonds latin et qui contenait les morceaux suivants : 

1. Tractatus de potestate régis et papœ, authore Joanne de Parisius; manus recentior 
notavit, ad caicem ejusdem tractatus, eum Guiilelmo Okam esse tribuendum. 

2. Tractatus de clerico et milite, vei potius initium dialogi militem inter et clericuiii , 
autliore Guilieimo Okamo. 

3. Articuii noiuinalium missi ad Ludovicum XI, regem Francorum. 
II. Catalogus pontiûcum Romaiionim a sancto Petro ad Honorium III. 

Ce manuscrit est à coup sûr celui qui forme le n*" 3o6 du fonds Barrois 
et dont voici la description : 

1 . Sequitur tractatus de potestate regia et papali [ Magistri Johannis Parisiensis , ordinis 
Prsdicaloruin]. Commence : «Interdum contingit quod vitare volens aliquem errorem 
diiabitur in contrarium >. A La fin : « E^plîcit tractatus de potestate regia et papali. Deo 
gratiasi. Une main plus moderne a ajouté cette note : tCompositus a fratre Gobrani\ 
Liber iste est ad usum fratris Gulielmi Jacquelini , quem fecit scribi per dominum Antbo- 
nium Vachier presbiterum •. Il y a une copie de ce traité au Musée britannique, dans le 
ms. Haiieien 63 1, fo]. 172. 

2. Tractatus de jure laicorum. Fol. 4o. Commencement : « Non ponant laici os in 
ceium. . . ». 

3. De spirituali potestate. Fol. à& verso. 

4. Incipit tractatus seu libeiius de clerico et milite. Fol. 45 verso. Commencement : 
« Clericus. Miror, optime miles , paucis diebus tempora mutata • . . >. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur vélin. In-quarto. 46 feuillets. Écriture à deux colonnes. 
Reliure en parchemin. 

' Faute de lecture pour G. Okam. 



.( 117 > 



LE MS. LATIN 4719 \ 

< 

Après les récolemenls auxquels a été soumis Tancien fonds de nos ma- 
nuscrits latins, nous pouvions espérer que le nombre des volumes en déficit 
pouvait être définitivement fixé à 4 1 . Je viens d'acquérir la certitude qu'il 
n en est pas ainsi, et que nous ne connaissons pas encore toute Tétendue des 
dilapidations commises au département des manuscrits pendant une période 
beaucoup trop longue, mais qui ne semble pas s'être prolongée au delà de 
Tannée i8d8. 

Aux kl manuscrits de l'ancien fonds latin dont Tabsence avait été pré- 
cédemment constatée, il faut ajouter le n* Ay 1 9, qui a porté le n° 69/12 de- 
puis 1682 jusqu'en lyAA, et qui était auparavant le n"* 88 des manuscrits 
de Du Puy. Ce volume est ainsi décrit dans le catalogue imprimé de 17/1/1 : 

Codex membranaceus , olim Puteanus. Ibi continetur compendium juris civilis, au- 
thore anonymo. Is codex xui sœculo exaratus videtur. 

Une aussi vague notice est tout à fait insuffisante; mais le catalogue ré- 
digé par les bénédictins à ia fin du xvîi" siècle, Tinventaire dressé par Clé- 
ment en 1 682 et le catalogue de la bibliothèque des frères Du Puy donnent 
des renseignements plus complets sur le même manuscrit : 

59^2. Compendium juris pertitulosdîstributum. Videtur déesse initiuni. 1" de dalione 
tutelse : si pater vel avus non dederit in testamento ; fol. 1 . Codex in quarto minoji , 
variis manibus scriptus, annorum cîrciter 5oo ad 600. (Cutaiogue des bénédictins.) 

5942. Juris fragmenta antiqua. (Inventaire de Clément.) 

88. Excerpta varia ex libris Digestorum et Codicis. 8**, optimœ notae. (Catalogue de 
Du Puy.) 

De plus, une note ajoutée par M. Guérard sur la table alphabétique du 
catalogue imprimé nous apprend que le ms. 6719 contenait les «Excep- 
tiones magistri Pétri ». 

Nous savons donc que notre ms. 4789 renfermait des fragments de droit 
romain, et notamment les Exceptiones magistri Pétri, que ces fragments de- 

* Extrait d^un rapport adressé le 4 décembre 1871 à M. Taschereau, administrateur générai de la 
Bibliothèque nationale. 



i 118 )h-»~ 

vaient venir de plusieurs manuscrits, quils dataient du xii' siècle et que 
leur réunion formait un volume in-8* ou petit in-4% qualifié par Du Puy 
d'excellent manuscrit : «Codex optimae notae». 

Or, sous le n** /i 7 1 9 , nous avons aujourd'hui un manuscrit qui ne répond 
à aucune de ces conditions. C'est un volume sur parchemin, copié au 
XV* siècle, dépourvu de valeur et ne renfermant pas un mot de droit, puis- 
qu'il est rempli depuis le premier feuillet jusqu'au dernier par un traité 
ascétique, intitulé : uDevotus tractatulus de spirilualibus ascensionibus )). 

Cependant ce même manuscrit porte bien au bas du premier feuillet 
le n® 4719, souligné par une accolade et tracé en apparence par la main 
qui a coté vers 17/io ou 1761 les manuscrits latins de la Bibliothèque du 
roi. De plus, il porte au dos le litre : «Tractatus juris«. Enfin, l'ancienne 
estampille de la Bibliothèque se voit au commencement et à la fin du vo- 
lume. Au premier abord et à s'en tenir aux caractères extiinsèques , il sem- 
blerait donc que nous possédons réellement le n"* 6719 de l'ancien fonds 
latin; mais c'est une pure illusion, qu'il est impossible de conserver: non 
seulement, comme j'avais l'honneur de vous le dire tout à l'heure, le con- 
tenu du volume actuellement conservé sur les rayons ne répond à aucune 
des désignations fournies par nos anciens catalogues, mais encore, la cote 
tracée au bas du premier feuillet, le titre inscrit sur le dos et les estam- 
pilles du commencement et de la fin sont des additions frauduleuses et re- 
lativement assez récentes. C'est surtout pour les estampilles que la fraude 
est facile à découvrir. En etTet, le volume dont il s'agit na jpoint été vérita- 
blement timbré; on y a collé, plus ou moins adroitement, au commence- 
ment et à la fin , deux petites rondelles de parchemin, portant l'empreinte de 
notre ancienne estampille. 

Nous pouvons donc nous rendre un compte exact de la manière dont a 
procédé le malfaiteur. Ayant remarqué que notre ms. latin 4719 était im- 
portant et qu'il était très vaguement désigné dans notre catalogue usuel , il 
se l'est approprié, et, pour cacher le larcin, au volume dérobé il a substitué 
un volume insignifiant, sur lequel il a contrefait la cote 4719. inscrit le 
titre mensonger : «Tractatus juris», et collé deux estampilles découpées 
sans doute dans le manuscrit dont il nous a dépouillés. 

Il est impossible de déterminer l'époque à laquelle le vol a été commis. 
Cependant comme le véritable n° ^719 a été vu par M. Guérard vers 



.{ 119 ). 

1 8/io , quand il a passé en revue le fonds latin , et que le faux n"" àji^ était 
déjà sur nos rayons quand M™* Lacy Ta paginé en i858, nous pouvons 
bien supposer que la soustraction date de la même époque que celles dont 
jai rendu compte en 1866 et qui ont eu pour résultat de faire passer dans 
une collection particulière, celle de M. BaiTois, plus de vingt manuscrits 
précieux de notre ancien fonds latin. Il ne serait plus permis d'en douter si 
Ton pouvait vérifier qu'un morceau de notre ms. Ay 1 9 forme, comme je le 
conjecture, le n* 336 du fonds Barrois, ainsi décrit sur le catalogue im- 
primé par les soins du possesseur actuel, lord Ashburnham : 

• Abbreviatio juris. » Commence : t De tutelis. Scire debemus quod in tuteiis femine 
tutores dari non possunt quia id munus masculorum est ». Manuscrit du xin* siècle. Sur 
vélin. In-quarto. 56 feuillets. Reliure en maroquin vert. 

Tels sont, Monsieur l'Administrateur, les faits que j'ai cru devoir porter 
à votre connaissance, pour que le déficit du ms. latin Ay 1 9 soit régulière- 
ment constaté et expliqué. 



LE MS. LATIN 5027 ^ 

Le ms. latin 6027 de la Bibliothèque nationale (jadis 867 de Baiuze) est 
un recueil de chroniques, copié au xv* siècle et qui a primitivement appar- 
tenu au couvent des célestins de Paris. L'un des morceaux les plus consi- 
dérables qu'il renferme est une chronique des rois de France dont plu- 
sieurs articles ont été insérés dans le tome XXI dti Recueil des historiens 
(p. i42-i&5), et dont la dernière partie a été employée par M. le baron 
Jérôme Pichon dans un livret publié en 1866 et iftitulë : Partie inédiie des 
chroniques de Saint-Denis. La fin de cette chronique manque aujourd'hui 
dans le ms. 5027, par suite d'une mutilation qu'il importe de mettre en 
lumière. A une époque que je pourrai bientôt déterminer, on a arraché de 
ce volume les feuillets qui, au xviii* siècle, avaient reçu les cotes 109-1 20 
et qui contenaient : 

1* (Fol. 10g et 1 10) la fin de la chronique des rois de France; 

2* (Fol. 1 1 1) un catalogue des rois de France, qu une table, placée au commencement 

^ Extrait de la Bibliothèque de ï École du chartes, 6* série, t V, p. 313. 



-^( 120 ). 

du volume f et datant du xv* siècle, indique par ces mots : «Item les noms des rois de 
France depuis Priam jusqu*à ChaHes le VI* » ; 

3** (Fol 112-1 19) une chronique des ducs de Normandie, qui est ainsi mentionnée 
dans la même table : «Ilem Tistoire de la duché de Normendie depuis Roulo, premier 
duc de Normendie, jusques à Guillame le Bnstart»; 

À* (Fol. 120) un catalogue des ducs de Normendie, porté à la table sous le titre sui- 
vant : « Item les noms des ducs de Normendie depuis Roulo jusques à Jehan sans Terre, 
roy d*Ëngleterre , en Fan 1 aod »• 

Des recherches bibliographiques que j ai entreprises sur nos anciennes 
chroniques anonymes m ont fait retrouver dix des feuillets arrachés dans 
le ms. 6027. Ces dix feuillets font aujourd'hui partie dun volume possédé 
par le comte d^Ashburnham (n" 564 du fonds Barrois) et composé de frag- 
ments de divers manuscrits. 

J'ai précédemment^ constaté que les huit premiers feuillets du ms. 56& 
de Barrois n'étaient autres que les feuillets 69-66 du ms. latin 6584 de la 
Bibliothèque nationale. Je suis maintenant en mesure de montrer que les 
feuillets 9-18 du même manuscrit sont un lambeau de notre ms. 5o2y. 

Voici en quels termes le catalogue imprimé par les soins de lord Ash- 
bumham rend compte des articles 3, 4 et 5 du ms. 56& : 

3. c Histoire d*aucuns des ducs de Normendie » , depuis le temps de Charles le Simple , 
roi de France, jusqu'en 1066. Huit feuillets, deux sur vélin, six sur papier*. 

4. «Ce sont les noms des roys de France anciennement nommée Gaule. • Fol. 16 B. 
De Priam à Louis X. 

5. «Les noms des ducs de Normendie. » Fol. 18. De RoUon à Jean, roi d'Angleterre. 

Je ne crains pas de me compromettre en annonçant que la troisième 
pièce doit répondre aux fol. 112-119 de notre ms. 602 7, la quatrième 
au fol. 1 1 1 et la cinquième au fol. 1 20. Au reste, il sera facile de vérifier 
ma conjecture. 

En eOet, M. Francisque MicheP nous apprend : 

1* Que dans le ms. 6027, au fol. 1 15 recto, ligne 28, commençait le fragment que 
les continuateurs de dom Bouquet ont publié (X, 276), d'après une autre copie et 
dont les premiers mots sont: tLe roy Lotbaire de France trespassa, c'est assavoir en 
Tan 986 . . . B. 

' Plus haut, p. 65. — * Dans le ms. 5027, les feuillets de papier sont pareillement entremêlés 
de feuillets de parchemin. — ' Les Chroniques de Normandie, p. xli. 



.( 121 y 

2" Que dans le même manuscrit la Chronique des ducs de Normandie se terminait 
au fol. 119 recto par le paragraphe suivant: « L'an mil Kvi, le jour de Noël, le dit Guil- 
laume, dit le Bastart, duc de Normendie, fu couronné à Londres à roy d'Engleterre ; et 
puis receupt ses hommages et féaultés, et fist Hue de Mortemer son connestable, etauxi 
ijst-il Robert de Montgomery et Guillauu.eie filz Ober ses mareschaulx. Iceilui Guillaume 
fut roy d'Engleterre et duc de Normandie xxi ans et demy et plus ». 

3** Que dans ce même manuscrit, sur le fol. 120, commençait un morceau intitulé: 
«Cy s'ensuivent les noms des ducs de Normendie > , et dont on trouvait, sur le fol. i30 
verso , le dernier paragraphe ainsi conçu : « Ou temps duquel roy Jehan sans Terre , 
c'est assavoir en Tan m. ii. g et iiii, ou ung pou devant, le dit roy Philippe, nommé 
Auguste, roy de France, conquist et prinst et osia au dit roy Jehan d'Engleterre, pour 
defPaulte de hommage faire et pour plusieurs causes récitées es fais du dit roy Philippe, 
la duché de Normandie, tout après 11. c. un. xx. xii ans que Charles le ^)iniple, roy de 
France , a voit donnée à RoUo , le premier duc de Normandie , la dite duché de Normandie ». 

Si mon hypothèse est juste, on doit rencontrer dans le ms. 564 de 
BaiTOrs : 

i* Au fol. 1 2 recto , ligne 28 , le fragment : « Le roy Lothaire de France trespassa , etc. ». 

a* Au fo^ 16, le dernier paragraphe de la chronique des ducs de Noniiandie : « L'an 
mil Lxvi , le jour de Noël ... ». 

â"* Au f<^. 18, le cakalogae intitulé : ■ Cy s'ensuivent les Doma des ducs de Normendie ». 

4° Au fol. 18 verso, le dernier paoragraphe de ce catalogue : «Ou temps duquel roy 
Jehan sans Terre ». 

Le livre de M. Francisque Michel , qui nous fournit des détails si précis 
sur le ms. 6027, et qui a pour titre : Les Chroniques de Normandie , a été 
imprimé à Rouen en iSSg. Il est facile de reconnaître que ies éléments de 
ce livre ont été recueillis au moment même de l'impression. On peut donc 
affirmer que le ms. latin 8027 était encore intact vers Tannée iSSg. Mais 
une note écrite au commencement de ce volume en février i8à5, par 
M. de Wailly^, nous apprend quà cette date les fol. 109-120 étaient déjà 
en déficit. C'est donc entre les années 1889 et i8ii5 qu'une main crimi- 
nelle a mutilé notre ms. 8027, pour faire passer dans une colleclion parti- 
culière une petite chronique dont on ne connaît pas d'autre exemplaire à la 
Bibliothèque nationale. 

' M. de Wailiy n*a pas daté sa note ; mais il en a gardé le souvenir, et nous savons par le 

Ta écrite au moment même où ii a emprunte le registre de prêt quil a eu le ms. Soay entre 

manuscrit pour en extraire les fragments des- les mains depuis le 17 février i845 jusqu'au 

tinés au Recueil des historiens; M. de Wailiy 2d du même mois. 

16 



i 122 )^ 



LE MS. FRANÇAIS 8417. 

D après une notice de Buchon^ le ms. 8^17 de l'inventaire de 1862, 
copié au w' siècle , sur parchemin , în-folio, contenait un peu plus de 82 pages 
et renfermait les Faits d armes de Jacques de Lalain par Le Fèvre de Saint- 
Rémi , le Débat entre Alexandre , Annibal et Scipion , puis quelques détails 
sur la manière de créer les empereurs, rois, comtes, barons,, etc. 

Ce volume a disparu^. Je Tai retrouvé dans la collection Barrois, sous 
le n** 85 , que le catalogue de J. Holmes décrit comme il suit : 

1 . Mémoire des hauts et loables faiz d*annes que fist en camp clos missire Jacques de 
Lalaing au temps de son jeune aige. 

2. Le débat de Hanibal, de Âlîxandre et de Scipion, translaté en cler François. 
FoL 34. 

3* Traité sur la manière de créer un empereur, un roi , un comte et d'autres digni- 
taires, avec la manière dont ils vont au coml>at , etc. Fol. 37. Commence : « Premièrement 
Tempereur se crée en deux manières . . . >. 

Manuscrit du xv* siècle. Sur véUn. Grand in-quarto, do feuillets. On a laissé en blanc 
la place des enluminures et des lettres initiales. Reliure en maroquin rouge. 

^ QSavres kistoriqnes de sire George Chastd- le ms. français 1 167 des Noavdles acquisitions, 

lain, p. XL-XLH (collection du Panthéon litté- dont j*ai donné la description, en 1880, dans 

raire). mes Mélanges de paléographie et de bihliogra- 

* Nous en avons à peu près Téquivalent dans phie, p. 430 et 43o. 



►( 123 )^ 



ANNEXES. 



I 

LETTRE DU COMTE D'ASHBURNHAM SUR L'ORIGINE SUSPECTE 
DE PLUSIEURS MANUSCRITS DU FONDS LIBRI. 

16 june [1869]. 
Sir, 

I beg to oflfer you my best thanks for the volumes which I received from 
you last week. They are, as every thing from your pen must be, ofgreat value 
to me and to every one who is amuous to leam. 

I am naturally most interested in your observations upon manuscripts in 
my possession. My books are in the country, and therefore I will not speak 
positively to the fact that the Pentateuch , which , according to signer Libri , 
came from Grotta Ferrata, does not ccmtain any note to that e£Pect, but such 
is my impression. This however is of little conséquence , for Libri states the 
fact in bis catalogue , and other mss. from bis collection contain what I bave 
long suspected and what you state to be fraudulent attempts to conceal the 
true (( Unde derivantur )> of property that bas been lost or stolen. The num- 
bers 1, 6, i4 in Libri's catalogue are ail important manuscripts. and, if I 
mistake not, are clearly traceable to churches and monasteries at or in the 
neighbourhood of Tours. — N** 1 A is the well known , but very ill described , 
codex cited by Blanchini as codex Sancti Gatiani ; an account of it may be 
found scattered about in several places of the third volume of the Nouveau 
traité de diplomatique; but I can hardly think that the learned authors ever 
saw either this or the Pentateuch. For the latter, they seem to bave relied 
upon a very superficial account of it fumished by dom Jean Le Saint. I will 
not however trouble you with any further particulars, of which I am very 
sensible that you are probably already better informed than I am. 

I am obliged to write in great haste , but will not conclude without begging 

16. 



.( 124 ).«— 

your acceptance of a volume of which I hâve printed a few copies for private 
distribution. It is from one of my mss. (Libri 7)» in which I discovered the 
early italic version from the Septuaginta of the books of Leviticus and Num- 
bers. 

Permit me to subscribe myself your very obedient servant. 

ÂSHBURNHAM. 



II 

JUGEMENT DU TRIBUNAL DE LA SEINE DECLARANT QUE LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE A 
VALABLEMENT FAIT SAISIR UN MANUSCRIT DÉTOURNÉ EN l8o4, PORTE EN ANGLE- 
TERRE, VENDU X LONDRES EN 1 878 ET REMIS EN VENTE X PARIS EN 1 874. 

22 décembre 1875. 
Le tribunal, 

Attendu, en droit, que le domaine publie comprend tout ce qui, par aa 
nature et sa destination , constitue entre les mains de l'État un dépôt im*" 
muable définitivement consacré à fusage de tous ; 

Attendu que les imprimés, manuscrits et autres collections précieuses 
qui appartiennent à TÉtat, et qu'il a réunis dans fintérêt général, sont inalié» 
nables et imprescriptibles comme dépendant du domaine public; 

Attendu, en fait, que Chardon de la Rochette, envoyé à Troyes par le 
ministre de Tintérieur Ghaptal , au cours de Tannée i SoU , afin de choisir pour 
la Bibliothèque nationale les manuscrits les plus importants se trouvant dans 
la biblioliièque centrale du département de TAube, a mis de côté un volume 
in-folio contenant les Décrets de Gratien; 

Qu'il a décrit ce manuscrit sous le n"* 1 5 de la liste qui a été trananiâe 
par lui au ministre de l'intérieur, qui a été revêtue de Tapprobation du gou- 
vernement et qui est demeurée déposée à (a bibliothèque de Troyes comme 
reçu et décharge des livres envoyés i la Bibliodièque nationale ; 

Qu à dater de la mise en réserve par Chardon de la Rochette et du dépôt 
entre les mains du bil)liothécaire de Troyes du reçu descriptif, les ouvrages 
qui y étaient relatés sont entrés dans le domaine de la Bibliothèque nationale; 



»( 125 ).«— 

Qu*une conser^tion abusive , un prêt indéfiounent prolongé ou un dé* 
tournement n*ont pu altérer le caractère de la propriété ainsi constituée, ni 
y porter atteinte; 

Que la seule question à résoudre est de savoir si le manuscrit mis en 
vente en Angleterre et acquis par Bachelin-Deflorenne est bien celui qui a 
été décrit en i8o4 par Chardon de la Rochette, et si ce dernier provenait 
de la bibliothèque de Bouhier; 

Attendu que la description de Chardon de la Rochette concorde exacte- 
ment avec celle insérée par le président Bouhi-er dans le catalogue conservé 
à la bibliothèque de Montpellier, où le volume figure avec le numéro d'ordre 

A 71; 

Que le commissaire du gouvernement n avait pas à indiquer la prove- 
nance du manuscrit dans la mention sommaire qu'il lui consacrait, puisque 
tous les manuscrits compris dans la liste provenaient du président Bouhier; 

Que le manuscrit des Décrets de Gratien , figurant au catalogue de Mont- 
pellier, était donc certainement le même que celui mis en réserve en 1806 
pour la Biblipthèque nationale; 

Attendu, d'autre part, que l'exemplaire acheté par Bachelin-Deflorenne 
se rapporte exactement à la description du manuscrit contenue dans le cata- 
logue dressé en lyai par le président Bouhier, tant au point de vue du 
vélin sur lequel il est écrit que des miniatures dont il est orné et do la dési- 
gnation du copiste qui le termine; 

Que l'exemplaire revendiqué porte d'ailleurs la mention Codex bibliothecœ 
Boherianœ A 7 1 ; 

Que ces indications, correspondant à celles du catalogue de Bouhier, 
enlèvent tout doute sur l'identité; 

Attendu que, si la bonne foi de Bachelin-Deflorenne ne peut être con- 
testée, il est néanmoins certain que son attention aurait dû être éveillée 
par les mentions d'origine inscrites au premier feuillet, la possession par 
l'Etat de tous les manuscrite du président Bouhier étant de notoriété pu- 
blique et ayant été rappelée dans plusieurs publications ofiicielles ou privées, 
qui sont entre les mains de tous les érudits; 

Attendu que, dans ces circonstances, il n'y a pas lieu de s'arrêter aux 
objections tirées de la reliure , du frontispice et de l'existence possible dans 
la bibliothèque du président Bouhier d'un autre exemplaire des Décrets de 



i 126 y 

Gratien , présentant les mêmes caractères distinctifs que le premier, lesquelles 
objections sont détruites par l'examen même du manuscrit litigieux ou dé- 
nuées de vraisemblance; 

Attendu, dès lors, que la Bibliothèque nationale était en droit de faire 
pratiquer la saisie-revendication du qi février 187&, et qu'il y a lieu de 
déclarer ladite saisie bonne et valable : 

Par ces motifs, 

Déclare la Bibliothèque nationale seule et v^itable propriétaire de l'exem- 
plaire manuscrit des Décrets de Gratien, qui a été saisi-revendiqué aux 
mains de Bachelin-Deflorenne par acte extrajudiciaire du q i février j 87/1; 

Déclare bonne et valable la saisie-revendication pratiquée sur lui à ladite 
date; 

Ordonne que Grandjean, séquestre, remettra, sur le vu du présent ju- 
gement, ledit exemplaire à l'administrateur général de la Bibliothèque na- 
tionale; 

Condamne Bacheiin-Deflorenne aux dépens, y compris ceux ^u séquestre. 



TABLE. 



Avertissement 



Pagei. 
V 



Les manuscrits du comte d*Ashburnham. Rapport au Ministre de Tinstruction 
publique et des beaux-arts i 

I. Nature et origine des manuscrits d'Ashbornham- Place, p. 2. — II. Dans 
quelles conditions le comte d*Ashburnham a-t-il acquis les fonds Libri et Barrois ? 
p. 3. — m. Les comtes d'Asbburnbam ont-ils connu Torigine suspecte d'une 
partie des fonds Libri et Barrois? p. 6. — IV. Projets de vente des collections 
dWsbbumbam-Place en 1880 et i883. Efforts pour rentrer en possession des ma- 
nuscrits dérobes aux dépôts français, p. 9. — V. État actuel de la question. 
Sommes-nous bien en mesure de prouver que beaucoup d'articles des fonds Libri 
et Barrois proviennent de vols commis dans les dépôts français à une date très rap- 
prochée de nous ? Exemples tirés de la Bibliothèque nationale et des bibliothèques 
de Lyon, de Tours et d'Oriéans. Est-il établi que Libri soit le voleur? p. id. — 
VI. Dépréciation des fonds Libri et Barrois résultant de Torigine suspecte d*une 
partie de ces fonds, p. a 3. 

Observations sur les très anciens manuscrits du fonds Libri 27 

Note additionnelle sur le ms. 617 de Lyon, dont un morceau a servi à former 
le ms. 3 de Libri, p. à^. 

Observations sur plusieurs manuscrits du fonds Barrois 53 

Additions. — Le ms. latin 4364 « p* 116. — Le ms. latin 47197 p^ 1 1'7* — Le 
ms. latin 6027, pi rig. — Le ms.. français 8417, p. 123. 

Annexes i aS 

I. Lettre du comte d'Asheurnham sur Torigine suspecte de plusieurs manuscrits 
du fonds Libri, p. 13 3. — II. Jugement du tribunal de. la Seine déclarant que 
la Bibliothèque nationale a valablement fait saisir un manuscrit. détourné en t8o4 , 
porté en Angleterre, vendu à Londres en 1873 et remis en vente à Paris en 1874, 

p. 12 4* 



I 



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